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Emotion et raison, un couple tumultueux

On ne dira jamais assez l'importance des émotions dans la vie. Emotions de plaisir ou émotion d'effroi, personnelles ou collectives, elles vous touchent profondément quand vous les ressentez, elles vous marquent et forgent votre personnalité. Elles sont de natures très variées, sentimentales, culturelles, sportives, professionnelles ou spirituelles. Vous les recherchez ou bien elles vous tombent dessus, comme une agréable surprise, une rencontre inoubliable, ou bien comme un coup de massue, décès d'un proche ou acte terroriste, comme vendredi dernier.

Notre vie est faite d'émotions, elles constituent une richesse immatérielle inestimable, et le défaut de bonnes émotions nous conduit à accumuler des richesses matérielles, dans le but de compenser ce manque. L'émotion produit un sentiment de plénitude ou d'indignation. Leur puissance est impressionnante, mais attention, elles peuvent provoquer de mauvaises réactions et devenir mauvaises conseillères. Elles sont dans l'immédiateté, elles exigent des réponses instantanées aux espoirs ou à l'indignation qu'elles ont provoqués. Nous voudrions une suite dès le lendemain, ou même dans l'heure si possible, même quand l'objet de l'émotion est le résultat d'un processus long et complexe. L'émotion ignore la raison. C'est peut-être bien, de bousculer la raison, et un élan puissant peut parfois déplacer des montagnes, mais il arrive aussi que cet enthousiasme soit vite douché, ou que la précipitation provoque des malheurs et soit contreproductive. C'est sous le coup de l'émotion d'un évènement particulièrement choquant que certaines mesures sont décidées, aussi bien dans la sphère personnelle que dans le champ politique. Le temps de la réflexion est trop long, il faut des actes, et tous ceux qui souhaitent tempérer, faire un bilan, en un mot comprendre ce qui s’est passé avant de prendre des décisions, sont vite traités de grincheux, ou de complaisants, voire de traitres. Les actes terroristes ont en général été suivis des mêmes réactions, des mêmes décisions, aux effets immédiats, alors que la lutte est une affaire de long cours, qu’il s’agisse d’infiltration dans les milieux terroristes ou de réponses d’ordre sociétal. Les décisions trop rapides peuvent en effet compromettre des efforts engagés de longue date, qui ne peuvent donner de résultats que dans la durée. Cela d’autant plus que l’action au long cours doit être discrète pour porter ses fruits. L’efficacité et la publicité ne font pas bon ménage dans ce domaine.
L’émotion est le moteur de l’action, nous en avons besoin, et elle nous submerge souvent. Elle permet de franchir des étapes, de dépasser des hésitations, mais attention de ne pas se laisser emporter. Combien de crimes insupportables auraient conduit au rétablissement de la peine de mort, si l’émotion l’avait emporté ? Il nous faut conjuguer raison et émotion, un défi que toute la société doit relever.

 

Edito du 21 octobre 2020

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