
Economie circulaire
Walter R. Stahel & François-Michel Lambert
Dunod, 2025
Vous connaissez le sous-titre du rapport au Club de Rome Facteur 4 (1), « Deux fois plus de bien-être en consommant deux fois moins de ressources ». Le commissaire européen (de 2004 à 2014) Janez Potocnik a repris l’idée en la formulant de manière plus opérationnelle : « Il faut aller vers une économie où chaque kilogramme, chaque litre de ressources doit être utilisé de façon optimale ». Il définit ainsi une économie de performance, où le service rendu par chaque ressource est le critère d’évaluation de ladite performance. L’économie circulaire décrite dans ce livre répond pleinement à cette attente. Il s’agit de « vendre la performance des biens, au lieu des biens eux-mêmes ». Au menu, « stratégie d'allongement de la durée d'usage, de distribution de biens pour la vente de leurs services (location, leasing opérationnel), d'usage partagé en commun ou en série, et de nouvelles responsabilités civiles des producteurs ».
Deux lignes directrices décrivent les facettes de l’économie circulaire : R et D.
Le domaine du R est axé sur l'usage les objets manufacturés : Réemploi, réparation plutôt locale, refabrication régionale ou nationale. Le domaine du D entre dans la nature même des objets, jusqu'aux molécules et aux atomes qui les composent. Comment les revaloriser malgré leur dispersion qui les handicape face aux matériaux de base vierge.
Il s’agit donc de préserver la richesse des biens existants, d’en prolonger l’utilité autant qu’il est raisonnable de le faire, avant d’en valoriser les éléments qui les constituent, notamment l’eau et l’énergie qui ont été mobilisées pour les fabriquer, mais aussi le travail humain. Une dimension culturelle, sur nos modes de vie et de consommation, une dimension technologique, mais aussi une dimension économique. Il faut préserver la valeur des stocks, alors que nos économies sont fondées sur celle des flux. Le PIB est une somme de valeurs ajoutées, et ne tient pas compte des valeurs perdues par l’abandon ou le déclassement des produits emportés par le flux. Rendre plus de services en maintenant un stock à un bon niveau plutôt qu’en consommant de nouvelles ressources.
Ce sont de nouveaux modèles d’affaires qui sont à imaginer et à mettre en place, et les auteurs en citent de nombreux pour illustrer leurs propos. Le cas des industries minières, qui semblent particulièrement touchées par ce changement de modèle, est évoqué : « Elles peuvent jouer le rôle d'acteurs centraux allant jusqu'à contrôler les chaînes d'approvisionnement. Pour cela elles doivent faire pivoter leur modèle afin de parvenir à louer des molécules au lieu de vendre des matières ».
Nous retrouvons l’esprit du découplage. L’objectif de l’économie circulaire industrielle est de découpler la croissance économique et l’épuisement des ressources naturelles. L’action humaine plutôt que le recours sans fin à l’énergie et à des ressources non renouvelables.
Les institutions actuelles, ne seraient-ce que les comptabilités, publique et des entreprises, n’ont pas été créées dans cette optique, et un accompagnement doit être mis en œuvre pour engager la nécessaire transformation. De nouveaux indicateurs, une fiscalité favorisant le maintien de la valeur de l’existant plutôt que le recours à des matériaux neufs, et bien d’autres mesures peuvent être prises par les autorités politiques.
Un livre qui fait le tour de la question, définitions, historique, enjeux matériels et immatériels, et comment passer aux actes, le tout abondamment illustré de cas concrets, car l’économie circulaire est en marche. Un véritable manuel comme il se présente en introduction. Le développement durable en actions.
1 Paru chez Terre Vivante, décembre 1997
- Vues : 67
Ajouter un Commentaire