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Ressources, Nature et mer

Climat

Le climat fait partie de notre patrimoine. Un patrimoine commun qui se dégrade, ce qui pourrait provoquer de graves désordres. Et si la lutte contre l’effet de serre était un défi porteur de progrès ?

Nous pensons souvent aux grands deltas dans le monde, touchés par la montée du niveau de la mer ; nous pensons aussi, pour la France, aux stations de sports d’hiver, qui devront se reconvertir faute de neige : toutes les régions sont touchées. En 2013, l’Aquitaine a été la première région en France à tenter de transposer sur son territoire les effets du changement climatique(1). [ Changement ou dérèglement, plutôt que réchauffement, car le réchauffement global et en moyenne se traduit dans les faits par des évolutions contrastées dans le temps et dans l’espace ]. Les scientifiques ont traduit en langue ordinaire l’impact du changement, et les acteurs économiques et sociaux ont pu à leur tour le traduire en conséquences pour les activités et la vie quotidienne. La côte sableuse qui recule, le vignoble exposé à de fortes températures, le manque d’eau pour l’agriculture, les tempêtes plus fréquentes et plus violentes, etc. Avec de notables variations locales, le changement climatique impactera toutes les régions, toutes les activités, et notre vie quotidienne :  apparition de nouvelles maladies ou de nouveaux virus, migrations « climatiques » qui lanceront des millions de personnes à la recherche d’un nouveau pays, biodiversité en forte régression, etc. Des politiques d’adaptation au changement climatique sont élaborées en complément de celles de lutte. Ici, c’est le transfert de populations de la côte à l’intérieur des terres, là c’est l’implantation anticipée d’espèces d’arbres au Nord de leur région actuelle, pour préparer la forêt de demain.
Le climat est une chose tellement « naturelle » que nous n’y pensons même pas, alors que notre vie est organisée en fonction d’un climat particulier. Quand le changement est lent, la nature et les activités humaines s’adaptent spontanément, mais le phénomène actuel est très rapide. L’effet de serre a toujours existé autour de la planète, et il dépend de la composition de la haute atmosphère. Le déstockage massif de combustibles fossiles a provoqué une augmentation du taux de CO2 notamment telle qu’une évolution autrefois plurimillénaire se produit en quelques siècles. Nous voici aujourd’hui parvenu au stade critique où le changement se voit : il ne concerne pas uniquement les générations futures. Nos enfants et petits enfants seront directement impactés.
Le changement sera différent selon le degré du réchauffement global. L’objectif de 2° adopté à Copenhague en 2009, semble incontournable si nous voulons maitriser le phénomène. 1,5° serait encore mieux, selon les accords de Paris (2015).  Au-delà, c’est l’aventure, au mauvais sens du mot. Le déclenchement d’évènements en chaîne, avec la libération de gaz à effet de serre actuellement prisonniers dans des sols gelés, la baisse de productivité des océans et de leur capacité à absorber le CO2, la disparition d’immenses surfaces enneigées ou couvertes de glace qui réfléchissent l’énergie du soleil, etc. L’évolution du climat ne connait pas d’effet régulateur, et on peut craindre des effets amplificateurs.
Le changement est en route, mais il est encore possible de l’atténuer et de limiter ses conséquences. C’est un défi auquel l’humanité est confrontée, et qui doit orienter le « progrès » au sens du XXIe siècle. Un défi source d’opportunités : le coût du changement climatique est au moins 5 fois supérieur à l’investissement nécessaire pour le réduire, et peut-être bien plus, si tous les effets sont pris en compte. Rappelons que les services que la nature nous rend « gratuitement », non comptabilisés dans la PIB, sont au moins équivalents au PIB officiel, et parfois bien plus selon certains experts. Le climat tempéré humide que connait une bonne partie de l’hexagone est une chance, comme la position de la France à l’extrémité du continent, avec des influences continentales, nordiques, océaniques, méditerranéennes. Laisser filer ce capital serait un drame économique.
Des notes d’optimisme nous parviennent parfois, comme le prix des énergies renouvelables : elles seront moins cher que les fossiles d’ici 2020, et devraient détourner à leur profit les investissements énergétiques. La progression de ces énergies est toujours plus rapide que les prévisions ne le laissaient penser, ce qui montre que les résistances, encore vives, sont petit à petit réduites. Mais le défi n’est pas gagné, et la « malédiction des biens communs » n’est pas levée. Une chose est certaine : ce n’est pas en agitant le peur du dérèglement que nous lutterons contre lui, mais en proposant d’autres modes de développement, attractifs pour l’humanité et compatibles avec les limites de la planète.


1 - On pourra se reporter à l’ouvrage publié en juillet 2013, sous la direction d’Hervé Le Treut,
Les impacts du changement climatique en Aquitaine (Presses universitaires de Bordeaux et LGPA Editions)

 
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