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L’agroécologie peut nous sauver

Marc Dufumier & Olivier Le Naire
©Actes Sud, 2019

« Il est possible d’intensifier la production à l’hectare par des voies intensément écologiques ». Tel est le message que Marc Dufumier nous propose dans ce long interview accordé à Olivier Le Naire. Un livre de dialogues entre un scientifique et un journaliste. Croissance de la production et croissance de la qualité du milieu peuvent aller de pair. Un double dividende qui ne tombera pas du ciel, mais qu’il est possible d’aller chercher, si l’on abandonne d’anciens modèles qui nous conduisent à l’impasse.

Il est aussi possible de nourrir 10 milliards de terriens à condition d’adopter des techniques adaptées à chaque situation. Car l’agroécologie n’est pas monolithique, elle est diverse et dépend de multiples facteurs, biologiques, climatiques, humains, etc. Du bon usage de la complexité. La recherche de la simplification, engagée avec l’industrialisation de l’agriculture, conduit à fragiliser les milieux et par suite l’agriculture elle-même, sans parler des conditions d’exercice du métier d’agriculteur. Mais ne vous y trompez pas, l’agroécologie est une agriculture « high tech », car « la technique, ce n’est pas seulement du gros matériel ».

L’ouvrage commence par un vaste panorama de l’agriculture, avec son histoire récente en France notamment, mais aussi un retour aux origines mêmes de cette pratique. Marc Dufumier évoque en particulier le rôle des arbres, qui remontent dans leur sève des éléments nutritifs puisés près de la roche mère, et que l’on retrouve dans les sols à la suite de la décomposition des feuilles. L’importance de l’humus nous est rappelée, qui permet de stocker l’eau et le carbone tout en assurant la nourriture des plantes.
Marc Dufumier nous propose cinq voies à suivre pour changer de modèle et bénéficier du double dividende évoqué ci-dessus :
- Lancer la révolution agroécologique
- Nourrir le monde
- Préserver notre santé et notre environnement
- Lutter contre les inégalités Nord-Sud et résoudre les problèmes migratoires
- Réconcilier les villes et mes campagnes

Un livre foisonnant, qui montre bien que l’approche alimentaire est une excellente entrée pour aborder de nombreux problèmes de notre société. Pour le pouvoir d’achat, « Manger plus de fruits ou de légumes de qualité, de lentilles ou de haricots bios et consommer moins de viande est donc une vraie piste pour permettre aux ménages modestes de se nourrir à un moindre coût avec des produits sains ». Pour la malnutrition dans le monde, « C’est la pauvreté qui est à l’origine de la faim et de la malnutrition dans le monde, pas l’insuffisance de nourriture ».

La formule éditoriale de l’interview permet de passer en revue de nombreuses questions : l’eau et les barrages (« La guerre de l’eau est évitable »), l’installation de jeunes agriculteurs, notamment « néo-ruraux », l’agriculture urbaine, la politique agricole commune, le rôle des politiques et des lobbys, les états généraux de l’alimentation, le greenwashing, l’enseignement de l’agriculture, le bio, la FNSEA, la rémunération des services environnementaux, et bien d’autres choses encore. L’ouvrage se conclut avec 10 propositions pour réformer notre politique agricole et alimentaire.

Les ressources sont là, nous savons maintenant ce qu’il faut faire pour les utiliser durablement.
 
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