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La vie de la rivière

Marie France Dupuis-Tate & Bernard Fischesser
©Delachaux et Niestlé 2023

Un livre qui conjugue les approches sensibles et scientifiques. Une qualité essentielle pour nous faire partager une vision de nos rivières, une vision à 360°. C’est une leçon de choses, où vous découvrez la rivière dans tous ses aspects, écologique, paysagers, historiques et géographiques, géologiques, artistiques symboliques, et bien d’autres encore. Car la rivière est un formidable échantillon de nos territoires, un témoin de leur évolution, de leur histoire, des modes de vie qu’elle a produit ou dont elle a été l’instrument.

L’écologie, d’abord, tout sur le fonctionnement des rivières, du torrent de la montagne au fleuve majestueux dans sa plaine alluviale. Volet hydrologique, et volet biologie, faune et flore des rivières, cycle de l’eau, vertus multiples des ripisylves, ces cordons boisés qui colonisent les berges. Des planches vous expliquent les nombreuses interactions dont les rivières sont le siège, notamment aux surfaces d’échange, eau-terre, eau-air et air-terre. Vous deviendrez vite familiers de la flore et la faune des rivières, des grands arbres qui les bordent, saule, aulne, et peupliers, et de leurs habitants emblématiques que sont notamment le castor et la loutre. Ils ont bien failli disparaître, mais leurs populations se reconstituent aujourd’hui à partir de spécimens qui avaient su trouver refuge pendant les longues périodes où l’artificialisation des berges, la pollution et la chasse les avaient presqu’éliminés de la France. Zoom sur deux grandes rivières, La Loire, ses bancs de sable, ses iles, et ses levées, et la Durance, rivière « nomade » progressivement « sédentarisée ».

Corridors de vie sauvage, mais aussi de vie économique. A « la rivière perçue par le poisson » succède celle « vécue par le pêcheur ». L’aventure humaine s’est développé le long des rivières, lesquelles ont été au cours des siècles aménagées en fonction des besoins, pour le commerce et pour se protéger des invasions, celles des Vikings notamment. L’influence romaine est encore visible dans de nombreux endroits, parmi lesquels le prestigieux Pont du Gard. Il y a eu ensuite les activités industrielles qui avaient besoin d’eau. Le textile à rouir, lin et chanvre, les tanneries, le papier, les moulins à eau. Quelques siècles plus tard, pour des raisons géo politiques principalement, ce sont les ingénieurs qui créent de nouveaux réseaux avec des canaux. Celui de Briare en premier, pour relier les bassins de la Loire et de la Seine, et accessoirement pour alimenter Paris loin des influences anglaises, et le canal du Midi pour éviter le passage par Gibraltar. Les rivières ont irrigué l’industrialisation de la France, aussi bien pour faciliter les transports de marchandises que pour permettre des prélèvements d’eau d’usines toujours plus gourmandes. Aujourd’hui, la restauration des rivières est engagée, avec le recours au « génie végétal » notamment. Une urgence face aux défis du changement climatique.

Tout au long de l’ouvrage, l’aspect symbolique et souvent mythique de la rivière est présent. Un dernier chapitre reprend et développe l’importance de la rivière dans l’imaginaire, illustrée par d’innombrables représentations artistiques. La rivière, patrimoine culturel.

A l’appui de ce plaidoyer pour les rivières, vous trouverez de splendides photos, de nombreux dessins pédagogiques et encadrés précisant tel ou tel aspect. La vie de la rivière n’a plus de secret pour vous.

  • Vues : 30

Gardiens de la forêt

L’appel des peuples autochtones

Claire Eggermont & Marc Dozier
©Editions du Seuil & Arte éditions

« Comptant entre 370 et 500 millions d'individus, appartenant à plus de 5000 ethnies différentes et parlant plus de 4000 langues, ils [les peuples autochtones] occupent encore 22% des terres de la planète répartie sur 80 pays ». Devant les menaces multiples du patrimoine exceptionnel que constituent les forêts pour l’humanité, certains préconisent une protection totale, allant jusqu’à l’exclusion des secteurs sensibles de toutes formes de vie humaine. En plus du drame humain qu’une telle mesure représente, ce serait nier la capacité de leurs habitants de toujours à protéger les forêts plus efficacement que toute politique autoritaire. Bien sûr, certains peuples autochtones ne sont pas irréprochables, comme le signale Francis Hallé dans la préface. « Arrêtons de les caricaturer en héros de l’écologie mais donnons-leur des véritables moyens juridiques et financiers, et chargeons-les de la conservation de leur espace naturel. Ils seront alors, à n’en pas douter, les meilleurs gardiens de la forêt. »

Cette conclusion s’impose à l’observation de cinq grandes forêts qui jouent encore un rôle essentiel dans le maintien des principaux équilibres planétaires, pour le climat, la biodiversité et l’eau douce en particulier. Nous voici partis pour un vaste tour du monde illustré de magnifiques photos : La Papouasie, de la mangrove aux prairies alpines à plus de 3 500m d’altitude en passant par la forêt tropicale d’altitude, la forêt boréale du Canada, « la plus vaste étendue sauvage du monde », l’Amazonie, « le poumon vert de la planète bleue », la Mongolie et la taïga, de la toundra sibérienne au désert de Gobi, et le Gabon, « cœur vert de l’Afrique ». Pour chacune de ces forêts, un témoignage d’un « gardien » ouvre la présentation du territoire concerné et des peuples qui l’occupent. Leurs modes de vie (alimentation, habitat, etc), leurs cultures et leurs croyances, et les pratiques qui en sont les manifestations, rituels, éléments décoratifs, médecines traditionnelles, et transmission des savoirs entre générations. Et enfin les relations toujours tumultueuses de ces sociétés avec « la civilisation », les pressions de toutes origines pour l’exploitation des ressources de ces territoires. Un panorama riche en informations sur ces forêts mythiques, et surtout leurs habitants qui en ont été les « gardiens » jusqu’à ce jour. Leur singularité leur a permis de conserver une culture profondément influencée par la nature, à laquelle ils doivent tout et qu’ils connaissent, à leur manière, mieux que personne. Comment valoriser ce savoir, cette conception des relations avec la nature et le vivant dans sa globalité, c’est le défi qu’il nous faut relever, pour eux-mêmes et la planète. Pour qu’ils soient les meilleurs gardiens de la forêt.

