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Se préparer à l'imprévisible

Nous habituer à vivre avec le virus. Ou avec bien d'autres, car l'avenir n'est pas lumineux de ce point de vue. Pour les humains comme pour les animaux ou végétaux qui nous sont familiers. Des nouveaux virus nous attendent, et bien d'autres dangers portés par des petites bêtes envahissantes quand ce ne sont pas des champignons. Plusieurs raisons à cela : le réchauffement climatique, qui a de nombreux effets sur notre environnement : la fonte du pergélisol (ou permafrost) libère des virus congelés depuis des siècles, que l'espèce humaine n'a jamais fréquentés. Il y a les moustiques du Sud qui remontent au Nord avec leurs germes. Il y a aussi des modes de vie qui changent. Nous fréquentons des milieux infestés de tiques, porteuses de la maladie de Lemme. Nous voyageons beaucoup, et nous faisons appel à des produits venant de l'autre bout du monde. Des phénomènes qui ne datent pas d'hier, mais qui se ont pris une dimension nouvelle. Jadis, nous avons vu les indiens d'Amérique succomber à des virus venant d'Europe, et auxquels les européens étaient habitués. Juste retour des choses, si l'on peut dire, le malheur est arrivé chez nous d'Amérique par l'intermédiaire de la vigne. C'était au 19e siècle, le drame du phylloxéra, et la réponse à partir de plants de vigne résistants, venus bien sûr d'Amérique. Et plus récemment le chancre du platane qui nous est arrivé d'Amérique caché dans le bois des caisses de matériel, avec le débarquement en Provence, en 1944. Ces exemples bien connus ne sont qu'un échantillon. On parle de plus en plus d'espèces invasives, qui affectent notre environnement et notre santé.
Les causes sont multiples, parfois imprévisibles, il faut donc s’habituer à vivre avec des dangers. Une situation insupportable ? Nos aïeux en ont connu d’autres et ils ont su faire face. Nous avons juste cru que nous pouvions y échapper, nous ne sommes pas prêts psychologiquement alors que nos connaissances et nos moyens d’intervention sont infiniment supérieurs.
Réduire les risques, et se préparer à l’imprévisible, voilà les deux composantes de cette nouvelle culture que nous devons adopter. Les luttes contre le réchauffement climatique et contre la chute de la biodiversité entrent dans la première catégorie, pour ne prendre que deux exemples emblématiques. Ajoutons la question des ressources, et des risques écologiques que nous prenons en allant les chercher dans les parties du monde les plus fragiles, et ceux d’ordre politique et social liés à l’accès à ces ressources. Voilà déjà quelques pistes de travail pour réduire les risques.
Se préparer à l’imprévisible est d’une autre nature. Il y a la recherche. Les alertes su SARS n°1, au début des années 2000, avaient provoqué le lancement de recherches sur les coronavirus, qui ont vite été abandonnée ou réduites dans leurs moyens dès que l’alerte est passée. On en voit les conséquences aujourd’hui. La recherche fondamentale, sur le fonctionnement de notre milieu de vie, y compris dans ses dimensions les plus fines, est une manière de se préparer à affronter des évènements que nous ne savons pas imaginer. Il y a la sélection des compétences. La concevoir à partir des besoins bien identifiés l’enferme dans le passé et le connu. Un vivier de compétences élargi, favorisant la diversité des cultures et des modalités de résolution des problèmes, est une manière de se préparer à l’inconnu. Et puis une nouvelle culture d’hygiène de vie. Ouvrir les fenêtres et se laver les mains sont des pratiques qui nous sont rappelées par la covid, mais qui n’auraient jamais dû se perdre. Deux exemples triviaux, mais qui illustrent bien cette voie de résilience, et qui pourraient se décliner dans d’autres domaines que la vie domestique. La prudence n’est pas l’ennemie de l’ambition et de la passion.
L’après covid ne sera pas comme l’avant covid. Le virus nous amène à changer nos habitudes et peut-être nos modes de vie. C’est un bien pour un mal, car nous devrons naviguer parmi bien des écueils que nous ne connaissons pas, et nous devons nous y préparer.

Edito du 4 novembre 2020

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