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Le travail et la vie

Travail. L’origine du mot, du latin tripalium, qui désigne un instrument de torture, serait-il son péché originel ? Nous l’associons également à l’expulsion du jardin d’Eden d’Adam et Eve, « A la sueur de ton front, tu mangeras ton pain », nous rapporte la Genèse. Un relent de malédiction colle encore aujourd’hui au travail. L’objectif naturel est de s’en libérer, et la durée du travail mesurée sur une vie humaine n’a pas cessé de diminuer au cours des siècles, avec une nette accélération depuis un siècle. « Les français ne travaillent plus que 10% de leur existence, contre 40% il y a un siècle » selon le sociologue Jean Viard. Cette baisse est devenue une référence culturelle, aujourd’hui remise en cause. Retournement difficile à comprendre et accepter, interprété comme une régression sociale.

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Miracle : Energie infinie en vue !

Miracle ! l'énergie infinie et non polluante est en vue. La fusion nucléaire va nous sauver. Bientôt, le réchauffement climatique ne sera plus qu'un mauvais souvenir. Tout pourra reprendre comme avant, la parenthèse se refermera. Nous avons eu chaud, sans faire de mauvais jeux de mots.
J'ai senti un grand soulagement de la part de nombreux commentateurs à l'annonce de la récente « percée scientifique » sur la fusion nucléaire, fruit des travaux d’un laboratoire californien. Je ne ressens pas le même enthousiasme pour les progrès considérables, continus et rapidement utilisables, en matière d'énergie renouvelables. Bien sûr, il reste des obstacles à franchir pour en bénéficier pleinement, mais bien moins que dans le cas de la fusion nucléaire, qui reste un pari technologique. Aujourd’hui, les renouvelables sont devenus compétitives par rapport aux énergies concurrentes, les progrès tant en performances qu’en coût, sont rapides et ne décélèrent pas. Elles sont devenues majoritaires dans le monde, en termes de création de nouvelles capacités de production d’électricité.

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Tuyaux d’orgue et no-man lands

Tuyaux d’orgue, silo, couloir, autant d’expressions à succès, un succès que nous préfèrerions modeste. Il s’agit en effet de décrire la manière dont de nombreuses décisions, politiques ou projets sont menés. La vie est complexe, avec ses multiples facettes, et les actions humaines sont souvent réductrices. Au lieu de conserver une approche globale, qui synthétise les enjeux, le contexte, les envies et les objectifs, chaque affaire est découpée en de nombreux secteurs, chacun avec leur spécialiste. Dès l’université, nous nous habituons à approfondir un sujet, et progressivement à l’isoler des autres. Sans doute est-ce parce qu’il est plus facile de noter sur une matière que sur un ensemble composite. Les approches verticales peuvent passionner les initiés, mais elles échappent vite aux profanes, même quand ils doivent prendre des décisions.

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Des formules choc, pour empêcher de penser

Il y a des formules qui sonnent bien, qui semblent faire appel au bon sens, mais qui, au fond, empêchent de penser. De fausses évidences, qui sont assénées pour clore un débat, et de ce fait bloque toute possibilité d’échanges sereins et constructifs. « Travailler plus pour gagner plus » en est un bel exemple. Une formule forte, qui fait mouche, et qui suggère que le seul but du travail est de consommer plus. Comme éloge du travail, il y a mieux. Le travail remplit bien d’autres fonctions. Sa rémunération en est une parmi d’autres, importante, certes, mais les autres le sont tout autant, comme l’utilité de ce que travail produit, le service qu’il rend à la société. Une autre formule aurait englobé toutes ses dimensions, « travailler mieux pour vivre mieux ».

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Comme avant

Le changement est toujours dérangeant, même s’il est porteur d’espoir. Beaucoup se réfugient dans l’idée qu’il suffit de changer deux ou trois choses pour continuer comme avant. L’exemple de la voiture électrique est frappant à cet égard. Le véhicule thermique pollue ? eh bien, passons à l’électrique, et tout ira bien. Bien sûr, c’est un peu compliqué, pour faire le plein ou aller loin, mais l’industrie trouvera des réponses, pour charger plus vite les accus, et en augmenter la capacité. Finalement, ce n’est pas si terrible, il faut juste gérer la transition, et tout restera comme avant.