  • Vues : 32

Faire du PLU un projet de territoire durable

Catherine Charlot-Valdieu et Philippe Outrequin
Aux éditions du Moniteur, 2023

Le développement durable, d’accord, mais comment faire ? Il y a tellement de sujets à traiter à la fois ! Ajoutez-y, pour faire bon poids, la question de l’urbanisme, éminemment complexe et différente à chaque fois selon le contexte, et vous vous trouvez en face d’une montagne qu’il vous faudra gravir.

Ce livre ne vous apporte pas de solution, il n’y en a pas de toute faite, mais vous propose un chemin, à partir d’un outil qui est bien plus qu’un document technique, le Plan local d’urbanisme, le PLU. Un livre pratique, avec de nombreuses fiches qui vous éclaireront sur des sujets aussi divers que la lutte contre les ilots de chaleur urbain, la mixité fonctionnelle des quartiers, la réduction de l’empreint carbone des constructions, la réduction des nuisances acoustiques et bien d’autres choses encore.

Des approches sectorielles, mais dont la pertinence dépend de la vision de la ville que les élus expriment, à transformer en « un projet de territoire partagé entre les acteurs du territoire ». À l’appui de cette démarche, les auteurs citent Jean-Yves Chapuis, ancien élu de Rennes : « On n’habite pas un PLU ! On habite dans une commune, une rue, une ambiance ». Durable rime ainsi avec « paysagé, beau, attractif, décarboné et anticipant le changement climatique ». Voilà un beau programme, avec le préalable que « la transition écologique ne peut se faire aux dépend du bien-être social des Français ». Il s’agit de « penser le territoire comme un projet », comme le souligne David Isnard, maire de Cannes et président des maires de France, dans la préface.

Le PLU est alors un formidable instrument pour inscrire dans le territoire les conditions de sa durabilité. La structure du document, notamment le règlement et les orientations d’aménagement donne aux élus des moyens de cette ambition. Les auteurs balaient les différentes portes d’entrée dans le développement durable, ville dense, ville décarbonée, ville nature, ville inclusive, ville saine et ville reconfigurée. Pour chaque sujet, vous trouverez les articles du règlement que vous pourrez mobiliser pour faire progresser la durabilité.

Un concept revient comme un leitmotiv dans tout l’ouvrage, « l’urbanisme des courtes distances », celui de la vie quotidienne, à prendre en considération dans chacun des aspects évoqués.

L’ouvrage est le fruit de l’analyse de plus de 200 PLU ou PLUI (intercommunaux), dont une soixantaine sont cités au cours du développement. Il ne s’agit pas de pure théorie, mais d’une observation de ce qui se pratique déjà dans de nombreuses villes. Le plus souvent pour une « évolution vers des objectifs vertueux », mais aussi parfois pour proposer des éléments de rupture. Il y en a pour tous les goûts, pour toutes les situations.

  • Vues : 49

Construire une architecture bas carbone et du vivant

Nouvelles pratiques à l’ère de la RE2020
Unisson(s)
Aux éditions du Moniteur, 2023

Il s’agit d’un manifeste illustré. Objectif du mouvement interprofessionnel Unisson(s) qui en est porteur : « Encourager l’émergence d’une nouvelle architecture ». L’ouvrage ouvre sur le manifeste lui-même, que vous êtes invités à signer, avant de le détailler et en proposer un mode d’emploi.

Face aux défis écologiques de notre époque, le monde de la construction apporte une diversité de réponses, mais les auteurs observent que même le projet les plus vertueux ; qui « coche toutes les cases » donne un résultat « assez fades : il lui manque un sens ».

Nouvelle vision de l’architecture, donc, associant tous les acteurs, y compris les utilisateurs, et intégrant la durée de vie des bâtiments et de leurs composants. Nous retrouvons avec plaisir un des principes du volet management proposé par la HQE en 1996, et souvent occulté par les « 14 cibles ».

Après un rappel du contexte institutionnel européen (European Green Deal) et français (RE2020 et stratégie bas carbone), retour aux fondamentaux avec Vitruve : utilité, solidité et beauté, trois vertus auxquelles les exigences du XXIe siècle conduisent à ajouter une approche planétaire en quatre points : Matériaux (décarbonés et réemployés), Energie (vive la flexibilité énergétique, la capacité à déplacer des consommations), Usage (à intensifier en « basculant d’une performance au mètre carré à une performance à la personne) et Vivant (protéger l’existant, infrastructures vertes et bleues, etc.).

Après la livraison, vient la gestion du bâtiment, qui se doit d’être éco pour favoriser une « haute intensité d’usage », toujours déclinée selon les 4 dimensions mentionnées ci-dessus. La conception du bâtiment intégrera ses conditions d’exploitation avec des degrés de technicité adaptés au gestionnaires, professionnels ou non. Nous sommes là « en aval du compteur », et la flexibilité est une source substantielle d’économies notamment dans les bâtiments tertiaires.

Un manifeste qui pourrait paraître utopique s’il n’était pas esquissé dans de nombreuses opérations dont un aperçu figure en fin de l’ouvrage, avec la liste des promoteurs qui le parrainent. L’émergence d’une « nouvelle pensée architecturale » poursuit son chemin. Un chemin nécessaire, engagé depuis plus de 30 ans et ponctué aujourd’hui par ce manifeste, ce livre et le mouvement Unisson(s).

  • Vues : 43

La traversée

Du temps des chenilles à celui des métamorphoses

Patrick Viveret et Julie Chabaud
©Les liens qui libèrent, 2023

Une métamorphose d’un nouveau type, puisqu’il s’agit de l’humanité. Un concept proposé par Edgar Morin dès 1967 pour décrire l’évolution un village du pays bigouden, concept qu’il a théorisé en 2010, dans une célèbre tribune publiée dans le journal Le Monde. Il part du constat que « Le système Terre est incapable de s'organiser pour traiter ses problèmes vitaux ». Il en conclut que « Le probable est la désintégration. L'improbable mais possible est la métamorphose ». Il s’agit d’un « processus à la fois d'autodestruction et d'autoconstruction », bien connu dans la nature. Une source d’espérance, face aux difficultés qui s’amoncellent sur le chemin de l’humanité, mais aussi une épreuve. Patrick Viveret et Julie Chabaud prolongent la réflexion d’Edgar Morin pour nous donner de l’espoir : « face aux cauchemars que l’on nous prédit, ce livre entend réunir les éléments d’un contre-récit positif ». La chrysalide est un chaos où « affrontent les forces du passé (de la chenille) et les forces de la vie et de l’avenir (du papillon) ». Soyons heureux et optimistes, « l’humanité serait donc une espèce en voie d’apparition », tel le papillon issu de la chrysalide. Il faut pour cela rendre le chaos créateur, et c’est l’objet du livre. Une version bien différente de la destruction créatrice de Schumpeter, car il ne s’agit pas ici d’activités économiques en perpétuelle évolution, mais d’une « réforme de la pensée » pour « se doter de niveaux équipements et de nouvelles postures furtives, créatives, coopératives et apprenantes ». Bien sûr, la chenille résiste, mais elle contient en elle des cellules imaginales, porteuse de sa forme future, et qui vont finir par s’imposer.

