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Progrès et Innovation

Kérosène



La fin du kérosène ? Le prix du pétrole s’étant assagi, vous n’avez plus à payer de prime spéciale pour le carburant en plus de votre billet d’avion. Vous pouvez compenser la quantité de gaz carbonique que vous émettez dans votre voyage mais c’est une autre affaire. Plus de prime carburant, toujours ça de gagné, pour l’instant. Personne n’est dupe, ça va revenir un jour. Il y a bien sûr de la spéculation, des hauts et des bas, mais la tendance lourde est une augmentation du prix, compte-tenu de la demande en hausse et des réserves en baisse. C’est le volet ressources. Ajoutez-y le volet rejets, gaz à effet de serre, taxe ou quotas sur le CO2, et il est clair pour tout le monde qu’il va falloir trouver de nouvelles sources d’énergie, en grande quantité et non polluantes, et free of CO2, of course. Le kérosène doit se trouver un successeur.
Curieusement, les efforts se portent aujourd’hui sur la mer, plus précisément les algues. Elles seraient chargées de produire ce carburant du 21e siècle, non polluant et abondant. Cette source serait en outre sans concurrence avec l’alimentation, du moins le pense-t-on, mais on pourrait s’interroger sur cette certitude : ne va-ton pas consommer de plus en plus de produits à base d’algues ? Et la vie marine, ainsi mise à contribution, ne va-t-elle pas manquer d’aliments, entraînant ainsi un déficit de poissons, coquillages et autres fruits de mer. Supposons quand même que ces questions trouveront des réponses favorables, et que la biomasse marine pourra être prélevée pour produire de l’énergie sans dommage.
Elle semble bien efficace pour faire voler les avions. La compagnie américaine Continental Airlines vient tout récemment de faire le test avec un Boeing 737/800. Un des deux moteurs était alimenté au kérosène traditionnel, l’autre à un mélange de biocarburants dérivés de jatropha et d'algues. Ça marche très bien. L’avion s’est envolé en bondissant au dessus des vagues du golfe du Mexique, et le réacteur à la biomasse a consommé un peu moins que son collègue au kérosène, ce qui est important pour alléger la masse au décollage. Pas de modification non plus à apporter au moteur. Avec le savoir faire technologique d'avionneurs tels que Boeing et Continental Airlines, l'utilisation des biocarburants dans le domaine de l'aviation commerciale civile est devenue un objectif à court terme. Nous croyons que plusieurs centaines de millions de litres par an pourront être produits d'ici à 2012 , nous dit une spécialiste, Jennifer Holmgren, D.G de UOP Renewable Energy and Chemicals.
La piste du kérosène algal vient d’ailleurs de faire l’objet d’un marché d’une quinzaine de millions de dollars aux Etats-Unis, dans la perspective d’alimenter les avions militaires dans de bonnes conditions techniques et commerciales. L’armée de terre s’y intéresse aussi, pour ses véhicules. De gros investissements, civils et militaires, se sont portés ces dernières années sur cette forme particulière d’énergie marine, qui semble atteindre aujourd’hui une véritable reconnaissance. C’est que la productivité des algues est nettement supérieure à celle des oléagineux terrestres. Jusqu’à 30 fois ! Ça vaut la peine de s’y intéresser.
Les américains, les britanniques, les français, tout le monde s’y met. Ce sera du bio carburant, type biodiesel, ou encore du biogaz, qui peut être utilisé pour faire marcher des voitures, ou produire de la chaleur et/ou de l’électricité. En France, le projet SHAMASH a été lancé en 2006. Il regroupe des équipes de chercheurs de nombreuses spécialités, et fonde ses espoirs sur des microalgues. L’appel d’offres sur la biomasse, que vient de lancer le ministère qui est, en France, chargé de l’écologie et de l’énergie réunies, n’oublie pas la ressource marine, les algues vertes notamment.
La biomasse est souvent oubliée, parmi les énergies renouvelables. Elle semble moins tendance que les capteurs thermiques ou photovoltaïques, ou encore que les éoliennes. Les biocarburants de première génération offrent des rendements médiocres. On oublie parfois le bois, qui reste une source significative d’énergie, et qui s’impose avec force dans le paysage. L’intérêt de la biomasse est multiple. Insistons sur un point particulier, qui la distingue, avec l’hydraulique, des autres énergies renouvelables : elle se stocke. Le vent et le soleil sont capricieux, ils ont leurs rythmes, leurs humeurs. La capacité de production est donc fluctuante, ce qui réduit le rendement de chaque installation. Il faut bien faire face, la nuit, ou quand il pleut plusieurs jours de suite. La biomasse est là, elle assure une base solide. Elle se transforme et se transporte. Elle provient de cultures, de déjections animales, de déchets qui fermentent. Elle n’est pas sans poser de problèmes, de poussières et autres produits de combustion indésirables. Nos ancêtres autour de leur foyer respiraient un air chargé de plein de vilaines choses, de noir de fumée notamment pas vraiment bon pour la santé. Aujourd’hui, ces problèmes ont trouvé des solutions. Il y a une approche moderne de la biomasse, tant pour la produire que pour l’utiliser. Elle constitue le complément idéal aux énergies fugaces, soleil et vent, en offrant une base qui travaille quand les autres se reposent. Il n’y a pas que les centrales nucléaires pour cela. Et en plus, la biomasse est d’usage plus souple, ne laisse pas de traces, et ne peut pas être détournée pour produire de bombe. Elle a un bel avenir devant elle.



