Santé
Avec sa dimension sociale, la santé est une composante essentielle du développement durable. Elle a aussi sa composante économique, souvent regardée sous un angle bien étroit.
Un mot fort, dans nos préoccupations et notre culture. Et la santé, comment ça va ? A ta santé !
Un mot important à juste titre, et qui s’impose dans toute réflexion sur le développement durable.
L’épanouissement de l’Homme n’est-il pas l’objectif principal, avec son équilibre physique et mental ? C’est le volet social, l’environnement et l’économique venant concourir à cet épanouissement, en offrant à l’humanité ses ressources de toutes natures d’une part, un cadre pour les valoriser au mieux d’autre part. La santé constitue donc un objectif incontournable à inscrire dans une politique de développement durable.
Aujourd’hui, le débat porte sur son prix. Elle coûte de plus en plus cher. C’est bien embêtant pour notre économie, les ressources publiques étant lourdement mises à contribution. C’est également grave pour les pays pauvres, qui ne peuvent lutter contre des épidémies, et qui se retrouvent avec des handicaps insurmontables pour leur développement.
Cette présentation est incomplète, et n’est pas acceptable au titre du développement durable. On ne parle que de coût, alors que la santé a aussi une valeur. On l'a vu clairement, par exemple, avec le chikungunya.La maladie a un coût économique lourd, et les Aides débloquées au secours de la Réunion portaient beaucoup plus sur l’économie que sur la santé proprement dite.
C'est un problème plus général, dans notre comptabilité : les dépenses sont intégrées, et font l'objet d'âpres discussions, mais bien d'autres données sont oubliées. La valeur des prélèvements sur l'environnement, comme les ressources minières, sont intégrées chaque année dans l'économie. Elle représente des richesses qui devraient, dans un vrai bilan, apparaître en débit, mais on préfère les oublier. C'est peut-être pour ça que les pays les moins précautionneux pour leur environnement et leurs ressources ont de gros taux de croissance...
Mais revenons à la santé. Certes, elle coûte, mais l'absence de santé coûte aussi très cher. C'est comme les transports en commun : ils sont déficitaires, donc ils coûtent au contribuable, mais les jours de grève coûtent une fortune ! Et bien la santé, c'est une valeur, une valeur sociale, évidemment, mais aussi une valeur économique, dont bénéficient plusieurs parties. Tout d'abord les principaux intéressés, les individus, vous et moi, qui bénéficions de cette santé, grâce à laquelle nous pouvons travailler, si nous somme en activité, ou ne pas coûter à la société si nous ne travaillons pas. Mais aussi la communauté économique, qui emploie les non malades, et trouve en général une meilleure productivité chez leurs personnel en bonne forme. Le coût des arrêts de maladie, les différences de productivité selon les conditions de travail, illustrent ce phénomène. Il faut y ajouter que les bien portants sont probablement de meilleurs consommateurs, les produits médicaux et pharmaceutiques mis à part, bien entendu. Vous n'allez guère au cinéma quand vous êtes grippés. Bref, la bonne santé est profitable à tous, elle a de la valeur, une valeur partagée entre plusieurs catégories de bénéficiaires, et il serait bon qu'elle apparaisse dans les comptes de la sécurité sociale. La non considération de la valeur de la santé biaise tous les débats, et fait apparaître les dépenses comme un problème, alors que c'est le bilan entre les dépenses et la valeur créée qui devrait être au coeur des débats, avec la répartition de la charge et des bénéfices.
Ce qui est vrai en France l'est encore plus dans les pays du Sud, où les maladies infectieuses sont un frein sérieux au développement économique, et coûte en soi plusieurs points de PIB. Au drame humain, personnel, s'ajoute un problème économique. Le développement ne se divise pas.
Le développement durable nous amène à tenter, même si nous n'y parvenons pas toujours, à poser les questions de manière complète, en mettant sur la table l'ensemble des ingrédients, des données du problème. De même que la croissance du bien être ne peut se résumer au PIB, l'économie de la santé ne peut se réduire à son coût. L'approche purement compatble est réductrice, mais elle a sa logique si l'on intègre toutes les recettes et les dépenses. On voit bien, pour la santé, que ce n'est guère le cas. Ne nous étonnons pas ensuite que l'on ait du mal à trouver des solutions « durables ».
Chronique publiée le 11 mars 2006, revue le 15 juin 2010
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