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Une affaire de crédibilité

La note d’analyse n°114 publiée par France Stratégie le 8 novembre dernier (1), déjà évoquée dans l’édito de la semaine dernière, nous éclaire sur la perception des économistes sur le développement durable. Ce qui coute est bien mis en évidence, ce qui évite des coûts est superbement ignoré. Il est vrai que ce sont des avantages virtuels, qui restent à consolider, mais leur niveau est tel qu’il est possible d’affirmer que des retombées positives seront au rendez-vous.

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Transition et coûts évités


« S’il doit y avoir accélération des e¬fforts, ce n’est pas seulement parce que les conséquences de l’inaction se révèlent plus dommageables qu’on ne le pensait. C’est aussi parce qu’il est raisonnable de penser que l’objectif est à notre portée. » Telle est une des conclusions d’une note d’analyse de France Stratégie publié le 9 novembre dernier (1). Ce n’est pas une contribution à la COP 27, mais le message est clair : Il n’y a pas à hésiter, c’est le moment de donner un coup de collier.

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Qui sème le vent…

L'installation de grandes « bassines » dans les Deux-Sèvres provoque de vives réactions des défenseurs de l'environnement, parfois jugées excessives. Elles le sont sans doute, mais ne sont-elles pas le résultat d'une exaspération et d’une frustration accumulées au fil des années ?
La question des bassines présente bien des aspects, notamment celui de la gestion de l'eau douce dans notre pays. Un autre aspect, qui relève plus de la gouvernance que de politiques techniques, touche la perte de confiance entre partenaires, et entre lesdits partenaires et l'Etat. Le deal des bassines concerne à la fois gestion de l'eau et l'évolution des pratiques agricoles. Donnant donnant, de nouvelles réserves d'eau accessibles aux agriculteurs d'un côté, un engagement de leur part à faire évoluer leur modèle d'exploitation de l'autre : plantation de haies, maintien d'une couverture végétale, réduction de 50% des pesticides.

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A contre-courant

Nous sommes pleins de contradictions c'est bien connu. Plusieurs logiques s'opposent dans nos esprits, et nos choix peuvent souvent se trouver contradictoires. La logique dominante n’est pas toujours celle que la raison préconise.

Prenez l'exemple des gros rouleurs. Un programme spécifique les concernant est annoncé depuis la hausse brutale du prix des carburants, qui tarde à sortir des bureaux de l'administration. Il semblerait que l'objectif est d'alléger la facture pétrolière pour tous ceux qui font un usage intensif de l'automobile. Le bon sens aurait voulu que ce programme aide les gros rouleurs à moins grosrouler, à s'organiser pour poursuivre leurs activités tout en réduisant leur kilométrage. Regrouper des déplacements, covoiturer, combiner plusieurs types de transport, imaginer des solutions logistiques innovantes, et bien d'autres choses encore. Il est à craindre que le programme gros rouleur soit à l'inverse une aide à continuer à grosrouler. Une aussi forme de subvention, encore une, aux énergies fossiles, parée des meilleures intentions comme il se doit. Les gros rouleurs roulent manifestement dans la mauvaise direction !

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De l’idéologie à la survie

En présentant « France Nation verte », vendredi 21 octobre, la Première ministre a lancé un cri d’alarme. « Ce n’est plus une question idéologique, c’est une question de survie ». Ce sont donc les crises, de plus en plus nombreuses, et de plus en plus fréquentes, qui seraient le moteur du changement de posture du Gouvernement et, il faut bien le dire, de nombreux français, de nombreuses entreprises, et même de nombreux financiers, même s’il reste des réfractaires, comme TotalEnergie. Le plan du Gouvernement est de mobiliser tous les acteurs de la société, et de leur proposer un cadre qui assure la cohérence de l’ensemble. Bonne démarche, car il est clair que les transformations que nous devrons entreprendre ne peuvent être imposées d’en haut, par des sachants, des experts. Elles ne peuvent provenir que des acteurs, chacun dans son domaine, car nul ne connait mieux qu’eux leur activité et leurs contraintes, les voies de progrès, les chemins pour y parvenir. L’enjeu est donc de les motiver, de leur donner de bonnes raisons pour sortir de leur zone de confort et entrer dans une logique de transformation.

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Mondial de l'automobile : un saut dans le passé

Je le confesse, je ne suis pas allé au salon de l'automobile qui vient de s'ouvrir, pompeusement rebaptisé mondial de l'automobile, mais j'en ai entendu parler, à la radio et à la télévision. J'en ai tiré un sentiment de régression. Il y a 10 ans, en septembre 2012 très précisément, l'académie des technologies publiait un rapport sur le véhicule du futur. Le principal enseignement consistait en la nouvelle approche que les experts de l'académie proposaient. Une approche qui aurait pu ouvrir une nouvelle ère de l'histoire de l'automobile : abandonner l'automobile elle-même pour se concentrer sur le « système automobile ».

