
Une nouvelle phase pour le développement humain
Avec l'arrivée d’une nouvelle équipe à la Maison Blanche, voici l’heure des grands mouvements, parfois hors des champs traditionnels de la pensée. Nous voyons le mal qui peut en résulter, comme la légitimation de la loi du plus fort et de la désinformation. Un recul manifeste de ce que nous appelons la civilisation. Cette remise en cause générale est en partie la conséquence d'un manque de perspectives du côté de « civilisés » et du mal qu'ils ont à proposer une nouvelle étape dans le progrès, face à la prise de conscience de la finitude du monde. Finie, l’expansion à l’infini de nos activités et de nos consommations, l’expansion comme objectif de développement humain ne fonctionne plus. Faute de trouver de nouvelles formes au progrès, c'est le repli sur soi qui prend le dessus, le chacun pour soi porté par les théories libertariennes.
La « civilisation » doit ouvrir une nouvelle période le développement humain. C'est un nouveau système de référence qui se constitue actuellement et qui devrait provoquer l'émergence de solutions originales, hors des cadres habituels de penser. Prenons quelques exemples.
La santé. Le débat aujourd'hui se focalise sur son coût, qui augmente régulièrement, ce qui conduit à des reculs mal vécus de prise en charge par la collectivité. Les progrès les plus spectaculaires dans l'histoire sont associés à deux évènements, l'hygiène et l'alimentation. Combien de nouveaux nés sont morts des suites du manque d'hygiène à l'accouchement, pour ne prendre qu'un exemple. La qualité de l'alimentation - dont l'hygiène est aussi une composante - se répercute directement sur la croissance des enfants et la résistance de tous aux multiples agressions que nos organismes doivent affronter. Et pourtant, la santé est vite assimilée aux soins. Un domaine où les progrès sont appréciés et il faut continuer dans cette voie, notamment pour lutter contre les nouvelles maladies ou celles qui accompagnent le vieillissement. Mais une autre voie doit être explorée, un élargissement et un approfondissement des volets hygiène et alimentation qui nous ont fait tellement de bien. Le lien environnement/santé est maintenant bien connu, et la politique « one earth », « Une seul santé », promue notamment par l'OMS, en est une application. La politique de santé publique de demain sera de plus en plus une politique d'environnement, dont le rapport coût/efficacité est bien plus favorable que l'approche exclusive par les soins. C'est une démarche qui existe déjà, mais qui doit devenir le pivot les politiques de santé, la santé publique, de la population dans son ensemble, comme base à l'approche individuelle.
Autre exemple le politique à reprendre à partir des fondamentaux. Le vieillissement de la population nous pose bien des problèmes. Le problème de santé et de coût des soins comme nous l'avons vu ci-dessus, mais aussi, et l'actualité nous le rappelle chaque jour, pour les retraites et leur financement. Les réformes successives sur ce sujet sont vite obsolètes et nécessitent des ajustements au fur et à mesure que la population vieillit. Jusqu'à quand ? La formule actuelle est née à une époque où la retraite pouvait permettre aux travailleurs de finir leur vie sans souci matériel et dans la sérénité. Quelques années. Aujourd'hui la durée de vie après la période dite « active » est du même ordre de grandeur que la jeunesse. Une vingtaine d'années. C'est une nouvelle période de la vie, à part entière, avec ses modalités et ses besoins spécifiques, et nous la considérons toujours, dans une approche comptable, comme un simple complètement de la vie active. Curieusement, les questions de pénibilité et de conditions de vie au travail n’ont été vraiment abordées qu’à l'occasion des ajustements sur les retraites. Un aspect secondaire du dossier. Et s'il devenait le principal ? Si la retraite apparaît comme une délivrance dans de nombreux cas, c'est bien que les conditions de travail n'apportent pas l'épanouissement que chacun peut en attendre, ou qu’elles ne les apportent plus. La question centrale n'est donc plus la recherche d'un âge pivot, dictée par les aspects comptables, mais la qualité de vie au travail, tout au long de la vie. Travailler plus longtemps n'a pas le même sens si vous trouvez de nombreuses satisfactions dans votre travail, et les relations qu'il provoque, ou si vous allez au travail à reculons, stressé, et fatigué, voire usé. C’est la conception même du travail, de la place qu’il occupe dans notre vie, de son évolution avec les années, qui est le nœud du problème, juste évoqué à la marge dans les débats actuels, comme des variables d’ajustement.
Ces deux exemples montrent que de nouvelles perspectives peuvent être ouvertes si les anciens cadres de penser sont abandonnés ou élargis. Nous aurions pu prendre bien d’autres domaines, comme l’information et l’éducation, ou encore la mobilité, l’habitat ou la vie locale. Tant que nous posons les problèmes dans un système de référence obsolète, aucune réponse satisfaisante ne pourra être trouvée, ce qui provoquera inévitablement un désintérêt pour la chose publique et ouvrira la voie à de faux prophètes. C’est l’adoption de nouveaux systèmes de référence, issus de l’observation du monde tel qu’il est aujourd’hui, qui s’appelle le développement durable.
Edito du 15 janvier 2025
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