Les auteurs poursuivent l’analogie en décrivant la manière dont la chenille s’oppose à la métamorphose dont elle sera la victime, et quelles pourraient être les cellules imaginales de l’humanité. Le passage d’un état à un autre est délicat, il faut une stratégie pour s’engager dans la traversée, pour « utiliser le chaos ». Le mot subversion n’est pas employé, mais le concept semble bien présent avec « l’art de la furtivité » pour que les acteurs de la métamorphose passent sous les radars et évitent de se mettre en danger.
C’est un projet « anthropolitique » qui nous est proposé, dont l’objet des de remplacer la puissance dominatrice par une puissance créatrice. Un projet pour « réencastrer l’économie dans l’écologie » et qui suppose une profonde transformation des pratiques démocratiques dans la recherche de la qualité délibérative et du « convivialisme », où notamment l’ennemi devient un adversaire.

Un essai ambitieux, mais un diagnostic plus convaincant que la réponse apportée, malgré la pertinence de la métaphore de la métamorphose et la référence aux nombreuses initiatives qui préfigurent les cellules imaginales, clés du futur de l’humanité. Nous retiendrons aussi, et ça rend optimiste, que « la sagesse n’est pas une renonciation ascétique mais un art du bien vivre ».

  • Vues : 92

Habiter léger

Guide pratique pour s’installer en habitat réversible
Hameaux légers
Editions Ulmer


Ce livre va bien au-delà de la « boite à outils » de l’habitat réversible. C’en est une, bien sûr, élaborée par une association investie dans ce domaine, mais c’est aussi un guide pour tous ceux qui envisagent de construire leur maison. Le chemin à parcourir pour mener un tel projet à son terme est particulier pour l’habitat réversible, mais de nombreuses étapes sont communes à tous les projets de construction. Les conseils pour franchir sans encombre ces étapes sont ceux dont devrait disposer tous les « maitres d’ouvrage » individuels, non professionnels. La construction de sa maison est toujours une grande aventure, et quelques repères avant de se lancer sont les bienvenus.

L’habitat léger, ou réversible, est celui « qui ne laisse pas c’empreinte irréversible sur le sol ». Il en est de toutes sortes, fixes ou mobiles, « tiny house », yourte, chalet, et bien d’autres, et offrent une réponse notamment dans le contexte actuel de pénurie de logements et de prix élevés. Il peut être construit par soi-même ou acheté à un constructeur, avec l’option intermédiaire de le co-construire avec un professionnel.

Vous voilà avec une idée, un besoin ou un projet, il faut passer aux actes. La première chose à faire est de savoir précisément ce que vous voulez, quel projet de vie vous imaginez et quelle maison vous permettra de le réaliser. Un questionnaire vous donnera des idées sur les points sur lesquels vous devriez vous interroger, avant de vous lancer. Habitat et mode de vie sont fortement liés, et encore plus quand il s’agit d’un type d’habitat non habituel, même s’il est prévu par la loi. Dans quel genre de territoire vous souhaitez vous implanter, quel terrain, quel voisinage. « Concevoir son habitat, c’est avant tout penser son intégration dans le paysage naturel, architectural et humain qui l’entoure ». Il faut bien analyser le lieu d’implantation, ses qualités et les points sensibles qui demandent une attention particulière. Et puis vient le moment d’élaborer ce qui s’appelle un programme, une forme de description de ce vous voulez dans le contexte physique et humain que vous avez choisi. N’oubliez pas d’intégrer à votre réflexion les éléments physiques, l’eau et le vent, le bruit du voisinage, la lumière du jour, les vues sur lesquelles s’ouvriront vos fenêtres.

Vous vous donnerez un budget et sa gestion dans la durée, vous aurez à respecter des procédures, à penser aux assurances. Toutes ces phases sont communes à tout projet de construction qu’un particulier peut entreprendre, même si les réponses à apporter diffèrent selon le type d’habitat.

Si vous ne faites pas appel à un constructeur, il va ensuite falloir autoconcevoir votre maison, choisir un système constructif, des matériaux, faire des plans, et passer à la phase construction. Que vous soyez seul ou que vous vous fassiez aider par un professionnel, l’ouvrage vous donne les conseils pour ces phases de réalisation, tant au plan technique que pour contractualiser avec vos partenaires.

Avec ce guide pratique, associant principes théoriques, exemples et témoignages, conseils et astuces, ressources diverses, vous voilà parés pour avancer dans votre projet. Y’a plus qu’à !

  • Vues : 115

Le tour des matériaux d’une maison écologique

Anatomies d’architecture
Editions alternatives, 2023

Anatomie, il s’agit bien de l’exploration non pas d’un corps humain, mais d’une maison particulière, dans le pays d’Auge (Orne). C’est aussi, associé à l’architecture, le nom d’une coopérative d’architectes dont l’ambition est de « métamorphoser l’architecture : L’écologie doit contaminer l’architecture et vice versa ».

Pour y parvenir, ils se lancent dans une recherche-action pour démontrer « qu’il est possible de construire avec des matériaux locaux et naturels qui ne dégradent pas l’environnement ». Nous voici, donc, face à une dépendance d’un manoir, 83m² à rénover pour une famille de 3 personnes. L’objectif est de le faire avec des matériaux naturels ou récupérés/recyclés, et produits dans un rayon de moins de 100km. Huit matériaux ont été mobilisés à cet effet, représentant l’essentiel du chantier, mais il a bien fallu quand même avoir recours à des matériaux tels que les ardoises, le cuivre et l’aluminium, du ciment et du PCV, sans oublier les vis pour les assemblages. L’ouvrage consiste à « faire le tour » de ces huit matériaux et de montrer qu’il est possible de « sortir des systèmes normalisés ».