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Sobriété et qualité de vie

Ce sont des errements persistants qui nous conduisent aujourd'hui à une à une recherche débridée de la sobriété. Prenons l'exemple de la voiture. La plupart de celles qui vous sont proposées atteignent des vitesses bien supérieures aux vitesses autorisées. 180 ou 200 km heure. Ce choix des fabricants et ce laisser-faire de la réglementation conduit à surdimensionner toutes les voitures. Elles pèsent plus lourd et consomment plus par construction, même si vous respectez scrupuleusement les limitations de vitesse. Aucun bénéfice pour vous, mais un budget voiture en hausse, une consommation accrue, une dépendance maintenue aux fournisseurs de pétrole et un drame pour le climat. Beau résultat, bravo !

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Au-delà de la confrontation

Le débat sur les retraites illustre bien la difficulté de progresser sur des dossiers sensibles, ou les intérêts des acteurs semblent contradictoires. Le risque est grand, en effet, de provoquer une confrontation brutale, avec un vainqueur et un vaincu, dont les conséquences ne peuvent qu’être désastreuses : résistance à la mise en place de la réforme, ambiance sociale délétère, méfiance généralisée entre les protagonistes. Avec en prime le risque de compromettre les autres réformes envisagées et tout aussi nécessaires.
Le système politique français est fondé sur les confrontations, où les minorités sont appelées opposition, et où les oppositions affirment quelles sont là pour s'opposer. Dans cet esprit, prendre la place de l’autre est plus important que faire progresser la société. C’est probablement une forme de péché originel dont résultent nos difficultés à réformer. Comment avancer malgré tout, et en en profitant au passage pour atténuer notre propension à la confrontation, stérile le plus souvent ?

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Les coûts cachés.


150 milliards d'euros, c'est le déficit annoncé du budget de l'état pour 2023. C’est aussi, à quelques milliards près, Le coût social du bruit dans notre pays, 147 milliards exactement. Bien sûr, une comparaison directe de ces chiffres n'a pas de sens. Ce ne sont pas les mêmes qui payent, et ils payent en partie en nature, sur leur santé et leur espérance de vie. L’Etat est aussi concerné, par des coûts directs ou des pertes de recettes fiscales : Dépenses de santé et arrêts de travail, perte de productivité, retards scolaires, etc. Pas de comparaison directe, donc, mais les ordres de grandeur sont là, 150 milliards d’euros, excusez du peu, et leur rapprochement montre l'importance du sujet « bruit » dans notre économie, notre vie quotidienne et notre santé. Au moment où chaque euro compte, qu'il soit public ou privé, ce constat devrait nous alerter.

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Ne nous trompons pas de priorité

A l’approche de la coupe du monde de football au Qatar, un nouveau débat se profile dans les médias : les impacts climatiques du sport, consommation d'énergie, effet de serre, et puis aussi la consommation d'eau le déversement sur les pelouses de produits phytosanitaires. Ajoutons les transports nécessaires pour les pratiquants et pour les spectateurs, dont l'impact est également très important.

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L'environnement au baccalauréat

Pour certains, c'est une découverte. L’environnement est partout. Nous ne nous intéressons pas à l’environnement par principe, par altruisme ou par plaisir, mais parce que notre santé en dépend, parce que nos activités ont besoin de matières premières. La planète est à la fois notre habitat et notre garde-manger, le gîte et le couvert, auquel il faut ajouter toutes les ressources que nous prélevons pour notre bien-être. La planète est immense, et beaucoup d'entre nous ne faisaient pas le lien entre ses apports et nos besoins quotidiens. Le proche et l'immédiat nous éblouissent et nous empêchent de voir large et loin. Rien de plus normal, car il n'y aura pas d'avenir si nous ne franchissons préalablement les obstacles de « l'ici et maintenant ».

