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Changer de mode de penser

Changer de Premier ministre, changer de politique, changer de mode de penser. Inconsciemment, nous sommes tenus par des codes, des manières d'aborder les problèmes, des repères qui orientent nos réactions, et y apportent une part d'affectif liée à notre histoire personnelle. Le débat politique n'échappe pas à cette règle. Il est codé et chaque camp campe sur ses positions, élaborées au fil des années. Le blocage en est le résultat, avec pour seule issue le recours au rapport de force, avec des vainqueurs et des vaincus et les frustrations qui en découlent, lesquelles ne pourrons qu'accentuer l'écart entre ce qui devient des postures.

Difficile dans ces conditions de trouver une voie de progrès sans changer de mode de penser sans choisir de nouveaux repères. Prenons 4 exemples dans l'actualité pour illustrer cette nécessité.

Le vieillissement de la population. Nous le considérons souvent comme un handicap, nous cherchons à le combattre. Le vieillissement est inéluctable et le retarder ne fait que repasser le problème à nos enfants, un cadeau dont ils se passeraient bien. Il est inéluctable car il est une conséquence mécanique de l'arrêt de la croissance de la population mondiale. Au lieu de lutter contre, il vaut mieux faire avec, et organiser la société de demain en intégrant cette tendance. Comment mieux intégrer les vieux, comment en faire une ressource et non une charge, voilà un nouveau mode de penser qu'il faut adopter pour ne pas se laisser dépasser par les événements.

Autre exemple : le budget et le déficit chronique de la France. Ce déficit et le résultat de choix accumulés au cours des ans, et qui provoquent des coûts Incompressibles et répétés chaque année. Une part significative de ces coûts aurait pu être évitée en orientant différemment les politiques et par des mesures de prévention notamment. Il s'agit souvent du coût de la santé, supporté par la sécurité sociale, comme l'obésité qui pèse à la fois sur les finances publiques et le budget des ménages, 10 milliards par an pour chacun. Selon l'Institut Montaigne, la mauvaise alimentation coûte 125 milliards d'euros par an au système de santé français. Et l'adaptation au changement climatique coûtera également très cher, bien plus que les mesures à prendre pour l'atténuer. L'intégration du concept de coût évité dans les comptes publics et dans la comptabilité nationale permettrait d'éclairer les choix et de réduire nos déficits tout en préservant notre patrimoine humain et naturel.

La dictature du court terme. Le mode de fonctionnement privilégie des réponses immédiates aux questions, aussi bien dans les affaires publiques que pour les entreprises et les particuliers. Nous l'avons vu ci-dessus, le déficit du budget de l'Etat est la conséquence de mesures prise sans considération de leurs effets collatéraux, qui ne se révéleront que progressivement. Intégrer la durée dans nos modes de pensée permettrait de consolider nos décisions et d'optimiser nos choix. Une exigence difficile à proposer aux particuliers, mais qui devraient être la règle pour les collectivités, et pour la mise sur le marché de nouveaux produits. Que les solutions d’aujourd’hui ne soient pas les problèmes de demain.

Autre dictature dont il faut se libérer, celle de la quantité. Travailler plus pour produire plus, c'est oublier que la production dépend de bien d'autres paramètres que la durée du travail. Son organisation, les conditions dans lesquels il se fait, le management, la formation des personnels, la motivation, la disponibilité des matières premières, et la nature même de la production sont autant de facteurs déterminants sur le volume de la production. Et il ne suffit pas de produire, une faut ensuite trouver des acquéreurs. Un mot résume les autres considérations à intégrer au débat, qualité. Qualité du produit ou du service, qualité des conditions de travail, qualité des formations, qualité des relations humaines. Le raisonnement s’étend à la ressource naturelle, notamment le sol pour la production agricole. Réduire les surfaces cultivées pour en dégager pour les éléments naturels, comme des haies, est un facteur favorable à la production. Et pour l’énergie, ce n’est pas la quantité qui compte mais son efficacité. Le concept de certificat d’économies d’énergie est une traduction de ce nveau mode de penser, récompenser la non-consommation, à service rendu égal et même souvent supérieur.

Ces quelques illustrations montrent qu’il est possible d’aborder les grands problèmes de ce monde avec un autre état d’esprit, et surtout avec d’autres présupposés que ceux dont nous avons hérités. Renouveler notre système de référence, le mettre à jour pour affronter la fin du carbone et la stabilisation de la population mondiale, voilà ce que l’on peut attendre d’un changement de gouvernement, pour sortir des affrontements stériles. Pour une recivilisation.

Edito du 10 septembre 2025

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