
Gardiens de la forêt
L’appel des peuples autochtones
Claire Eggermont & Marc Dozier
©Editions du Seuil & Arte éditions
« Comptant entre 370 et 500 millions d'individus, appartenant à plus de 5000 ethnies différentes et parlant plus de 4000 langues, ils [les peuples autochtones] occupent encore 22% des terres de la planète répartie sur 80 pays ». Devant les menaces multiples du patrimoine exceptionnel que constituent les forêts pour l’humanité, certains préconisent une protection totale, allant jusqu’à l’exclusion des secteurs sensibles de toutes formes de vie humaine. En plus du drame humain qu’une telle mesure représente, ce serait nier la capacité de leurs habitants de toujours à protéger les forêts plus efficacement que toute politique autoritaire. Bien sûr, certains peuples autochtones ne sont pas irréprochables, comme le signale Francis Hallé dans la préface. « Arrêtons de les caricaturer en héros de l’écologie mais donnons-leur des véritables moyens juridiques et financiers, et chargeons-les de la conservation de leur espace naturel. Ils seront alors, à n’en pas douter, les meilleurs gardiens de la forêt. »
Cette conclusion s’impose à l’observation de cinq grandes forêts qui jouent encore un rôle essentiel dans le maintien des principaux équilibres planétaires, pour le climat, la biodiversité et l’eau douce en particulier. Nous voici partis pour un vaste tour du monde illustré de magnifiques photos : La Papouasie, de la mangrove aux prairies alpines à plus de 3 500m d’altitude en passant par la forêt tropicale d’altitude, la forêt boréale du Canada, « la plus vaste étendue sauvage du monde », l’Amazonie, « le poumon vert de la planète bleue », la Mongolie et la taïga, de la toundra sibérienne au désert de Gobi, et le Gabon, « cœur vert de l’Afrique ». Pour chacune de ces forêts, un témoignage d’un « gardien » ouvre la présentation du territoire concerné et des peuples qui l’occupent. Leurs modes de vie (alimentation, habitat, etc), leurs cultures et leurs croyances, et les pratiques qui en sont les manifestations, rituels, éléments décoratifs, médecines traditionnelles, et transmission des savoirs entre générations. Et enfin les relations toujours tumultueuses de ces sociétés avec « la civilisation », les pressions de toutes origines pour l’exploitation des ressources de ces territoires. Un panorama riche en informations sur ces forêts mythiques, et surtout leurs habitants qui en ont été les « gardiens » jusqu’à ce jour. Leur singularité leur a permis de conserver une culture profondément influencée par la nature, à laquelle ils doivent tout et qu’ils connaissent, à leur manière, mieux que personne. Comment valoriser ce savoir, cette conception des relations avec la nature et le vivant dans sa globalité, c’est le défi qu’il nous faut relever, pour eux-mêmes et la planète. Pour qu’ils soient les meilleurs gardiens de la forêt.
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