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La fin de la société d'abondance

Notre président a découvert subitement ce que de nombreux experts annonçait depuis longtemps, la fin de la société d'abondance. Concept popularisé notamment par l'économiste John K. Galbraith en 1958, il avait été pressenti dès 1931 par Paul Valéry, « la fin du monde fini commence », et repris en 1968 par Bertrand de Jouvenel : « nous ne vivons plus dans la même planète que nos aïeux, la leur était immense, la nôtre est petite ».
La finitude du monde est le point de départ de toute réflexion écologique. Nous ne pouvons plus puiser sans restriction les ressources de la planète, nous ne pouvons plus il rejeter tous nos déchets. Notre santé, notre habitat, notre capacité à produire sont directement concernés par la finitude du monde.

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Ne pas se tromper

Ne pas se tromper de futur est une formule bien connue. Ne pas investir dans une impasse, aussi bien financièrement que psychologiquement ou politiquement. Eviter les filières sans avenir, même si elles peuvent séduire, est une première règle de développement durable. L’épisode des avions renifleurs illustre cette règle, avec un caractère heureusement anecdotique, comme le scandale des abattoirs de la villette, pour rester dans de vieilles affaires, mais la question se pose aujourd’hui sur des enjeux beaucoup plus lourds comme les sources d’énergie de demain.

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Le retour des vieux

La question des vieux s’impose progressivement en France. La gériatrie hospitalière crie misère, les EPHAD sont décriés, le maintien à domicile peine à prendre son ampleur faute de personnel compétent, et les vieux, sacrés vieux, ne cessent de se multiplier, il y en a de plus en plus. La dépendance est aujourd’hui reconnue comme une branche à part entière des politiques sociales. Des associations et personnalités créent un Conseil National autoproclamé de la vieillesse, pour dire leur mot sur le sort des personnes âgées et devenir un acteur de la politique du grand âge. Une question manifestement de développement durable (1), avec ses aspects sociaux et sociétaux, et une nécessaire vision à long terme.

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De la sobriété de circonstance à la performance durable

Il a fallu du temps et bien des avertissements pour que le mot Sobriété apparaisse dans les discours officiels. Sans doute avait-il des relents négatifs, la privation n’est pas loin, et toute référence à la rigueur est à proscrire avec vigueur. La sobriété, donc, pour faire des économies d’énergie. Il s’agit là plus de lutter contre la pénurie et la hausse des prix que contre l’effet de serre, mais les deux peuvent converger, il était temps de s’en rendre compte.

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Fin du mois et fin du monde

Cette année, c’est le 28 juillet. C’est le jour de l’année où nous avons dépensé toute notre paye de l'année, tout ce que la nature a produit et produira pour l'humanité au titre de l'année 2022. Depuis le 29 juillet, nous vivons au-dessus de nos moyens. Deux manières d'y parvenir sans douleur : prélever sur notre capital nature, et tirer des chèques à payer plus tard, par de générations futures. Beau cadeau que nous leur faisons, une capacité productive en baisse, et des charges accrues.

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Ne rien faire ne se décide pas

Le changement climatique coûte cher, et il coutera de plus en plus cher. La lutte pour endiguer ce phénomène, ou du moins le réduire présente aussi un coût, mais bien plus modeste. Nous le savons depuis longtemps. En 2006, dans un rapport dédié au coût du changement climatique, l’ancien chef économiste de la Banque mondiale, Nicholas Stern, avait fait le calcul. Le coût du réchauffement est de 5 à 20% du PIB mondial, celui de la lutte contre lui est de 1%. Et encore. Ce pourcent pourrait être financé par les innovations que la lutte ferait émerger, dont les effets seraient valorisés au-delà de leur premier objectif.

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La vertu récompensée ?

Vous partez en vacances, et les transporteurs, organisateurs ou autres voyagistes vous proposent de payer un peu plus pour compenser vos émissions de carbone. Objectif : des vacances neutres en carbone. Au final, un vrai paradoxe. Au lieu du pollueur payeur, c’est le vertueux qui doit sortir de l’argent pour l’environnement. Un autre mécanisme aurait pu être prévu. Tout le monde paye pour les émissions de carbone dont il est responsable, ce qui encouragerait les « vertueux » à choisir les modes de déplacement les plus performants côté carbone. Vous objecterez que les riches pourront polluer tout à loisir, et que les pauvres seront encore une fois les victimes d’une forme de discrimination. Oui, mais c’est un problème général. Les riches disposent de marges de manœuvre qui leur permettent d’échapper à certaines contraintes, nous le savons bien. La réponse est dans la lutte pour réduire les inégalités et dans les réglementations environnementales, qui rétablissent justement les contraintes nécessaires.

