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La décentralisation pour une sortie de crise dynamique

Les appels à l'union nationale lancés pour faire face au virus pourraient aussi l'être pour l'avenir de notre planète. L'enjeu est au moins aussi important, bien que plus lointain, à peine plus lointain quand on sait que tout se joue au cours des 10 prochaines années. Pour que ces appels soient entendus, dans un pays où chacun a ses idées sur tout, pour qu'ils se transforment en actes, l'adhésion du plus grand nombre est incontournable, une adhésion active, pas seulement un vague assentiment en attendant de changer d'opinion.

Tout le corps social est concerné, citoyens, institutions, collectivités, entreprises de toutes tailles. Adhésion à un avenir partagé, et non réaction à une peur du futur, une angoisse diffuse, qui provoque le sauve-qui-peut plutôt que le désir de remonter ses manches. Deux orientations se dessinent pour sortir de la crise de la Covid. D'un côté le retour le plus vite possible à la normale, une reprise sur des bases bien connues, des "valeurs sures", celles du monde d'hier. Pas très enthousiasmant mais rassurant. On se raccroche aux branches. D'un autre, l'après covid ne sera pas comme l'avant covid, profitons de la relance pour repartir dans de bonnes directions, explorons les valeurs de demain. Une option à risque, qui prendra forcément plus de temps, mais sans doute plus attractive pour les véritables "entrepreneurs". Il semble bien que nous ayons choisi les deux voies à la fois, pour ne laisser personne sur le bord du chemin, et pour redonner des perspectives. Deux voies qui, ensemble, brouillent plutôt le message qu'elles ne rassurent, qui ne peuvent susciter que la résignation et non de l'enthousiasme. Il est vrai qu'un discours unique est une gageure dans un pays aussi diversifié que le notre, dans notre "archipel". Nous naviguons à vue entre ces deux orientations, véritables balises du terrain politique, et l'Etat central devient l'acteur prépondérant, encore plus semble-t-il en ces temps troublés qu'en temps ordinaire. Les délégations de pouvoir aux collectivités sont surveillées de près par l'Etat décentralisé, qui veut ainsi contrôler les initiatives que la situation exceptionnelle pourrait susciter. Les aides aux entreprises, sans engagement formel de leur part, apparaissent ainsi une anomalie, un cadeau sans contrepartie. Le besoin de tout contrôler n'est pas l'apanage de l'Etat. Toute notre société est imprégnée de cette méfiance vis à vis des autres acteurs, soupçonnés de n'en faire qu'à leur guise et pour leur intérêt exclusif. La collaboration entre acteurs, collectivités territoriales et entreprises notamment, parvient malgré tout à se faire un chemin, et la crise a montré l'importance de la proximité. Une manière de conjuguer des réponses à court terme, rassurantes, et des perspectives plus audacieuses, est de les rapprocher, de faire en sorte que les porteurs des deux voies se coordonnent. Des formes de coopérations, qui bien heureusement ne sont pas tout à fait nouvelles, mais qui gagneraient à se multiplier. L'ambition nécessaire ne provoquera l'enthousiasme que si elle se marie avec des réponses aux problèmes immédiats. L'Etat central est bien mal placé pour animer ce type de rapprochement, et nous attendons impatiemment les nouvelles étapes de décentralisation, annoncées mais toujours dans les cartons. Les pouvoirs locaux, pour animer la solidarité nationale et tout en explorant des avenirs inédits.

 

Edito du 28 octobre 2020

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