Quoi de neuf ?
Pas grand chose. La "convention citoyenne" a surtout recyclé des propositions mille fois entendues, ou de bonnes intentions comme le respect de la loi. Tout ça pour ça. L'objectif était-il de changer le statut de ces propositions, qui sont à présent portées par la convention plutôt que par des associations environnementales ? L'absence de nouveauté est malgré tout une déception. A quoi bon des regards neufs si c'est pour accoucher de vieilles revendications si légitimes fussent-elles ? Peut-être le contexte permettra-t-il de leur donner plus de crédibilité et d'opinions favorables, mais la difficulté sera de passer aux actes. Beaucoup d'obligations ou de contraintes dans ces 150 propositions, qui interrogent évidemment sur leur acceptabilité. On ne fait pas boire un âne qui n'a pas soif nous rappelle la sagesse populaire.
Rappelez-vous la Commission Attali, pour la "libération de la croissance". C'était en 2008. Beaucoup de commentateurs y ont retrouvé des mesures classiques, préconisées depuis longtemps par d'éminents spécialistes, mais qui n'avaient pas trouvé de traduction dans les faits. Elles n'ont pas trouvé de nouvel élan à la suite du rapport Attali. La vraie question auraient dû être : Pourquoi ces mesures, qui s'imposent selon les experts, ne sont-elles pas mises en oeuvre ? Peut-être parce que ce ne sont pas les bonnes, ou parce que les résistances sont trop fortes. Comment lever ces freins ? La copie des 150 est du même tabac. Comment passer des bonnes intentions aux actes ? Sans doute en innovant, en accompagnant la contrainte de perspectives engageantes, qui donnent envie de faire l'effort demandé. Il est permis de se demander comment six mois de travail de 150 citoyens n'a pu produire autre chose que du déjà entendu. Comment leur travail a été animé, quelles ont été leurs sources et leurs références documentaires. La valeur "citoyenne" ajoutée n'a pas porté sur la manière de donner envie de lutter contre l'effet de serre, et d'entraîner le maximum de nos concitoyens dans cette lutte. Ils sont manifestement passés à côté du sujet, ce qui est bien dommage, voilà une occasion perdue. Le "grand débat" l'avait aussi été. Ce genre de consultation, débat public, conférence de consensus, ne s'improvise pas. Il faut un savoir faire, et une animation véritablement ouverte, et non acquise à la cause en discussion. Ces conditions ont-elles été prises en considération, dans la convention citoyenne comme dans le grand débat ? Il est permis d'en douter, au vu du peu d'intérêt manifesté pour la commission nationale du débat public, qui tente, justement, d'acquérir et de promouvoir ce savoir faire. La loi limite son champ de compétence à l'environnement, mais elle aurait pu faire bénéficier de son expérience les organisateurs de ces consultations. Cela nous aurait évité quelques déceptions, et produit des travaux autrement plus originaux qu'une restitution, même jugée "ambitieuse", de vieilles idées. Celles-ci ne sont pas à rejeter, bien sûr, mais nous aurions aimé les voir insérées dans une vision originale, susceptible de motiver une large gamme d'acteurs, du citoyen-consommateur-contribuable, à l'élu local, à l'entrepreneur et aux fonctionnaires en charge de faire appliquer la loi. A moins d'une bonne surprise, encore un coup d'épée dans l'eau ?
Edito du 24 juin 2020
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