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Une petite musique

Elle monte, la petite musique démographique. L’ambiance de guerre et l’anxiété qui en résulte en est en partie responsable, mais elle réveille aussi des fantasmes et provoque le retour de vieux réflexes. Il s’agit de puissance. La puissance des nations, dans un univers troublé.
Il y a bien d’autres raisons de souhaiter une croissance démographique. Des raisons idéologiques notamment, pour donner à Dieu de nouveaux fidèles, ou bien au motif « qu’il n’y a de richesse que d’hommes », comme disait Jean Bodin. C’était au XVIe siècle… Des raisons culturelles, perpétuer un nom, une lignée, le culte des ancêtres. La question des retraites, aussi, au titre de l’équilibre des comptes. Il est vrai que la croissance démographique facilite les choses. Intégrée dans nos cultures comme naturelle, elle résout d’elle-même un tas de problèmes, mais nous savons aujourd’hui qu’elle en pose d’autres. Elle n’est pas durable, dans tous les sens du terme.

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L’environnement pris en otage

Nous voilà prêts à revenir au charbon. La pénurie d’énergie consécutive aux sanctions contre la Russie nous met sous pression. Pour ne pas manquer d’électricité, les centrales au charbon vont reprendre du service un peu partout en Europe. Nous allons aussi investir dans les terminaux pour gaz naturel liquéfié, un combustible suspect de provenir de gaz de schiste et dont les étapes de transformation pèsent lourd dans le bilan énergétique. De l’argent qui manquera à d’autres politiques, notamment le déploiement des énergies renouvelables. Nous aurions pu croire que la perspective de pénurie provoque une réaction favorable au climat, accélération du déploiement des renouvelables, recherche d’économies, eh bien non, c’est une sorte de course en arrière, un recul, qui s’opère sous nos yeux. Le climat attendra.

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Le changement, c’est maintenant !

Quel paradoxe ! Ce sont les marchands d'énergie qui nous incitent dans la grande presse à économiser. Nous aurions attendu ce discours de la part de l'Etat mais non, le discours de ce côté-là reste de « rassurer les Français ». Tout faire pour qu’ils n’aient pas à changer leur mode de vie. Pourtant, le signal prix est un des leviers les plus sûrs pour obtenir un changement de comportement. Il a été largement utilisé pour des causes d'intérêt général, comme la hausse du prix du tabac au bénéfice de la santé publique. Taxer les comportements les plus néfastes pour la collectivité et notamment pour l'environnement ou le climat, est une application de ce principe, et ce n'est pas parce qu'il a été mal mis en œuvre dans le passé qu'il faut l'abandonner. Le coût réel des choses est souvent bien supérieur au prix payé, lequel ignore de nombreuses charges, comme des dégradations de l’environnement, du climat, de la santé publique, payées de fait par la collectivité. La vérité des prix doit devenir a règle. Elle a longtemps été négligée, et le retour aux réalités est parfois douloureux.

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Proportionnelle : une affaire de culture

Le résultat des élections législatives nous donne l'occasion de parler de gouvernance. Il s'agit de l'état en l'occurrence, mais la réflexion peut aisément s'étendre à bien d'autres organisations, collectivités locales, entreprises, syndicats ou associations.

Les élections d'un Parlement sont au cœur de tout régime démocratique. Leur fiabilité est la condition du bon fonctionnement et de la bonne gouvernance de l'Etat, ou de la collectivité quelle qu'elle soit. En l'occurrence le système majoritaire est particulièrement sensible à la moindre fluctuation dans les opinions. Il s'agit en fait de 577 élections parallèles dans la cohérence n'est pas assurée. 1% de poussée dans un sens peuvent peut changer le cours de l'histoire. C'est pour cela que des artifices ont été trouvés pour réduire ce risque, comme le couplage de l'élection présidentielle et de l'élection législative.

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Le travail en campagne

La valeur travail est à l’honneur. Tous les partis la mettent en avant dans le cadre de la campagne pour les législatives. Ils ont raison, mais quelle conception de la valeur travail ont-ils, quelles conséquences en tirent-ils ? La valeur-travail est souvent réduite à sa rémunération, la célèbre formule « travailler plus pour gagner plus » en est une parfaite illustration. C’est simple, mais est-ce juste ?

