Vingt et un
21 est le nombre sacré du développement durable, avec l’agenda 21 et le 21e siècle. C’est aussi une température de confort, qui a le malheur d’être supérieure aux canons officiels.
On commence à avoir du recul sur les premiers bâtiments à basse Consommation. Basse sur le papier, à partir de Calcul. Est-elle basse aussi quand on la mesure ?
Les performances observées sont souvent décevantes. Ces constructions sont évidemment mieux que la moyenne, elles représentent un réel Progrès. Mais souvent, elles consomment plus que prévu.
Une des causes de ce dépassement est le comportement des usagers. Ils se chauffent trop. On leur a pourtant bien dit qu’il fallait se tenir à 19°, mais rien à faire, ils vont au-delà. De mauvais habitants, voilà ce qu’ils sont ! C’est bien la peine de leur proposer des logements hyper performants, ils ne savent pas se tenir.
Pour faire des économies d’énergie, il suffit de baisser la température de référence. Pourquoi 19°, d’ailleurs ? Nos parents vivaient à des températures bien inférieures, avec leur mauvais poêle. Quand on connait l’écart de consommation d’énergie pour 1 degré de différence de température (le chiffre de 7% est souvent avancé), on voit bien qu’il y a là une source d’Economies à portée de main.
Nous voilà donc sur la mauvaise pente. Celle où l’écologie rime avec Rigueur, dans le mauvais sens du terme, c'est-à-dire avec privation, avec discipline. Une écologie bien triste. Notre bien être devrait suivre les exigences de la technique. Nous voilà idéalisant le Passé, la vie saine de nos parents, en oubliant que leur espérance de vie était bien inférieure à la nôtre, même s’ils mangeaient bio, de fait, avant que les engrais et les pesticides n’aient envahi nos champs. La vie rude n’avait pas que des avantages.
Le progrès n’est pas le retour en arrière, mais la prouesse technique qui permet de vivre confortablement en consommant le minimum d’énergie. Et 19°, ce n’est pas le confort. Pas plus que de bonnes Conditions de Travail. Différentes études sur la Productivité dans les bureaux montrent qu’elle passe par un maximum à 21°, et nombreux ceux qui, parmi vous, ont font l’expérience tous les jours. Les 19° sont une aimable fiction, qui ne conduit qu’à des déceptions. Le calcul de la consommation théorique ne peut qu’être faux, puisqu’il se fonde sur de mauvaises hypothèses. Soit il est possible à l’habitant de monter le niveau de Chaleur distribuée, soit il ajoute des appareils d’appoint, et c’est la Catastrophe. A vouloir imposer un comportement type, trop éloigné de la pratique, on s’expose à de redoutables déconvenues.
Heureusement, les bilans établis sur les premiers Programmes BBC montrent qu’il y a bien d’autres paramètres qui entrent en Ligne de compte. Il y a des Marges de manœuvre. Etanchéité douteuse, mauvais calorifugeage de tuyauteries, surdimensionnement de générateurs de chaleur, etc. Il y a beaucoup à gratter ici et là. Il doit être possible d’offrir le confort tout en étant très économe.
Il ne faut pas s’étonner de ce décalage entre le calcul et la réalité observée. Ces nouvelles exigences prendront du Temps à s’imposer. De gros progrès sont observés, mais il faut aller plus loin encore. Parlons d’une courbe d’apprentissage. Elle s’est déjà pas mal cambrée, mais il reste du chemin à parcourir. Le diable est dans les détails, vous le savez bien, et on ne voit les détails que dans un deuxième temps, quand on maîtrise le plus gros. De la conception à la réalisation, toute la chaine des professions doit s’accorder, trouver de nouvelles marques, de nouvelle manières de se parler, de renforcer la Qualité de ce que l’autre a fait, au lieu de la dégrader. L’intégration doit être verticale, avec une bonne anticipation des problèmes à résoudre, avec de bons passages de relais entre les Etapes. Elle doit aussi être horizontale, dans la conception comme dans la réalisation. Et ces nouvelles pratiques prendront du temps à se diffuser.
Le haut niveau de performance exigé aujourd’hui est un challenge formidable, un moteur de progrès. L’ambition doit être grande, mais il faut accepter le temps de l’apprentissage, lequel ne sera d’ailleurs jamais terminé, puisqu’il faudra toujours faire mieux. L’erreur serait de désigner l’usager comme responsable des déceptions des Professionnels. Bien sur, il faut l’associer, il faut instaurer un dialogue, et dans les deux sens. Les comportements Quotidiens, les attentes des habitants, ne sont pas figés, et l’apprentissage les concerne eux-aussi. Il y a aura bien des antagonismes, des contradictions, dont il faudra Sortir par le haut. Au lieu d’exiger 19° pour faire des économies, voyons ensemble comment consommer moins, même à 21°.
Chronique mise en ligne le 7 juin 2011
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