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Dumping écologique

Il existe plusieurs types de dumping. Selon Wikipédia, le dumping désigne pour un Etat, « la minimisation de certaines de contraintes légales en matière de fiscalité, de protection sociale ou de protection de l'environnement ». L'objectif est bien de vendre un produit moins cher que ce qu'il coûte à produire.

En ces temps où la concurrence internationale est remise en vedette, la question du dumping revient en force. Une pratique en cours au niveau des Etats mais aussi au sein d'un Etat entre les différentes activités. Le dumping social et sans doute le plus connu, il se pratique depuis toujours, il permet le pratiquer des prix de revient sensiblement inférieurs ceux des pays où je protection sociale est effective. Le dumping fiscal peut-être élargi à l'ensemble des interventions de l'Etat pour favoriser telle ou telle activité. Il en été fortement question pour les véhicules électriques chinois, accusés d’être subventionnés. Une autre manière de faire est le recours à la commande publique, notamment dans le domaine militaire qui permet d'échapper en partie aux lois de la concurrence, et peut être aisément masqué au titre du secret défense.

Le dumping environnemental est d'une autre nature. La première victime est l'environnement sous différentes formes, réchauffement climatique, chute de la biodiversité, pollutions diverses, dont les coûts peuvent être considérables, mais qui n'apparaissent pas dans les comptes. Dégrader un environnement, comme la qualité de l'eau par exemple, permet sans doute à des entreprises de réduire leurs coûts, mais en créant une charge pour la collectivité. Cette charge peut être considérée comme une subvention de la collectivité à l'entreprise, subvention qui de surcroît n’apparait pas dans les comptes ni de l'Etat ni de l'entreprise. Le jour où la pollution devient insupportable et où des restrictions apparaissent sous forme de règlement ou de taxes, c'est évidemment le branle-bas de combat dans l'entreprise. L'équilibre financier ancien et cassé. Peu importe qu'il ait été biaisé par l'absence de prise en considération de l'environnement, ce changement est toujours mal vécu, il provoque les réactions parfois vives, avec la menace traditionnelle de devoir fermer l'entreprise. Voilà l'environnement punitif, l'environnement empêcheur le produire en rond, l'environnement voilà l'ennemi. Pauvre environnement qui a été exploité par l'entreprise pendant des décennies et qui se trouve ainsi traité de tous les noms.

Curieusement, quand la collectivité intervient en amont, sa dépense est bien prise en compte. Et tout le monde dit alors que l’environnement coûte cher. L’exemple classique est celui des contrats passés avec les agriculteurs pour protéger des champs captant, de manière à délivrer une eau pure sans avoir à la traiter. L’économie ainsi réalisée est reportée sur les consommateurs, qui paient leur eau moins cher, mais l’opération apparait comme une charge pour la collectivité, alors qu’elle est hautement rentable. Les subventions aux agriculteurs sont nettement moins importantes que l’économie sur le prix de l’eau. La tentation observée depuis la crise agricole de revenir sur certaines réglementations environnementales risque de coûter cher à la collectivité, notamment en termes de santé publique et de sécurité sociale, mais il ne semble pas que cet aspect de la question soit envisagé, alors que nous sommes en pleine crise des finances publiques. L’allègement de la règlementation revient dans les faits à subventionner les pollueurs, contrairement au principe pollueur-payeur, et aux déclarations d’un ancien Premier Ministre, qui préconisait « Quand tu casses, tu répares ! ». Ce n’est pas en abandonnant toute exigence environnementale que nous sortirons durablement de la crise agricole.

Revenons à l’échelle internationale. Le refus américain de considérer le réchauffement climatique conduit à une forme de dumping, en supprimant toutes les charges et toutes les réserves à prendre pour lutter contre l’effet de serre. Un avantage compétitif qui fausse les relations commerciales, et pourrait entraîner des réactions en chaine. Le dumping climatique qui toucherait alors d’innombrables produits, tous ceux qui sont fabriqués à l’aide d’une énergie qui ne pairait pas le prix de son impact environnemental. Les méfaits du négationnisme climatique sont contagieux.

Edito du 19 février 2025

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