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Eloge de la visibilité

Que ne reproche-t-on pas aux éoliennes ! Pas tout le monde, heureusement, les trois quarts des français en ont une bonne opinion, et c’est encore plus pour ceux qui habitent à leur proximité. Mais un groupe très motivé, qui fait beaucoup d’agitation, occupe vite tout l’espace, et laisse penser que tout le monde pense comme eux. Un groupe qui fait flèche de tout bois contre ces moulins à vent du XXIe siècle. Une accumulation d’infox pour l’essentiel, et l’accent sur les défauts inévitables, que toute source d’énergie présente. Le défaut le plus évident, c’est que les éoliennes se voient. Alerte au paysage ! Il semble bien que ce soit l’argument majeur des opposants, auquel s’accrochent toutes sortes de phantasmes, comme le lait des vaches qui tournerait aux alentours des éoliennes.

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Eloge de l’horizontal

Il est toujours instructif d’observer les cloisonnements qui nous empêchent de penser. Il semble que le lien environnement et santé n’ait jamais été fait. L’environnement, ce sont les petits oiseaux et les petites fleurs, ou encore ces vilaines pollutions qui tuent les poissons dans les rivières ; et la santé, ce sont les hôpitaux en crise, les médecins qui manquent dans les campagnes, les laboratoires pharmaceutiques qui font des bénéfices incroyables. Le lien « environnement-santé » ne vient pas spontanément à l’esprit. Deux visions étroites, mais aussi deux administrations avec leurs domaines propres, deux thématiques bien distinctes dans les rédactions des journaux, deux classeurs différents dans nos cerveaux. Or il se trouve justement que notre santé dépend pour les ¾ de facteurs environnementaux. Nous ne partons pas de zéro. Le lien est souvent exprimé pour la pollution de l’air, qui fait des morts, il l’est moins avec la qualité de notre alimentation, ou avec notre relation avec la nature et les paysages. Et pourtant, si nous nous intéressons à la qualité de l’air, c’est parce que nous le respirons, à la qualité de l’eau, c’est parce que nous la buvons ou que nous nous y baignons, aux paysages parce que notre sentiment de bien-être y est attaché. Notre santé, si l’on en croit l’OMS, « est un état de complet bien-être physique, mental et social », bien au-delà les soins et des médicaments. Notre cadre de vie, notre alimentation, la qualité de nos relations au monde, en sont des facteurs clé. Habitat et mode de vie, voilà les fondamentaux des politiques de santé, du point de vue « amont », comment rester en bonne santé, et même comment vivre mieux.
Le Conseil économique, social et environnemental a adopté le 10 mai dernier un rapport et des propositions sur le sujet. Le constat est clair. « Les conséquences des dégradations de l’environnement sur la santé s’aggravent et sont de plus en plus documentées ».
L’environnement est reconnu comme une approche transversale, dont la responsabilité incombe désormais à la Première ministre. Le lien avec la santé est une déclinaison de cette nouvelle organisation administrative, comme il l’est avec les politiques d’aménagement et d’habitat. Soyons « horizontaux, explorons cette trilogie, environnement, santé, aménagement.
Logement, lieux de travail et de loisirs, espaces publics de proximité, contribuent pour une bonne part à l’ensemble des expositions auxquelles nos organismes, nos corps, sont soumis. Le terme d’exposome recouvre ce champ de recherche médicale, apparu il y a une quinzaine d’années pour comprendre les effets de l’ensemble des facteurs environnementaux qui se cumulent en nous tout au long de notre vie : ce que nous respirons, ce que nous ingérons, les radiations, le bruit, le paysage, les influences multiples auxquelles nous sommes exposés, ont des effets, bons ou mauvais, sur notre santé physique et mentale, ils se combinent entre eux et produisent des cocktails qui laissent souvent la science démunie. L’habitat est au cœur du sujet, qu’il s’agisse des emplacements, de la conception et l’organisation des locaux, des modes de vie auquel il invite, des matériaux utilisés, des modalités et des pratiques d’entretien et de maintenance.
Au plan mental, la lutte contre la solitude demande un aménagement favorable aux rencontres, magasins de proximité, espaces publics, bancs, etc. La qualité du paysage urbain, le calme ou l’animation selon les cas, le traitement de cheminements piétons, illustrent les marges de manœuvre côté aménagement extérieur. Celui-ci pourra susciter des mobilités actives. Faire du vélo fait faire des économies substantielles à la sécurité sociale. La réhabilitation de l’escalier dans les bureaux, où la tendance spontanée serait plutôt à l’ascenseur même pour un étage, est un exemple de mesure simple dans le tertiaire. C’est une ergonomie des cheminements externes et intérieurs qui nous pousse à « bouger », comme les publicités officielles nous y incitent.
Un urbanisme « climatique » est une autre piste pour favoriser la santé. Des rues orientées en fonction des vents dominants, tant pour évacuer et disperser la pollution que pour offrir des microclimats agréables. Un plan permettant le plus possible l’accès au soleil, prévoyant une présence de l’eau, fontaine, berge d’une rivière, étang, etc. et d’une végétation source d’apaisement, pourvoyeuse d’ombre, favorable à la qualité de l’air, à l’accueil d’oiseaux (mais attention aux allergies et à ne pas freiner la dispersion des polluants).
La recherche de co-bénéfices est consubstantielle au développement durable. Le double, ou multiple dividende. Environnement, habitat, santé, il faut gagner sur les 3 tableaux à la fois, et c’est même la seule manière de progresser aujourd’hui. Une approche transversale, au-delà des cloisonnements qu’il a bien fallu poser pour faciliter l’action, mais qui ne doivent pas être étanches. Notre environnement quotidien, pour une grande part dans des locaux, détermine notre santé, et nos modes de vie, eux-mêmes en relation directe avec notre santé. La séparation des compétences a conduit les politiques sectorielles, agriculture, aménagement, industrie, etc. à répondre à des exigences minimums, ne pas nuire. Allons plus loin, cherchons les co-bénéfices, ces impacts positifs qui enrichissent les approches thématiques : ce serait un grand pas sur la voie du développement durable.