Ce tour met en évidence l’importance d’un potentiel souvent négligé, et pourtant à portée de main, même si la perte des compétences et la rigidité des normes freinent leur mise en œuvre. Les auteurs observent avec regret la chute de nombreux savoir-faire, et de petites usines locales comme les scieries, 10 000 en 1965, et 1 400 aujourd’hui. Ces huit matériaux sont en large part issu de récupération, sur place, comme les briques, ou de plus loin, comme le liège issu du broyage de bouchons ou le chêne en provenance de menuiseries déconstruites. Les autres sont produits localement, le terre, extraite et travaillée à proximité, et les végétaux : le chanvre pour l’isolation, le robinier pour des fondations sur pieux, le douglas pour l’armature d’une partie de la maison et le châtaigner pour des bardages à claire voie et les brise soleil. Pour chaque matériau, vous suivrez son chemin de son origine à son emploi sur le chantier, avec des avis d’experts et des témoignages d’intervenants.

Il n’y a bien sûr pas de modèle, chaque cas est un cas d’espèce et n’est pas transposable. Et il y a bien d’autres matériaux écologiques, sachant que le bilan doit être fait sur l’ensemble de la construction et non sur chaque composante séparément. Les auteurs ont exploré des pistes qui semblent plus particulièrement adaptées à la rénovation de bâtiments anciens qui nécessitent des approches spécifiques. Un livre militant pour montrer « qu’une autre architecture est possible » comme annoncé dans la préface.

  • Vues : 64

Le grand sabotage climatique

Fabrice Nicolino
©Les liens qui libèrent 2023

Ça fait des années que nous savons. Les pionniers s’appellent Marsh, Osborn, Heim, des noms inconnus du grand public, qui nous ont alertés sur la santé de la planète dès le XIXe siècle. Le réchauffement climatique est connu et documenté depuis des années, mais sans effets sur les décisions publiques ni les comportements des grandes entreprises. Les leviers du sentiment climatosceptique ont bien fonctionné et prospèrent encore, y compris sous la forme de mythes comme la géo-ingénierie, l’intervention directe des humains sur les grands équilibres planétaires.

Fabrice Nicolino nous décrit à la fois les moteurs de cet aveuglement, et les stratégies des institutions et des puissants de ce monde pour cultiver le doute, leur meilleur allié pour que rien ne change. Il nous décrit sa perception des politiques climatiques, qu’il qualifie de simulacres. Et il se lance dans une analyse critique de tous les organismes, de leur action (ou inaction), de toutes les personnalités qui ont eu la charge de la lutte contre le dérèglement climatique. « C’est bien moi qui parle », précise-t-il, car le jugement est sévère. La plupart des responsables ont entretenu des relations étroites avec les groupes pétroliers, ils se seraient contentés d’occuper le terrain, avec le souci de ne jamais menacer les intérêts des multinationales. Aucune initiative ne trouve grâce à ses yeux, aucun organisme. Le GIEC aurait été pollué par la présence de représentants des Etats aux côtés des scientifiques, par exemple, alors que beaucoup pensent, au contraire que ce rapprochement des politiques et des scientifiques permet d’avancer. Toute tentative de mobiliser les milieux économiques en faveur du climat serait une manœuvre de diversion, le concept de développement est porteur de catastrophes écologiques, et l’ajout du mot « durable » n’est qu’une supercherie. Critique en règle du Programmes des nations unies pour l’environnement (PNUE), des « sommets de la Terre », et des COP, de l’UICN et du WWF, des accords de Paris (« une farce grandiose »), et puis, pourquoi s’arrêter là, des concepts d’empreinte écologique et de bilan carbone, de crédit carbone et de compensations, de transition écologique ou énergétique, et même d’économie circulaire et d’écoquartiers. Bref, tout est à refaire, et nous avons perdu un temps précieux à croire en des mythes. Bien sûr, tous les organismes ou dispositifs créés pour le climat ne sont pas parfaits, il s’en faut, mais leur condamnation semble sans appel. Il faut tout reprendre à zéro.

« Le dérèglement climatique est une révolution totale. Sortons ensemble des vieux schémas. Inventons ! » nous dit-il, ce dont il conclut que « la révolte ne peut être que totale » avant de lancer un appel aux jeunes.

La déception devant les résultats bien insuffisants peut s’entendre, mais il est permis de s’interroger sur l’attaque frontale et sans concessions de tout ce qui a été mis en place depuis la fin de la deuxième guerre mondiale. Cette condamnation radicale, qui confortera surement les convaincus, qui apportera aussi de l’eau au moulin des climatosceptiques, aura du mal à rallier de nouveaux adeptes de la cause du climat, ou à provoquer un changement d’orientation et de méthode dans la lutte contre l’effet de serre.

  • Vues : 68

Nourrir le monde

... sans dévorer la planète
George MONBIOT
©Les liens qui libèrent, 2023

Un triste constat et grande ambition animent ce livre : « A bien des égards, notre riposte à la plus grande crise que l’humanité ait jamais dû affronter a été étriquée et timide. Là où notre pensée devrait se faire audacieuse, complexe et holistique, elle demeure cloisonnée, bornée et graduelle ». Une remise en question globale de la situation de la planète et de l’humanité. Au cœur de cette réflexion, l’alimentation des milliards d’humains, et une conviction présentée par l’auteur : « L’agriculture, qu’elle soit intensive ou extensive, est la principale cause de destruction écologique au monde ». Il préconise logiquement « la fin de l’agriculture ».

L’agriculture consomme de l’espace, qu’elle soustrait ainsi à la vie sauvage. Elle détruit souvent les sols qu’elle occupe, alors qu’ils sont une source de richesse mal connue et largement sous-estimée. L’élevage en est largement responsable, par les terres qu’il occupe et celles mobilisées pour produire les aliments du bétail. « L’élevage d’un kilogramme de protéines de bœuf libère 113 fois plus de gaz à effet de serre que la culture d’un kilogramme de protéine de pois, et 190 fois plus qu’un kilogramme de protéines de noix. » S’en passer permettrait de réduire de 76% la surface des terres agricoles.

