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L'environnement au baccalauréat

Pour certains, c'est une découverte. L’environnement est partout. Nous ne nous intéressons pas à l’environnement par principe, par altruisme ou par plaisir, mais parce que notre santé en dépend, parce que nos activités ont besoin de matières premières. La planète est à la fois notre habitat et notre garde-manger, le gîte et le couvert, auquel il faut ajouter toutes les ressources que nous prélevons pour notre bien-être. La planète est immense, et beaucoup d'entre nous ne faisaient pas le lien entre ses apports et nos besoins quotidiens. Le proche et l'immédiat nous éblouissent et nous empêchent de voir large et loin. Rien de plus normal, car il n'y aura pas d'avenir si nous ne franchissons préalablement les obstacles de « l'ici et maintenant ».

Ce n'est pas suffisant. La crise de l'énergie, pour une bonne part d’ordre géopolitique, met en évidence qu'il y a de l'énergie partout, dans les carottes que nous mangeons, dans la voiture ou le train qui assurent notre mobilité, dans les maisons que nous habitons. Il y a bien d'autres choses aussi, de l'eau, dont il est de plus en plus question pour cause de sécheresse où d'inondations, des métaux, dont certains pourraient manquer, de sable dans les réserves s'épuisent, et beaucoup de « vivant », animal et végétal, qui contribue à la fabrication des produits que nous consommons, de la nourriture au bois de construction, en passant par nos vêtements. L’environnement est partout, ce qui explique qu’il ait été oublié, trop diffus, trop intégré, et finalement invisible.
La finitude de la planète met aujourd'hui en évidence sa présence, souvent négligée. L’environnement « intégré » laisse sa place à l’environnement identifié comme tel, bien visible, avec un ministère dédié, pour être sûr de ne plus l’oublier. Prise de conscience tardive et bien embarrassante. Il va falloir réviser un tas de pratiques, d'habitudes, de réseaux, de connaissances. Changer de mode de vie et de production pour tenir compte de l’environnement, tant comme lieu de vie que comme pourvoyeur de ressources. L’énergie apparaît comme le facteur limitant en cette période de conflit, mais ce n'est pas du côté de la ressource qu’il faut s'inquiéter, mais plutôt du côté des rejets provoqués par notre consommation. Les gaz à effet de serre dans l’atmosphère, le plastique dans les océans, les pesticides dans les sols. La non prise en compte de l’environnement pendant des dizaines d’années a eu pour effet d’appauvrir la planète et de réduire sa capacité à satisfaire nos besoins, alors que nous sommes de plus en plus nombreux, de plus en plus gourmands, et qu’une bonne partie de l’humanité vit dans la misère et aspire légitimement à une vie meilleure.
Comment changer de cap, comment poursuivre l’aventure humaine en préservant notre capital nature, la planète, et en reconstituant sa bonne santé là où elle aurait été dégradée. L’alerte face aux dangers qui nous menacent est ancienne, elle n’a guère donné de résultats. La peur ne fonctionne pas. Il faut de nouveaux modèles de vie, qui nous donnent envie de tenter une nouvelle aventure, plutôt que de prolonger à l’infini celle que nous vivons, fondée sur le toujours plus et la peur de manquer. C’est ce qui s’appelle le développement durable. Un concept ouvert, auquel il convient de donner un contenu attractif. Ce ne sont ni les « sachants » ni les militants qui le feront, mais la société tout entière. Une forme de « refondation » qui ne viendra pas de réunions et de séminaires, mais de pratiques qui se développent, de nouveaux équilibres dans nos préoccupations, d’aspirations inédites. C’est cette effervescence au sein de la société qu’il convient de stimuler, de nourrir, de canaliser parfois, et de traduire progressivement dans nos institutions et nos modes de vie.
Prenons un exemple. En cette période de rentrée scolaire, la mobilisation de l’école comme ferment de la créativité sociale à provoquer semble incontournable. Une nouvelle discipline ? Mieux vaudrait revenir à l’intégration de l’environnement dans tous les aspects de la vie, ici dans toutes les disciplines existantes, y compris la fameuse leçon de choses pour les plus petits. L’environnement est partout, cela vaut aussi pour l’école. Bien sûr dans les sciences du vivant, mais aussi dans la littérature et la poésie, la physique, les mathématiques, la chimie, les langues et cultures étrangères, l’histoire et la géographie, les enseignements techniques, la musique, l’éducation physique et la philosophie. Identifions l’environnement partout où il se trouve dans les programmes et la vie scolaire, et donnons une cohérence à cet apprentissage pour que chaque jeune puisse progressivement, tout au long de la scolarité, trouver son approche personnelle de la nature, et intégrer le concept de finitude du monde. Et pour que cette démarche soit mise effectivement en pratique, faisons de l’environnement, ainsi ancré dans toutes les disciplines, une matière de baccalauréat.

Edito du 14 septembre 2022

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