Mutualisation 2
La recherche d’efficacité conduit à de nouvelles organisations. Il faut alléger les structures et privilégier la « fonctionnalité ». La mutualisation est une des formes de cette nouvelle économie qui se développe.
En ces temps difficiles pour le pouvoir d’achat, où chaque euro compte, il va falloir se réorganiser. Chacun de demande comment il peut faire des Economies sans pour autant se serrer la ceinture pour les « ménages », sans perdre en efficacité et en performance pour les entreprises.
Parmi les pistes à suivre, figure la mutualisation, le partage, l’échange, la location, bref toutes les formules qui permettent de disposer d’un service sans assumer pour autant de charges trop lourdes. Une mise en commun qui permet aussi de dépasser la Masse critique nécessaire pour passer à un stade professionnel, avec une efficacité accrue. Sans parler que, dans bien des cas, on ne se sert d’un matériel que très peu, et qu’il n’est peut-être pas nécessaire d’en être propriétaire.
Mutualiser les toits pour faire de l’électricité. Plutôt que de faire chacun son électricité photovoltaïque sur son petit toit perso, pourquoi ne pas se grouper et choisir les meilleurs toits, les mieux orientés, et gérer ensemble ce qui devient ainsi une sorte de « centrale villageoise » ? Une formule qui fait ses premier pas en région Rhône-Alpes, et qui permet à chacun de participer à une entreprise collective, même si son toit n’a pas été gâté par la nature (voir la chronique « Village »).
Mutualiser permet de créer une solidarité, mais aussi d’être plus efficace en optimisant les choix techniques à la bonne échelle. Ça permet de faire des économies, et ce n’est pas inutile en ces temps de vaches maigres. On l’a vu pour les équipements ménagers, on le voit aussi pour les voitures. La possession d’une voiture coute en moyenne 6 200€ par an, et il doit bien y avoir des solutions pour s’en passer. Sans parler du temps qu’il faut passer à s’en occuper, à la garer, et tous les soucis qu’elle provoque. Ne peut-on pas partager la voiture des autres ? Au total, les « autopartageurs » sont des malins. Ils ne prennent une voiture, la leur ou celle d’un autre, que quand ils en ont besoin. Les statistiques sont éloquentes : 40% d’utilisation en moins. Il arrive souvent que le Vélo ou les transports en commun soient bien plus efficaces. Choisir le mode le plus approprié, le plus fonctionnel, le plus économique.
Il y a plusieurs manières de faire. En dehors de la location, classique, ou, plus récemment, en libre service, il y a eu une formule mutuelle, ou coopérative qui achète des voitures avec l’Argent des adhérents, puisque ceux-ci n’ont plus à acheter leur voiture personnelle. Système développé en Suisse et en Allemagne, par exemple, et qui est né en France en 1999, avec Caisse Commune. La formule a évolué avec l’arrivée d’opérateurs puissants, qui ont pris la relève et proposent un véritable service commercial. Depuis quelques années, il y a une nouvelle possibilité, pour permettre à des particuliers de louer leur voiture quand ils ne s’en servent pas, en toute sécurité. Une nouvelle offre d’autopartage, qui accroit rapidement le volume du parc mutualisé.
C’est évidemment bon pour les autopartageurs, qui se partagent le coût de la voiture et s’en servent moins : double dividende. C’est aussi bon pour les villes. Moins de voitures, c’est moins d’espace public occupé, et des possibilités nouvelles d’aménagement. Une voiture partagée roule bien plus qu’une voiture ordinaire, qui passe l’essentiel de son temps à l’arrêt, à encombrer les rues. Il faut aussi moins de places de parking ou de garage, qui coûtent cher et qui alourdissent le coût d’un logement. Une voiture partagée remplace une bonne dizaine de voiture en propriété. Il faut juste que la mutualisation se passe dans de bonnes conditions. Etre sûr d’avoir une voiture quand on en a besoin, et une voiture adaptée si possible, selon le nombre de personnes transportée par exemple ; être sur que l’emprunteur laissera la voiture en bon état ; être assuré spécifiquement pour le particulier qui loue sa voiture. Toutes ces questions sont aujourd’hui résolues, vous pouvez rouler tranquille.
Il n’y a pas que les personnes. Peut-on imaginer une forme de mutualisation pour les marchandises ? Les Livraisons en ville sont un vrai casse-tête, avec les encombrements qu’elles provoquent, et dont elles sont victimes. C’est la question du dernier maillon de la chaine, celui qui va jusque dans l’entreprise, ou le magasin, en Centre ville. C’est une sorte de transport en commun des colis qu’il faut organiser. Des centres de dispatching, dans des lieux stratégiques, et à partir de là des véhicules adaptés aux rues étroites, et non polluants, silencieux, qui assurent la dernière étape pour le compte de tous les opérateurs. Le chacun pour soi est dépassé. Il coûte cher aux entreprises, il souffre de retards chroniques, il empeste et gêne les riverains, il contribue à la pollution de l’air et au célèbre ilot de chaleur urbain, et il coûte aux villes qui voient les transports en commun perturbés et leur espace public dévoyé.
Ce sont des nouveaux matériels, allant du « cargocycle » de la Petite Reine (1) aux véhicules électriques, qui vont s’imposer. Le changement se manifeste à la fois dans l’organisation des livraisons, de plus en plus mutualisée, et dans la technique des véhicules. L’une et l’autre sont liées, et se renforcent mutuellement.
On va gagner sur plusieurs tableaux à la fois : plus d’efficacité pratique, plus de régularité, plus d’espace libre, moins de pollution, moins de bruit et tout ça pour moins cher ! La mutualisation a du bon. Il va juste falloir changer ses habitudes, anticiper un peu, accepter de partager. Le développement durable est en marche.
Chronique mise en ligne le 7 décembre 2012
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