Réemploi, architecture et construction
Sous la direction de Pierre Belli-Riz
©Editions du Moniteur, 2022
« Une approche du projet à réinventer ». Le concept de réemploi conduit à revisiter les pratiques architecturales traditionnelles. Tel est le premier enseignement de cet ouvrage collectif, qui en explore les différentes modalités, les étapes de la démarche et les conditions du succès. La contrainte permet souvent de trouver de nouvelles voies de progrès, le bâtiment n’y échappe pas. En voici une, à partir du constat de la rareté des ressources. Une qui n’est pas nouvelle, elle a été largement empruntée au cours des siècles, mais elle a été mise à mal au siècle dernier, au profit d’une industrialisation et d’une approche linéaire de l’économie. Nous voici dans une approche circulaire.
La première étape consiste à démolir le moins possible. La ressource est déjà là, ré-utilisons-la, à chaque fois que c’est possible. Des raisons techniques, économiques et financières, urbanistiques ou environnementales peuvent conduire à cette extrémité, mais le minimum est d’expertiser le bâti avant de le condamner. A défaut de reprendre tout ou partie de l’existant, cherchons à réemployer ses éléments. Un inventaire est la première étape de ce processus, avec deux approches différentes, selon que vous ne reprenez que les éléments ordinaires, plus ou moins standardisés, qui pourront être réutilisés rapidement, ou que vous vous intéressez plus au potentiel qu’ils représentent, sans idée précise de leur avenir.
C’est toute une filière, de la démolition au réemploi, qui se constitue, pour mettre en contact l’offre et la demande, avec des plates-formes d’échange, physique ou virtuelles. L’ouvrage présente quelques initiatives dans ce domaine, mais beaucoup reste à faire. Ajoutons la question des assurances, toujours réservées quand les projets sont hors-normes, et qui demande une attention particulière.
L’essentiel n’est pas là. Que ce soit par la reprise d’une construction existante ou le réemploi d’éléments, il s’agit d’une approche architecturale d’un nouveau type. « Le réemploi pose la question fondamentale de l’unité de l’œuvre ». C’est un effet Arlequin qui peut surprendre, et l’unité de l’œuvre est à chercher « dans la structure dans laquelle les différentes pièces prennent place ». Le réemploi conduit à « privilégier les processus ouverts », opportunistes, même, avec un art de l’improvisation et une capacité de réaction pour opérer des ajustements permanents. A l’inverse des « conceptions architecturales surdéterminées », « la quête de la ressource (…) fait partie du processus de conception ».
Un ouvrage qui donne envie de se lancer dans cette aventure qui n’en est qu’à ses débuts, notamment grâce à la présentation de nombreuses réalisations généreusement décrites en appui du discours.
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