L’auteur est un conteur. Il nous emmène avec lui dans ses visites de fortes personnalités qui expérimentent de nouveaux modèles de production, des modèles qui permettraient encore de réduire les surfaces agricoles. Il faut augmenter les rendements, sans pour autant détruire les sols par des apports extérieurs. Nous voici avec Tolly, ou bien Tim ou quelques autres, qui sont parvenus à coupler production intensive et enrichissement des sols. Nous retrouvons la voie explorée par Marc Dufumier, qui nous dit dans son livre « L’agroécologie peut nous sauver » : « Il est possible d’intensifier la production à l’hectare par des voies intensément écologiques ». L’auteur passe en revue de nombreuses bonnes idées, le bio, le vegan, le local, le petit face l’industriel, etc. Il casse bien des idées reçues, et ne trouve pas, en définitive, de solution à la hauteur des défis d’aujourd’hui, climat et biodiversité d’un côté, et lutte contre la faim dans le monde de l’autre.

Retour à la terre, après ce tour d’horizon. Ce sont les bactéries qui en font la richesse, et l’idée vient de court-circuiter le maillon « agriculture » pour en tirer directement une alimentation de qualité, en quantité, et de faible occupation de l’espace. Plusieurs chercheurs proposent dès aujourd’hui des protéines issues de la fermentation microbienne. Nous sommes habitués, elles sont déjà dans nos aliments comme les laitages, et les recherches semblent prometteuses. Il restera à faire accepter aux consommateurs ces nouveaux aliments, une approche plus culturelle que technologique.

Un livre agréable à lire, conçu comme un reportage, ponctué de quelques références à Machiavel et à Kant, qui ouvre des perspectives et provoque le débat.

  • Vues : 72

Construire une éolienne

Tristan URTIZBEREA
©Les éditions Ulmer, collection Résiliences

« La meilleure technologie alternative est une alternative aux technologies », nous dit en introduction Charles Hervé-Gruyer, le directeur de la collection, qui ajoute « plutôt que de se lamenter sur l’effondrement du vieux monde, mieux vaut contribuer joyeusement à la naissance du monde de demain ! ». Nous voilà dans l’ambiance, vivent les low tech et le do it yourself ! En route pour l’autonomie.

Il s’agit ici de produire tout ou partie de son énergie, grâce à des éoliennes personnelles, que vous installerez vous-même, et que vous pourrez aussi fabriquer. Une manière de reprendre la maitrise de son mode de vie, et de se rendre autonome. « Se réapproprier nos techniques », pour satisfaire des besoins, mais aussi pour y trouver du plaisir : « Voir tourner son éolienne, produire ses électrons, ses tomates, fabriquer son outil, réparer un objet, ou réussir à se passer de la voiture… Dans tous les cas, la satisfaction et le plaisir dépasse de loin celui que l’on pourrait ressentir par un acte d’achat ». Eloge du « pouvoir émancipateur » de l’autoconstruction, où « le chemin compte autant que la fin ».

Au-delà de la critique des grosses machines commerciales, au profit du « small is beatifull », ce livre pratique nous décrit en détail le fonctionnement d’une éolienne, explique où les implanter en fonction des maisons, des arbres et du vent, et nous donne quelques principes qui nous permettent de mieux comprendre ce que le petit éolien peut nous apporter, soit en solo soit en complément d’autres sources d’énergie. Il nous donne aussi quelques clés pour atteindre l’autonomie dont certains rêvent dans une approche de la résilience.

Vous vous lancez ensuite dans le projet, vous calculez ce dont vous avez besoin et ce que vous pouvez produire, et vous vous interrogez sur les économies d’énergie que vous pourriez bien faire pour équilibrer besoin et production.

Après les généralités et la théorie, voilà les travaux pratiques. Comment fabriquer chaque élément de votre éolienne, les assembler, hisser l’ensemble le moment venu, raccorder l’éolienne à sa maison. Vous pouvez procéder tout seul, avec des amis, mais le passage par un stage est recommandé. L’auteur vous indique les bonnes adresses, pour suivre des stages et pour vous procurer les composantes de votre éolienne. Il vous précise le type de matériel et d’outil à mobiliser, et décrit les procédures administratives que vous devrez suivre si vous dépassez 12 mètres de haut.

Vous voilà parés pour l’aventure, il n’y a plus qu’à larguer les amarres !

  • Vues : 112

A l’ombre des arbres

Planter la ville pour demain

Caroline Mollie
©Delachaux et Niestlé, 2023

« Les arbres, des êtres merveilleux » est le titre du premier chapitre. Une source inépuisable d’émerveillement pour les humains, mais aussi des êtres vivants à part entière, avec leurs fragilités et leurs besoins. Caroline Mollie nous présente les arbres tels qu’ils sont, bien au-delà de la perception que nous en avons le plus souvent, bien pauvre par rapport à tout ce qu’ils nous apportent.

L’ouvrage se concentre, comme le sous-titre le précise, sur l’arbre des villes, cousin de l’arbre des champs et des forêts. Ce sont des « arbres de compagnie », plantés pour nous donner du plaisir, et non du bois ou des fruits. Caroline Mollie nous en fait un rapide historique, du moyen-âge à nos jours, en passant par Henri IV et les grands mails ou promenades plantées dans de nombreuses villes et villages au cours des siècles. Zoom sur une bien triste période, « les 30 désastreuses », les 30 glorieuses, vous l’aurez compris, 30 années de mauvaises pratiques, imperméabilisation des sols, élagages systématiques, atteintes aux racines du fait de multiples travaux, etc. Surtout incompétence des services, méconnaissance du fonctionnement biologique des arbres, et obsession de la sécurité et de la « propreté ». La tendance s’inverse aujourd’hui, mais il reste encore bien des poches de résistance culturelle attachées à ces anciennes pratiques.

Aujourd’hui, la nostalgie de la campagne, l’amour de la nature et les exigences d’adaptation aux réchauffement climatique se combinent pour créer un mouvement puissant en faveur des plantations d’arbres en ville. Fort bien, mais cette demande sociale trouve-t-elle auprès des élus et dans les services des villes les compétences et les moyens nécessaires, les professionnels du paysage sont-ils en mesure de proposer une vision prospective de la végétalisation souhaitée ? « D’innombrables fausses bonnes idées témoignent non seulement de l’irrespect que l’on porte aux arbres et à leur temps spécifique, mais aussi au vivant en général ». La précipitation n’est pas bonne conseillère, particulièrement pour les arbres dont une des caractéristiques est la lenteur. Quelques principes nous sont rappelés utilement, comme « la quantité ne fait pas la qualité », « pas de sol, pas d’arbre ! », « la forêt et la ville, deux milieux incompatibles » ou « La taille, une fausse amie ; l’élagage, un vrai ennemi ». De nombreux exemples illustrent ces recommandations, qui vous permettront de voir les avantages et inconvénients de choisir de jeunes plants ou les arbres déjà formés, ou encore de végétaliser des murs ou d’y laisser pousser des plantes grimpantes.

