Les taxons de la finance
C'est le 23 janvier dernier qu'un accord a été conclu pour une taxonomie verte européenne. Taxonomie ? C'est une branche de la biologie dont l'objet est de décrire les organismes vivants et de les regrouper en entités appelées Taxons, pour mieux les observer et comprendre leur fonctionnement. Une forme de classification, qui fait apparaître des propriétés, des comportements. Voilà donc la taxonomie appliquée à la finance. ça n'a pas été facile, mais les négociations sur le projet proposé par la Commission européenne en mai 2018 ont débouché sur un accord dans un déli raisonnable, compte-tenu du rythme européen.
Le but de l'exercice est de donner des repères pour identifier et caractériser la "finance verte". Voilà « un langage commun pour déterminer les activités économiques qui peuvent être considérées comme durables sur le plan environnemental ». Les investisseurs vont pouvoir faire les bons choix, et rejeter le financement d'activités néfastes pour l'environnement. Les fonds d'investissement, parmi lesquels les fonds de pension dont on parle beaucoup des derniers temps, pourront enrichir leurs mandants tout en faisant du bien à la planète. Un double dividende, bien sûr, avec six objectifs environnementaux : atténuation du changement climatique, adaptation au changement climatique, utilisation durable et protection des ressources hydrologiques et marines, transition vers une économie circulaire, prévention et contrôle de la pollution, protection et restauration de la biodiversité et des écosystèmes. Pour être dans la bonne catégorie, le bon "taxon" diraient les écologues, il faut faire la preuve que l'on est bon dans au moins un de ces 6 domaines, sans être mauvais dans les autres, plus normes minimales en matière sociale et de gouvernance. Il était tremps. Dans un communiqué du 19 septembre dernier, Novethic indiquait que "On est donc loin d’une vision commune et partagée de ce que doit être un reporting permettant d’évaluer la contribution des activités économiques et financières aux ODD (Objectifs du Développement Durable), qu’elle soit positive ou négative", même si un bon tiers des 100 plus gros investisseurs institutionnels français (plus de 2000 milliards d'euros) traitent des ODD dans leurs communications publiques. Il fallait donc mettre un peu d'ordre dans ce système, pour éviter les malentendus et surtout les escroqueries parfois grossières de certaines entreprises. Le particulier pourra notamment choisir où il place son épargne, pour qu'elle contribue au bien général au lieu de le dégrader. La taxonomie de la finance permettra de dégager les fonds nécessaires à la transition, non pas en provoquant des dépenses supplémentaires, mais en orientant l'argent disponible. Une bonne nouvelle qu'il convient de souligner en cette période de bons voeux. Le "green deal" européen se dote d'instruments pour passer aux actes, réjouissons-nous !
Edito du 29 janvier 2020
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