
L’enseignement des crises
La crise de la COVID nous a appris ce que nous aurions dû savoir depuis toujours. Il ne faut pas négliger la prévention et la préparation aux crises, comme le maintien d ’un stock utilisable de masques, ou de doses de vaccin, par exemple. Elle a aussi mis en évidence des carences qui entraînent des conséquences permanentes, hors des crises. L’hygiène de vie est souvent oubliée. Nous savons que la santé dépend pour les ¾ des conditions environnementales, et l’hygiène en est un facteur clé. La bonne ventilation des locaux fermés, dans les bureaux ou les écoles, est un atout puissant contre la propagation de maladies infectieuses. Nous savons également que c’est un atout également en termes de productivité du travail et de succès scolaire. Le renouvellement d’air nous permet de se concentrer, le confinement produit des maux de tête et du stress. Le lavage de mains dans les écoles avant de passer au réfectoire divise par deux la fréquence des maladies infectieuses. Beaucoup d’écoles ont constaté lors de la crise qu’elles n’étaient pas équipées pour ce geste pourtant essentiel. Ce sont des phénomènes documentés, mais ils n’avaient guère été traduits en actions concrètes. La COVID a montré nos carences et l’importance du chantier à engager pour sauvegarder la santé, mais en avons-nous tiré les enseignements ? La question de la ventilation doit d’ailleurs être traitée avec celle de l’énergie et de la lutte contre l’effet de serre. Le climat et la santé, même combat.
La COVID nous a aussi appris qu’il ne fallait pas abandonner les recherches engagées à la suite de la crise précédente. Le SARS 1 avait été l’occasion de travaux sur les coronavirus, mais les moyens affectés avaient été fortement réduits une fois l’alerte passée. Ce sont d’autres recherches, menées sur l’ADN, qui ont permis de créer le vaccin libérateur, et c’est la qualité des systèmes de recherche médicale qui est, en définitive, notre meilleure arme face aux crises souvent inédites.
Le succès le la réaction à une crise vient donc de la situation avant qu’elle n’éclate. Sommes-nous prêts à les affronter, notamment celles dont des causes sont mal connues comme c’était le cas avec la COVID ? La prévention élaborée à partir de notre mode de vie, de consommation, en est un instrument déterminant, elle diffuse une culture du risque et réduit les effets secondaires qui pourraient naître de la destruction d’infrastructures essentielles. Elle reste malgré tout un parent pauvre de la Santé au sens administratif, qui la réduit aux soins comme l’indique le nouvel intitulé du poste ministériel en charge « de la santé et de l’accès aux soins ». La santé, au sens de l’OMS, être bien dans son corps et son esprit, la meilleure manière de contenir le besoin de soins, semble ben loin, de même que le concept « Une seule santé » également soutenu par l’OMS et qui rattache la santé humaine à celle des autres êtres vivants et à la planète.
La situation de Mayotte est très alarmante, et traduit une impréparation inquiétante. Les inondations en métropole nous ont depuis longtemps montré l’importance de maintenir des axes de communication capables de supporter des évènements violents. L’éloignement de l’archipel aurait dû, compte tenu de sa situation en zone à risque de cyclones, pousser à la création de stocks de produits indispensables. La puissance du cyclone qui l’a ravagée était parfaitement prévisible, même si aucun équivalent ne l’avait précédé à Mayotte. C’est donc avant le cyclone que tout s’est joué, mais nous avons du mal à dégager des moyens « avant la catastrophe ».
Il y a d’autres formes de catastrophes, qui montent en puissance régulièrement, mais dont les effets n’en seront pas moins brutaux si nous ne nous y préparons pas. Le réchauffement climatique et la chute de la biodiversité en sont deux exemples bien connus, mais il semble bien que les moyens mis en œuvre pour s’y préparer, d’un côté pour en réduire l’importance et d’un autre pour s’adapter au nouveau contexte, soient bien en-dessous du besoin. Nous nous accrochons au monde d’hier, au lieu de nous préparer à celui de demain.
Profitons du solstice d’hiver pour regarder vers l’avenir et profiter des changements pour vivre mieux, au lieu de se complaire dans une nostalgie qui nous empêche d’anticiper et de prendre des positions dans le monde de demain.
Joyeux Noël !
Edito du 25 décembre 2024
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