Edito du 1er juin 2022

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Souveraineté alimentaire : rien ne va plus

Rien ne va plus. Il ne s’agit pas de roulette, mais d’agriculture. Le manque d’eau se fait sentir cruellement, la sècheresse est là dans une bonne partie de la France, la canicule compromet les récoltes indiennes, la géopolitique et la guerre stérilise les plaines à blé les plus productives d’Europe. Le monde entier est sous pression, aura-t-on assez à manger dans les mois qui viennent ? Ajoutez à cela les tribunaux qui refusent obstinément de d’autoriser des retenues d’eau artificielles, comme le 17 mai dernier en Charente maritime, les ouvrages de l’Association syndicale d’irrigation des Roches, et la Commission européenne qui demande à la France de revoir son volet de la PAC, pour cause de manque d’ambition environnementale, le tout dans une ambiance d’agribashing, et vous serez vite convaincus qu’il faut sauver le soldat « agriculture ». La pénurie alimentaire nous guette, en France et dans le monde, faisons sauter tous les freins, tout ce qui pourrait empêcher de produire plus. Le ministre en charge de l’agriculture est à présent responsable de la « souveraineté alimentaire ».

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L'intelligence à plusieurs

France Stratégie et divers think tanks publient des propositions sur la place du développement durable, des transitions ou de la soutenabilité dans l’organisation ministérielle, à la suite des déclarations du Président sur la mobilisation de la Première ministre sur ces sujets.

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Prolongations

Les crises sont une occasion de changer. Passer d’un équilibre ancien qui flanche, à un nouveau à imaginer et mettre en place. Se raccrocher au passé, faire « comme avant » le plus longtemps possible, conduit à une double peine, payer cher, et entrer dans une phase de déclin. C’est se tromper de futur.
Bien sûr, il y a des perdants dans le changement, et il est nécessaire de les accompagner pour les aider à retrouver une place dans la nouvelle configuration, parfois bien éloignée de leur position précédente. Mais jouer les prolongations juste pour leur permettre de ne rien changer, en pure perte, est une mauvaise interprétation de la solidarité : elle entraîne tout le monde vers le bas, et rendra plus dur l’effort à consentir pour sortir de l’ornière.

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Pendant la guerre, le dépassement continue

C’est le 2 mai dernier que nous avons atteint le « jour de dépassement » pour les produits de la mer. Nous dépendons des deux-tiers des importations pour ce type de consommation, malgré l’importance de nos côtes et de nos espaces maritimes « exclusifs ». Si nous ne mangions que le fruit de notre pêche, nous aurions épuisé le 2 mai notre potentiel de l’année. C’est le jour du dépassement. Voilà une manière d’illustrer concrètement la référence aux 3 planètes souvent mentionnée. C’est ce qu’il nous faudrait pour assurer nos besoins si notre mode de vie était généralisé sur la Terre. Nous ne parvenons à l’équilibre sur notre unique planète que du fait de la faible (et parfois très faible) consommation d’une partie de l’humanité, et de notre endettement vis-à-vis de nos descendants, en consommant le capital nature au lieu de le cultiver « en bon père de famille ».

