Gare au permafrost
Un sondage réalisé par l'institut BVA pour Greenpeace France montre que plus de 80% des français sont favorables à des contraintes pour les autres, mais beaucoup moins à des contraintes pour eux-mêmes, pour leurs achats par exemple. Quelle surprise ? Greenpeace aurait sans doute pu faire l'économie de ce sondage. Beaucoup sont par ailleurs persuadés que c'est notre mode de vie qui est à l'origine de la catastrophe sanitaire, notamment notre relation avec la vie sauvage. Il me semble pourtant que cette relation est bien moins intense qu'elle n'était, et que les marchés chinois aux animaux sauvages ne datent pas d'aujourd'hui, ils seraient plutôt en régression. L'exposition aux nouveaux virus est ancienne, et faisait des dégâts locaux tout en sélectionnant au cours des siècles les humains qui savaient leur résister. Des victimes probablement nombreuses, mais disséminées dans le temps et dans l'espace, et noyées au milieu de celles de maladies infectieuses. C'est sa propagation qui a pris de nouvelles formes, rapide et universelle. La COVID 19 est ressentie comme un avertissement, mais sans doute pas de la manière que l'on pense. Elle nous montre notre fragilité, et démystifie notre capacité à dompter la nature, à tout prévoir. C'est une bonne chose que ce rappel, enregistrons-le, et tirons en les enseignements. La COVID 19 n'est peut-être qu'une avant garde. Une armée de virus pourrait bien la suivre, conséquence du réchauffement climatique. Le virus se conserve dans le froid, et notamment dans les sols gelés, comme le permafrost ou le pergélisol en bon français. Le problème est qu'ils se dégèlent, et libèrent un tas de choses. Il y a de l'oxyde de carbone, qui va accentuer l'effet de serre et le rendre encore plus puissant, il y a aussi des virus. De vieux virus venus des âges préhistoriques, et qui seront bien plus dangereux que les brontosaures et autres tyrannosaures de Jurassic Park. Des virus auxquels l'espèce humaine n'a jamais été confrontée. Il n'y a pas eu de sélection des humains "résistants", nous sommes tous à la merci de ces revenants. Et c'est bien l'action anthropique qui en est la cause, le réchauffement provoqué par nos émissions de gaz à effet de serre. Faute de connaître précisément quels virus vont nous envahir, une recherche fondamentale sur les virus devient une nécessité absolue. Une recherche internationale, toute l'humanité est concernée et personne n'est à l'abri. Cette recherche est trop contingente. Elle est boostée à la suite de chaque alerte, comme le SRAS des années 2002-2003, et progressivement abandonnée à son sort dès que la situation s'améliore. Nous sommes ainsi pris au dépourvu à l'alerte suivante. Des fluctuation dans les programmes de recherche qui ne facilitent pas, et c'est un euphémisme, l'obtention de résultats et d'un fond de connaissances suffisant pour faire face aux imprévus. Plus que des marchés chinois, c'est donc du permafrost que vient le danger. La COVID nous y prépare, mais n'oublions pas que la lutte contre l'effet de serre est tout aussi importante pour préserver notre santé. Elle freinera en outre la progression vers le nord de maladies du Sud, et diffusée par des moustiques, comme les rats, jadis, ont colporté la peste.
Edito du 17 juin 2020
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