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La qualité de vie au travail

A force de multiplier les alertes, certes justifiées, l’écologie a oublié la qualité de la vie, et même les humains, souvent représentés comme la cause de tous nos problèmes. Et pourtant il est illusoire de mobiliser le plus grand nombre sur un fond de décor de culpabilité, qui débouche sur l’accusation d’écologie punitive. L’écologie est, bien au contraire, porteuse de perspectives pour l’humanité, et doit faire rimer qualité de la vie avec prospérité de la planète. Deux fois plus de bien être, en consommant deux fois moins de ressources, nous disait le club de Rome. Deux objectifs à atteindre en même temps, à contre-courant de tous ceux qui ne voient le progrès qu’à travers la domestication de la nature, et des prélèvements sans limites, et de ceux pour qui pensent que l’humanité a péché, et donc qu’elle doit être punie.

« Nombreuses sont les politiques qui, par le passé, se sont opposées, au lieu de se soutenir mutuellement » nous dit Romano Prodi (1). Le développement durable nous invite à sortir de contradictions par le haut. La question du travail en est une bonne illustration.

Le travail est, selon la Bible, la punition des humains qui doivent donc subvenir à leurs besoins à la sueur de leur front. Une forme de malédiction, qui revient à opposer travail et qualité de vie. Et voilà que le Premier ministre nous dit que nous ne travaillons pas assez, et que c’est la cause de tous nos maux. Nous voyons plutôt, à l’échelle historique, que le temps de travail diminue et que la production augmente, ce qui laisse penser qu’il y a bien d’autres facteurs de production que le temps de travail. Il faut de solides arguments pour rompre avec cette tendance à la baisse du temps de travail, arguments qui prennent la forme de répétitions et non de raisonnements. Le débat ainsi posé donne en outre une part exclusive à la relation travail-production, alors que le travail a bien d’autres vertus, qui méritent d’être rappelées, comme les relations sociales qu’il procure, ou le sentiment d’être utile.

Parmi les paramètres à intégrer dans l’équation figurent la qualité du management et la qualité de la vie au travail. Globalement, il semble que les Français soient satisfaits de leur travail, qu’ils en sont d’ailleurs fiers, mais qu’il y a encore des progrès à faire. La moitié d’entre eux trouvent leur travail pénible, lui reprochent de ne pas offrir de perspectives d’évolution, et près des deux tiers souffrent de stress au travail (2). Pour que nous travaillions efficacement, il faut avant tout que nous en ayons envie. A défaut, nous le ferons quand même, nous en avons besoin pour vivre, mais à reculons, sans entrain, sans imagination, et notre productivité restera médiocre.

La qualité de vie au travail est un facteur essentiel de productivité. Peut-être se dégrade-t-elle depuis quelques années, si l’on en croit un indicateur éloquent, le nombre d’arrêts de travail. Le travail est assurément une tranche à part de nos vies, mais une tranche à part entière, et elle ne doit pas être pour autant exclue de la recherche d’une vie meilleure. C’est une demande sociale en croissance rapide, et les sondages auprès des jeunes, étudiants ou nouveaux venus sur le marché du travail, le confirment régulièrement, notamment l’étude publiée en avril dernier par l’Institut Montaigne.

Pas de refus du travail, au contraire, « La grande majorité des jeunes expriment un attachement fort au travail et des attentes centrées sur la qualité de vie au travail. » C’est sur ce point que les attentes sont les plus fortes, avec un accent sur les risques psychosociaux, notamment le stress, qui apparaissent plus importants que les risques physiques.

Rythmes de vie, équilibre entre vie personnelle et professionnelle, qualité des relations humaines au sein de l’entreprise, autant de facteurs qui méritent une attention particulière. N’oublions pas aussi les conditions physiques, qualité des locaux, conditions de transport, notamment pour les trajets domicile-travail qui contribuent aussi au bien être, avec ses conséquences sur la productivité du travail. Une ambiance bruyante, par exemple, entraine des difficultés de concentration, une fatigue nerveuse, et un sentiment de stress qui détériore le volet psychosociologique. L’expérience montre que la productivité du travail diffère sensiblement selon les conditions matérielles, un écart pouvant atteindre 15%.

Le travail comme punition, avec les souffrances qui vont avec, c’est une double peine, pour les travailleurs et pour l’entreprise. A l’inverse, la qualité de vie au travail permet à la fois l’épanouissement des personnels et la prospérité de l’entreprise. Un double dividende, caractéristique du développement durable.

1 - « Stratégie européenne en faveur du développement durable », Communauté européenne, 2002
2 - Sondage Elabe pour BFM rendu public le 30 avril 2025, veille du 1er mai !

 

Edito du 7 mai 2025

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