Les beaux arbres en ville, ce sont souvent ceux qui sont là depuis longtemps. Des arbres qui seront intégrés dans les projets, sous-sol, sol et espace aérien. Pour ces arbres comme pour les jeunes qui viendront embellir et rafraichir les villes, Caroline Mollie propose un tiercé gagnant : « de l’air, de la terre, et du temps ».
Un livre abondamment illustré de photos et de dessins, des exemples pris dans toutes les régions de France et dans de nombreux pays étrangers, des encadrés riches en conseils pratiques : les développements généraux sont ancrés dans le réel, vous pourrez juger par vous-même de leur pertinence. Un livre lumineux pour des arbres merveilleux.

  • Vues : 95

Escapades vers le vivant

Alice d’Orgeval, photographies de Fred Lahache
Aux éditions Voyages Gallimard, 2023


Si, dans vos voyages, vous cherchez une « approche sensible de la destination », ce livre est fait pour vous. Une invitation à découvrir (ou redécouvrir) les richesses de la France, à partir d’une dizaine de sites au sens large, de la baie de Somme à la Brenne, du Vercors à Saint-Malo en passant par le Perche, le Berry et les alentours de Paris. Une occasion de se déconnecter de la vie quotidienne, de retrouver le sens de la nature et de rencontrer des « experts de l’art de vivre ».

Chacune de ses destinations présente de multiples facettes, entre littoral et intérieur des terres, entre ferme d’accueil et leçons de choses. Vous ferez la connaissance de guides nature, d’hôtes de « maison d’autres », d’artistes dont la nature est la source d’inspiration, de cuisiniers, parfois même de chefs étoilés, inspirés eux aussi par la nature et les trésors qu’ils y trouvent. Les histoires personnelles de toutes ces personnes sont évoquées, qui contribuent à une meilleure compréhension des lieux et du « vivant » qui y prospère. Ces escapades sont avant tout une immersion dans la nature sous ses différents aspects, ici un marais, plus loin une forêt, ou une baie littorale, une rivière sauvage, un bocage. Une nature sauvage, mais aussi humanisée. L’humain n’est pas toujours un nuisible, s’il a su s’intégrer dans les processus biologiques, et les favoriser.

Cette découverte sollicite tous vos sens. Vos yeux, votre nez, vos doigts, vos papilles gustatives et vos oreilles seront à la fête. Il faut parfois les guider, leur donner quelques repères dont vos interlocuteurs ont le secret. Voici, par exemple, une balade sonore dans le sud du Berry, une « bande-son du vivant » que vous trouverez à l’Abbaye de Noirlac. L’omniprésence des oiseaux est également une occasion de ravir vos oreilles, quel que soit le lieu.

Ces escapades vous rappelleront également les grands enjeux environnementaux de notre époque. Une série d’encadrés parsemés tout au long de l’ouvrage font le point sur la crise écologique, zoom sur les océans, les sols, le « surtourisme », les incendies de forêt, etc. D’autres présentent les réponses apportées ici et là, la pêche à pied durable, le « jardin en mouvement » cher au paysagiste Gilles Clément, le réensauvagement, etc. D’autres encore prennent de la hauteur et s’essaient à la philosophie, « C’est quoi, voyager ? » « C’est quoi le vivant ?», ou « Les fleuves ont-ils des droits ? ».

Ajoutez les adresses de ces lieux où la nature vous attend, et vous serez parés pour ces escapades, qui s’ajouteront à toutes celles que vous aurez découvertes par vous-même. Une belle aventure humaine.

  • Vues : 141

Les penseurs de l’écologie

Ouvrage collectif
©Les liens qui libèrent/L’obs, 2023

Si certains pensent que l’écologie est un mouvement récent, ils se trompent grossièrement. La pensée écologique est vieille comme le monde, tout comme les penseurs, nous est-il affirmé en liminaire de cette somme. Les lecteurs du dictionnaire du développement durable le savent bien, mais toux ceux qui voudraient faire « comme avant » ont tendance à se retrancher derrière un « on ne savait pas » bien commode. Bien sûr que nous savons, et depuis bien longtemps.

Le panorama des penseurs de l’écologie à travers les âges est éloquent. L’histoire personnelle de chacun, l’approche de l’écologie qu’ils ont privilégiée, la philosophie qui sous-tend leurs convictions, leur influence, immédiate et dans la durée, autant d’éléments qui nous font vivre le concept d’écologie. Les auteurs ont distingué trois époques, les premières alertes, l’âge politique et la situation actuelle résumée par le titre d’un ouvrage de Bruno Latour, « Où atterrir ? ». Chaque penseur est en quelques sorte pris en charge par un auteur qui nous le présente dans son époque et décrit sa pensée et les suites qu’elle a connues. 22 penseurs au total, plus quelques-uns évoqués dans la présentation, des scientifiques, comme Darwin et Haeckel, des religieux, au premier rang desquels figure François d’Assise, des économistes, comme John Stuart Mill, des philosophes, des artistes, des agitateurs en tous genres. La diversité de tous ces penseurs et de leurs approches témoigne du caractère universel de l’écologie, de sa place dans nos vies, individuelle ou collective.

Le nombre de ces penseurs est immense, et il a fallu faire un choix au risque de privilégier certains angles de vue. Le volet relation homme/nature, place de l’humain sur la planète et au sein du vivant, occupe une place particulière, notamment par rapport au côté « limites de la planète », où nous aurions aimé trouver Paul Valéry ou Bertrand de Jouvenel, par exemple.

Mais ne boudons pas le plaisir d’avoir retrouvé Ivan Ilitch, Jacques Ellul et Elinor Ostrom, et bien d’autres, qui ont su bousculer les idées dominantes et l’ordre établi pour montrer que d’autres mondes sont possibles, et que c’est à notre portée.

