Au-delà du contrôle continu
La décentralisation est à nouveau sur la selette, avec l'hostité manifestée par les enseignants face au contrôle continu : Une possibiliré d'écarts importants dans les niveaux exigés dans les différents établisements, et un risque d'inégalités qui menacerait l'unité républicaine. Au-delà de cette question d'actualité, la décentralisation est souvent source de débats du fait de la confrontation entre deux aspirations légitimes l'une et l'autre. D'un côté, la décentraisation provoque inévitableent des différences de traitement d'un teritoire à l'autre, lesquelles peuvent être interprétées comme des failles dans la recherche d'égalité inscrite dans nos principes fondateurs. De l'autre, la demande est forte de la part des citoyens d'une proximité avec les dirigeants, notamment ceux qu'ils ont élus. La décentralisation permet en outre d'adapter les solutions aux contextes locaux, eux-mêmes plus ou moins favorables, avec le risque d'accroître les écarts. Mais aussi la possibilité des les réduire, de plusieurs manières. Soit en valorisant au mieux ses propres atouts, plutôt que de se caler sur des modèles inadaptés, soit en activant une forme de solidarité de manière à ce que les régions les plus favorisées soutiennent celles qui auraient moins de chances. Ces deux aspirations ne sont donc pas contradictoires par nature, et il doit bien y avoir une manière de les conjuguer. La grande phase de décentralisation qu'a connu la France en 1982 et 1983 a laissé une latitude aux collectivités locales de s'administrer selon leurs voeux, sans que l'unité nationale ne soit effritée, et, dans de nombreux pays démocratiques la décentralisation ne provoque pas d'inégalités, et a permis de réduire celles qui existaient avant, au point que les régions les plus riches rechignent parfois à payer pour les pauvres. Ce n'est donc pas la décentralisation en soi qui est en cause, mais la politique qui est menée. Bien sûr, la centralisation permet en façade d'esquiver ce débat, mais nous savons bien que les choix centraux, souvent moyennés, ne répondent guère aux besoins sur le terrain, et ne provoque que des mécontentements, avec des récriminations sur les "technos" qui prennent les décisions, à Paris ou à Bruxelles. La décentralisation présente l'avantage de ne pas s'exposer à ces critiques, mais elle permet aussi d'expérimenter une gamme de réponses. La diversité des solutions mises au point dans chaque territoire est un atout indispensable pour progresser dans un monde en évolution rapide. C'est une sorte de banc d'essai qui se constitue ainsi, qui permet aux décideurs du centre et la périphérie de choisir les solutions les plus adaptées. Aucune formule n'est donc parfaite en soi, et quel que soit le choix, c'est la manière dont elle est mise en oeuvre qui permet d'éviter les dérives et d'en tirer le maximum de bénéfices pour avancer "durablement" dans un monde incertain.
Edito du 22 janvier 2020
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