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En même temps

« Nombreuses sont les politiques qui, par le passé, se sont opposées au lieu de se soutenir mutuellement » .C’était il y a 20 ans, dans la préface de Romano Prodi de la première stratégie européenne de développement durable. Est-ce notre esprit cartésien, nos modes d’action politique ? nous préférons manifestement les oppositions aux convergences. Les lois de la presse, les processus électoraux, en sont aussi responsables, le combat est un spectacle plus facile à mettre en scène que le consensus, surtout pour un peuple de gaulois, individualiste et râleur par nature, comme l’ont si bien décrit Uderzo et Goscinny.

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Le mode de vie des Français est non négociable

Nous avons certes un peu de retard par rapport aux américains, mais nous y sommes arrivés. Au bout de 30 ans. C’est en 1992 que Georges Bush père affirmait que l’american way of life n’était pas négociable, et les élections présidentielles d’aujourd’hui sont l’occasion de se rattraper.
Quand la question de l’environnement, ou du climat, est posée à nos candidats au pouvoir, ils ne semblent n’avoir qu’une obsession : Le mode de vie des Français ne sera pas affecté. « Il faut protéger les Français » tient manifestement de référence, c’est la toile de fond de tous les discours. Dormez braves gens, l’Etat s’occupe de tout.

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L’immobilisme est en marche

« L’immobilisme est en marche, et rien ne pourra l’arrêter ». Une phrase bien sentie, attribuée à Edgar Faure et reprise pas Christian Binet dans son album « Monsieur le ministre (1) ». Nous le voyons bien, notre planète se transforme, de nouvelles puissances émergent, l’électronique et demain le quantique bouleversent nos modes de vie, la hiérarchie des nations et des entreprises, et nous sommes confrontés à la finitude du monde. Les défis sont multiples nous demandent de changer de registre pour y faire face et de renouveler notre manière d’organiser les débats politiques. Les pratiques d’hier ne parviendront pas à corriger nos erreurs ni à s’adapter au paysage nouveau qui prend forme au cours de ce siècle.

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Une occasion de se surpasser

Ce fut un exploit exceptionnel. La mise au point d’un vaccin contre la COVID, en moins d’un an, alors qu’il faut des années en temps normal pour y parvenir. Une bonne collaboration des chercheurs et un fond de connaissances sur l’ARN, acquis progressivement au cours des années, et qui a trouvé là une application spectaculaire. Il y avait urgence, la mobilisation s’est faite naturellement, même dans un système concurrentiel.

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L’agribashing au service du statu quo

L’agriculture française a-t-elle tout faux ? 20% des émissions de gaz à effet de serre pour moins de 2% du PIB, c’est un exploit pour une activité dont une partie notable consiste à capter le carbone. L’agriculture française s’enorgueillissait d’assurer l’autonomie alimentaire de la France, et d’exporter massivement. Nous apprenons aujourd’hui qu’elle est largement dépendante du gaz russe. Pas de gaz, pas d’engrais azoté, et une production en chute. Ça tombe mal, juste en un moment de tension sur les céréales russes et ukrainienne. Hausse des prix chez nous, et risques de pénurie et de crise alimentaire dans bien d’autres pays. Les engrais, d’ailleurs première source de gaz à effet de serre agricole. Parlons de l’élevage. Ce sont les aliments pour le bétail qui nous viennent de loin, et qui provoquent des coupes importantes dans les forêts primaires, avec toutes les conséquences que nous connaissons : puits de carbone menacés, biodiversité en régression, et populations autochtones expulsées. Etonnez-vous ensuite que l’agriculture fasse l’objet de critiques, immédiatement qualifiées d’agribashing ! Et encore, le tableau aurait pu être assombri en ajoutant la consommation d’eau de l’agriculture (70% de l’eau douce en France), les effets des pesticides sur la santé humaine et la biodiversité, la banalisation des paysages. Sans parler du nombre de suicides parmi les agriculteurs.

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La disruption à la peine

C’est Einstein qui nous l’a dit : pour résoudre les problèmes créés avec un certain état d’esprit, il faut changer de mode de penser. Trouver une nouvelle manière de renforcer ses atouts, au-delà des méthodes ordinaires. La disruption. Celle-ci a souvent été invoquée, mais les résultats sont décevants. Prenons deux exemples, pris dans les débats présidentiels.

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