 

  • Vues : 178

Fake or not ? La voiture et l'eau sous observation

Voitures, D’aurélien Bigo
L’eau, de Charlène Descollonges

Aux éditions Tana, collection Fake or not ? 2023


Au-delà de ces deux livres publiés fin mai 2023, c’est la collection Fake or not ? dont il faut parler. Son ambition est de « contribuer à ouvrir le débat sur des bases fiables et sérieuses. Sans concession. » Pour y parvenir, la collection « s’attaque à un sujet et simplifie, résume, connecte les données et les chiffres fondamentaux pour partager l’état réel du monde et déconstruire les discours des faux savants ». Un projet bien utile en ces temps où les infox prospèrent.
Une structure claire et pédagogique pour ces ouvrages, largement illustrés de dessins et graphiques évocateurs. Ils sont conçus pour nous interpeler, et nous aider à voir comment les sujets traités se situent dans notre vie quotidienne. Voici tout d’abord les fondamentaux, les chiffres de base, inscrits dans la durée, l’historique. Les caractéristiques des voitures, leurs modes d’utilisation, leurs impacts. Nous apprenons ainsi que la voiture « représente plus de 60% de notre mobilité », ou que le poids moyen d’une voiture est passé de 800 kg à 1250 (soit plus 56%) depuis le milieu des années 1960. Pour l’eau, « l’empreinte eau » de chaque Français, calculée en intégrant toutes les formes de l’eau que nous consommons directement ou utilisées pour fabriquer les biens que nous consommons est de 4900 litres par jour, dont un bon tiers (37%) est dû à la viande que nous mangeons.
Nous entrons ensuite à l’intérieur du système voiture ou du système eau. D’où viennent-elles, comment sont-elles produites, avec quelles ressources, quels impacts de leur production ou de leurs utilisations, etc. Nous comparons par exemple les avantages et inconvénients des voitures thermiques et électriques, ou nous étudions le fonctionnement du cycle de l’eau, et sa situation actuelle.
La place de la voiture et de l’eau douce dans nos vies fait l’objet d’une analyse prospective. La première, véritable « couteau suisse » de notre mobilité, a progressivement structuré nos modes de vie. « On ne peut pas faire autrement », et sa conséquence : « puisqu’on ne peut pas faire autrement aujourd’hui, on ne pourra jamais faire autrement. Ainsi, la facilité consiste à ne rien faire pour que demain soit différent ». Quant à l’eau, « pour répondre à ses besoins, l’humanité s’est approprié l’équivalent de la moitié du débit mondial de toutes les rivières et de tous les fleuves ». Consommation excessive et pollutions ont déréglé le cycle de l’eau.
Des situations non durables, qui appellent des transformations profondes de notre relation à la voiture et à l’eau. Quel avenir pour ces deux piliers de notre vie personnelle et nos activités ? Comment faire pour que « demain, la voiture ne disparait pas, mais retrouve une juste place : moins utilisée, électrique, partagée et sobre » ? Quel « mode d’emploi » pour protéger l’eau et éviter les « guerres de l’eau », qui se manifestent de plus en plus sous la forme de conflits d’usage ?
Des livres qui posent les bonnes questions, et nous mettent devant nos responsabilités en inscrivant le sujet dans nos vies de jours les jours.

  • Vues : 156

Guide de l’archi à Paris

Philippe Simon
©Editions Gallimard, collection Alternatives, 2023

Deux ans après le guide de Paris Nature, voici celui de l’architecture. « 8 itinéraires pour découvrir la ville à travers son architecture ». Un livre qui sort à point pour les week-ends et les mois d’été, pour les Parisiens qui resterons chez eux et les innombrables visiteurs désireux de voir autre chose que Notre-Dame et la tour Eiffel. Des balades de 5km environ, à l’exception de celle consacrée au Paris industriel, 9 km, et en plus escarpée. 8 parcours qui permettent de passer de l’histoire ancienne à des époques plus récentes, avec le Palais Bourbon, le siège du Parti communiste Français ou la philharmonie de Paris.
Un livre qui a le mérite de montrer les diverses facettes d’une ville marquée par une histoire ancienne et riche, et par des activités économiques qui ont laissé des traces architecturales telles que des grands moulins et des halles métalliques bien connues. Les parcours proposés ne sont pas originaux, vous n’y ferez pas de découverte de site ou de monument qui n’aient été mille fois décrits dans des ouvrages approfondis sur l’histoire de la capitale. Pour certains, ils feront office de rappel, de remise à jour de connaissances accumulées au cours de leurs études et de leurs séjours parisiens. Pour d’autres, plus novices en la matière, ce livre sera une initiation à l’observation du patrimoine bâti. Il réveillera la curiosité, et donnera envie d’en savoir plus. Vous ne regarderez plus Paris de la même manière, et c’est là l’essentiel.
Des zooms permettent de développer quelques aspects tels que l’héritage haussmannien ou les passages couverts, ou encore de présenter succinctement l’histoire de sites ou de monuments marquants, comme la place de la Concorde ou le parc des Buttes Chaumont, ou encore les grands projets de François Mitterrand, de la TGB à l’opéra Bastille.
Suivez le guide !

 

  • Vues : 146

La nature sur les chemins de Saint Jacques

Georges Feterman
Chez « l’éditeur nature », Delachaux et Niestlé, 2023


C’est sur la voie Podiensis, du Puy en Velay au Pays basque que Georges Feterman nous conduit. Un cheminement où vous laisserez le chapelet que vous pourriez avoir emporté, au profit de jumelles, plus utiles que le chapelet pour observer les oiseaux. Vous traverserez une bonne partie de la France : « Aux volcans du Velay succèdent les gorges de l’Allier, puis les monts granitiques de la Margeride. On traverse ensuite l’immense steppe de l’Aubrac et la vallée du Lot, avant de nous plonger dans les causses du Quercy, la Lomagne puis l’Armagnac et le Béarn ». Exceptionnellement, vous laisserez de côté les merveilles architecturales qui abondent sur le chemin pour vous concentrer sur la nature, les sols, la végétation, la faune. Un lien, malgré tout, entre le bâti et la nature, les maisons et les murets qui bordent les chemins. Telle « église du XXIIe siècle raconte la géologie locale », telle ferme est une vitrine de la terre crue, tout comme les plages de sable de l’Allier le font « à leur façon la jeune histoire de la rivière ». La géologie est partout présente, avec en vedette la pouzzolane, les orgues de basalte et les falaises calcaires.