Pour en savoir plus sur la biomasse marine, et les énergies renouvelables de la mer, reportez-vous sur le media blog Les énergies de la mer, http://energiesdelamer.blogspot.com/ où j’ai moi-même puisé de nombreuses informations pour cette chronique.

Chronique publiée le 22 janvier 2009

Nouvelle actualité du sujet
: Air France s'y met aussi !

Ci-dessous un communiqué du ministère des transports, daté du 13 octobre 2011

Une navigation aérienne optimisée au service du premier vol commercial biocarburant d’Air France

 

La compagnie Air France a effectué ce jour le premier vol commercial français à base de biocarburant. Au départ de Toulouse et à destination d’Orly, l’Airbus A321 de la compagnie a utilisé un mélange de kérosène et de 50 % de biocarburant. Les émissions de ce vol sont de 54 g CO2 par passager par km soit deux fois moins qu’un vol traditionnel. Ce biocarburant est issu d’huiles de friture usagées, il agit donc sans impacts environnementaux ni sociaux liés à l’utilisation de ressources agricoles.

 

Les services de la navigation aérienne de la Direction Générale de l’Aviation Civile (DGAC) ont contribué à améliorer la performance environnementale de l’avion. Ce vol a été optimisé sur toutes ses phases :

 

-          montée dite en continue jusqu’au niveau de croisière ;

-          amélioration du niveau de croisière de vol : 340 au lieu de 280 (grâce à un accès à une zone aérienne militaire) ;

-          optimisation en temps réel de la trajectoire de l'avion entre le pilote et les contrôleurs aériens ;

-          coordination entre le commandant de bord et les contrôleurs aériens pour un « top of descent » au plus proche des conditions météo et notamment de vent ; et pour amorcer une procédure de descente continue afin de garantir le meilleur profil de l’avion pour atterrir.

 

« Le secteur aérien a été le premier à s’engager dans le Grenelle pour réduire les nuisances sonores et la pollution de l’air. Aujourd’hui, force est de constater que les premiers résultats sont déjà là. Ces nouvelles procédures de vol ont été conçues pour réduire les émissions sonores et gazeuses autour des aéroports et pour améliorer la qualité de vie de leurs riverains. Des procédures de descente continue sont entrées en vigueur à Roissy, Orly et sur de nombreux autres aéroports dont Strasbourg, Marseille et Lyon. À terme, elles seront appliquées sur les dix principaux aéroports français. Grâce à la suppression des paliers, ce type de descente permet non seulement de réduire le bruit, mais aussi la consommation de carburant et les émissions gazeuses des avions » ont déclaré Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET et Thierry MARIANI.

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