Monopole et diversité
Au-delà du statut de la SNCF, c'est la question de la diversité qui est posée. Elle l'est pour toutes les grosses machines, centralisées, avec une forte culture d'entreprise et des traditions, sans parler des normes que la maison s'est donné pour unifier et optimiser les modes d'intervention. Une grande efficacité, l'union fait la force, mais aussi la rigidité propre aux structures pyramidales, et la difficulté de comparer des alternatives, d'explorer des voies nouvelles, d'intégrer de nouvelles compétences. Un volet "rouleau compresseur" qui laisse peu de place à l'initiative.
La diversité et sa richesse ont du mal à se faire une place dans un monde de monopoles. On a pu voir (et on voit encore) les difficultés des énergies renouvelables à émerger chez les grands énergéticiens. Une diversité d'opérateurs offre souvent l'ouverture d'esprit indispensable pour tenter de nouvelles expériences. Il reste toujours aux pouvoirs publics de gérer cette diversité, d'établir les règles du jeu, de fixer des objectifs, d'écrire les "cahiers des charges". C'est une tâche délicate, alliant des aspects techniques et politiques. Pendant longtemps, l'Etat se déchargeait de cette tâche en la confiant à un opérateur dont il assurait la tutelle. Un opérateur qui s'avérait parfois plus puissant que sa tutelle, et qui prenait son indépendance ; ou à l'inverse, un Etat qui donnait des ordres sans en mesurer les conséquences. Quelle que soit l'issue du conflit actuel sur l'avenir de la SNCF, la question de la gouvernance est posée. Comment introduire de la diversité et de l'esprit d'entreprise, au sens du goût à entreprendre et explorer des voies nouvelles, dans le système ferroviaire, à l'heure de la multimodalité, d'Internet, des mobilités douces, du télétravail, etc. et de l'enjeu des transports de marchandises, le tout sans nuisances ni émissions de gaz à effet de serre. Le chemin de fer a dans sa main des atouts puissants, mais la manière de jouer de demain reste à trouver. Tel est l'enjeu, et on aimerait bien que le débat en cours ne l'oublie pas.
Edito du 11 avril 2018
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