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  • Vues : 162

Turbulences dans l’économie mondiale

Laetitia Baldeschi, Juliette Cohen, Bastien Drut
© De Boeck Supérieur, Louvain-la-Neuve, 2023


Nous savons bien que le futur ne sera pas la prolongation du passé. De nombreux phénomènes bouleversent le paysage, et ce XXIe siècle semble particulièrement exposé à ces transformations. Il se trouve cependant que la plupart des théories économiques sont issues de l’observation du passé, et qu’elles ignorent les évènements récents. Plusieurs expressions résument le sujet, « être en retard d’une guerre, » ou bien la citation de l’économiste Keynes : « Tous les hommes politiques appliquent sans le savoir les recommandations d’économistes morts depuis longtemps, et dont ils ignorent le nom ». La « finitude » du monde et le changement climatique impactent lourdement les économies du XXIe siècle, et y apportent des turbulences multiples. Autant de défis qu’il va nous falloir relever collectivement en dépassant les théories anciennes.

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  • Vues : 182

Le guide des plantes sauvages & Mon potager pouvoir d’achat

Le guide des plantes sauvages, de carole Minker, Tana Editions, 2023
Mon potager pouvoir d’achat, un livre de Maud Roulot, Tana Editions, 2023

 Mon potager pouvoir d achat

Avec le printemps fleurissent les livres sur les plantes, sauvages et domestiques. Une occasion de se reconnecter avec la nature, bienvenue après la période hivernale. En voici deux, pour vous permettre de profiter pleinement des bienfaits des plantes, celles que vous cueillerez avec plaisir et curiosité en vous promenant, ou celles que vous aurez plantées et cultivées avec amour et patience dans votre jardin.
Le « guide » porte bien son nom. Pour chacune des 100 plantes qui y figurent, « vous trouverez une description vous permettant de la reconnaître dans la nature, de savoir quand la cueillir et comment l'utiliser en conscience (…) sans oublier de nombreux conseils pour utiliser au mieux ces plantes en cuisine et, sous forme d'infusion, décoction, macérat huileux, élixir floral, pour contribuer à votre santé, votre beauté, votre bien-être général et votre jardin ». 100 plantes, par ordre alphabétique, de l’achillée millefeuille à la violette odorante en passant par le gaillet gratteron et la menthe des champs. Vous saurez tout pour bien les cueillir, les conserver et les préparer. Et vous saurez tout sur la manière de les disposer pour cicatriser vos plaies, de lutter contre vos douleurs articulaires, pour assaisonner vos salades ou relever la saveur de vos soupes. Les bienfaits des végétaux sont connus et utilisés depuis des millénaires, ce guide sera une piqûre de rappel bien utile pour en profiter tout en préservant cette ressource de l’humanité.
De son côté, « Mon potager pouvoir d’achat » vous guidera sur la meilleure manière de valoriser votre petit coin de terre. Maud Roulot nous « propose un manuel pratique, un suivi précis d'une saison complète dans son potager, et elle nous explique comment elle essaye d'optimiser sa surface cultivée pour produire le plus de légumes possibles avec la place dont elle dispose ». Un objectif utilitaire, mais non ignorant des exigences de la nature. Faire du bien à son porte-monnaie, à son équilibre personnel, à la qualité de son alimentation, et en plus participer à la prospérité de la planète, voilà des dividendes multiples bien utiles en ces temps de crises combinées, alimentaires, sanitaires, et de pouvoir d’achat. Et c’est possible moyennant « quelques heures de travail par semaine ». L’autrice nous expose son cas personnel, où elle parvient à nourrir sa famille (4 personnes) de bons légumes pendant 10 mois de l’année, en cultivant 60m². Outre ses conseils d’ordre général, comme cultiver toute l’année et ne jamais laisser d’espace vide, elle nous décrit par le menu une année complète de jardinage, avec l’organisation de son jardin et les tâches à accomplir, les assemblages de cultures, et les récoltes tout au long de l’année. Un ouvrage pratique, genre « le jardin pour les nuls », accessible aux débutants, qui vous donne les clés d’un jardin qui allie la fin du monde et la fin du mois.
Alliez donc les plantes sauvages et celles de votre jardin, vous vous ferez du bien à bas prix, tout en câlinant la planète !

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La bataille du siècle

Stratégie d’action pour la génération climat

Jon Palais
©Les liens qui libèrent, 2023


Le sous-titre est limpide, il s’agit d’un manuel pour les militants de la génération climat. « Il est primordial d’agir efficacement, en visant juste, en déployant les bonnes stratégie ». Jon Palais fustige en effet les attitudes va-t-en-guerre, les slogans définitifs, les « discours qui poussent à gonfler le torse, à brandir les poings, à camper sur une posture », mais qui ne font pas avancer la cause du climat dans la vie réelle. Les formules incantatoires, la « radicalité d’apparat », non merci. Pour lui, « le dérèglement climatique est une chose tellement gigantesque, tellement sidérant que nous avons encore beaucoup de difficultés à l’intégrer mentalement ». Nous sommes devant un défi d’une extrême gravité, mais qui « représente aussi une formidable opportunité ». Une chance de « changer radicalement de système ».

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  • Vues : 162

Eoliennes pourquoi tant de haine ?

Cédric Philibert

© Les petits matins, 2023

Les éoliennes sont entrées dans notre univers. Bien vues d’une large majorité des Français selon un sondage Harris-Interactive de juillet/août 2021, et encore mieux par ceux qui vivent à moins de 10km d’une éolienne, elles font l’objet d’une campagne active de dénigrement, fondée sur un grand éventail d’infox, les fake-news en bon français. Le mot « haine » n’est pas trop fort pour exprimer ce sentiment de rejet, et il interroge : Pourquoi ? Même les députés EELV semblent réservés, sensibles aux arguments des « anti ». Curieusement, les partisans de la décroissance se retrouvent aux côtés des défenseurs des énergies fossiles et du nucléaire.

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  • Vues : 221

Le bâtiment acteur majeur des changements sociétaux

Alain Maugard, avec la collaboration de Michel Levron
© Kubik Editions, 2023


Faire du Bâtiment « l’objet du désir ». Et lui rendre justice. Souvent réduit à l’image « du fil à plomb et de la truelle », sans innovation ni perspectives, voilà le bâtiment propulsé en haut de l’affiche. C’est de lui que sont attendus les principaux résultats concrets de la lutte contre l’effet de serre. Du fait de ses caractéristiques propres, et aussi et surtout des modes de vie que nous y adoptons. Ceux-ci doivent évoluer profondément pour relever les défis du XXIe siècle, et le bâtiment doit offrir le cadre de cette transformation. Le terme de bâtiment durable n’a d’ailleurs aucun sens en soi, c’est le mode de vie de ses habitants qui doit être durable. « De secteur vieillissant, pour ne pas dire ringard », le bâtiment devient ainsi « un acteur majeur des changements sociétaux ».

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