Manifeste des écologistes atterrés
Pour une écologie autonome, loin du politique circus
Lucile Schmidt, Edouard Gaudot, Benjamin Joyeux
©TempsPrésent, 2015
Le constat est simple, mais redoutable. Alors que les préoccupations écologiques se manifestent de toutes parts, qu’elles n’ont jamais été aussi présentes, les partis écologistes de par le monde restent désespérément faibles. Ce n’est pas qu’en France, le constat est général, à part quelques exceptions notoires. « Ecologistes atterrés, nous le sommes, tant par l’état de la planète que par l’état du débat actuel dans l’espace public, par la dichotomie entre la résonnance sociale et sociétale de l’écologie et sa cruelle absence d’incarnation crédible dans le champ politique. Mais écologistes résignés, certainement pas. (…) Ce n’est pas le moment de « lâcher l’affaire », bien au contraire ».
Quatre parties illustrent ensuite ce qu’il faut faire pour comprendre le phénomène et pour retourner la situation. Ce qui boque, ce qui émerge, ce qui nous porte et ce qui est urgent. Une rédaction en courte notes, de quelques pages, pour analyser un point particulier, tel que « un manque d’imagination et de vision », ou « L’expérience ratée de 2012 », en passant par « nouvelles souverainetés ». Un « manifeste » facile à lire, y compris dans le métro, et qui propose un bilan sans concession, et quelques pistes pour donner à l’écologie la place qu’elle mérite dans le débat politique. Il s’agit sur ce point de « créer un cercle vertueux » pour que l’écologie soit mise au cœur des processus de décision publique. L’écologie, au sens des auteurs, va bien au-delà de l’environnement. « Environnement + social + démocratie = écologie ». Nous ne sommes pas loin du développement durable…
La complexité du sujet est d’ailleurs une des causes de la difficulté d’en parler à un large public, contrairement aux thèmes du Front National. L’obsolescence et le discrédit du monde politique traditionnel profitent donc bien plus à ce dernier qu’à l’écologie, dont le projet est riche et complexe. « Comment introduire sur la scène politique nationale un projet dont le contenu est global et local à la fois, et transformer les faiblesses en force ? » Et pourtant, les auteurs affirment que « les élus surestiment la peur de la complexité de manière projective parce qu’ils en ont peur eux-mêmes ». Il y a donc une voie, qui passe par le contenu. « Lâcher prise » sur le pouvoir formel et l’organisation, « pour retrouver le sens du projet politique ». Et plus précisément, « la démocratie comme projet ».
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