100 euros pour l’énergie
Le prix de l’essence augmente, ceux du gaz et de l’électricité aussi, mais c’est bien le premier qui semble le plus sensible. Le souvenir des gilets jaunes est encore vivace. La réaction du gouvernement est d’augmenter de 100€ le chèque énergie. Bonne idée de réduire la charge des foyers les plus modestes, mais ce n’est pas la seule réponse possible. Une autre voie est d’aider les intéressés à réduire leur consommation, sans perte de qualité de vie bien sûr.
Concernant le carburant, une réponse bien connue est l’écoconduite. Les chauffeurs routiers, pour lesquels le prix du carburant est une dépense majeure, l’ont adoptée depuis longtemps. Une conduite plus souple et un entretien assidu de la voiture (en premier lieu la pression des pneus), voilà une manière de réduire sa facture, en réaction à la hausse des prix. Une réponse qui dépend essentiellement des automobilistes, et non de l’Etat, dont, dans notre pays, nous avons tendance à tout attendre. Il reste malgré tout à l’Etat d’en faire la promotion, de faire le nécessaire pour que l’accès aux cours de conduite douce soit facile, voire gratuite. Le proverbe chinois selon lequel il vaut mieux apprendre à un miséreux comment pêcher plutôt que de lui donner du poisson se décline dans le domaine de l’énergie. Il vaut mieux apprendre à consommer moins plutôt que compenser la charge provoquée par une hausse des prix. Les deux approches ne s’opposent pas, une aide directe pour franchir une mauvaise passe, et un investissement sur les comportements pour un temps plus long. Il n’en reste pas moins qu’il est dommage pour ne pas dire déplorable, que l’aide financière ne soit pas accompagnée d’une communication dynamique sur les moyens de maîtriser sa consommation. L’Etat ne peux rien faire sans mobiliser les acteurs ordinaires, simples consommateurs ou entreprises, et toute aide doit être une occasion de le faire.
Toujours sur l’énergie, le logement est durement affecté par des hausses de prix du gaz et de l’électricité. La réponse est dans une action vigoureuse pour rénover un parc ancien et les nombreuses « passoires thermiques ». Un effort incontournable, mais qui prendra des dizaines d’années pour porter tous ses fruits. Et toujours l’Etat aux manettes pour faire progresser ce chantier. Bien sûr, il fait le faire, mais pas seulement. L’ADEME, sous le nom de « familles à énergie positive », et plusieurs associations ont mené des actions auprès des habitants de ces logements, où il faut bien vivre en attendant qu’ils soient rénovés. Là encore, il s’agit de mobiliser les citoyens ou consommateurs, qui ont en eux une partie de la solution. Des économies substantielles peuvent être obtenues, sans perte de confort, mais en faisant attention, en changeant un peu de comportement, sans que ce soit une privation ou un effort extraordinaire. Et des économies immédiates, à engranger tout de suite alors que nous savons qu’il faut réduire les émissions au plus vite, tout se joue d’ici 2030. Sans doute vaut-il mieux réduire de quelques pour cent les sommes consacrées à la rénovation pour les consacrer à une animation de grande envergure sur les comportements et l’importance de la maintenance.
Deux exemples, sur la mobilité et le logement, qui montrent qu’il y a beaucoup à gagner, et rapidement, si l’Etat admet qu’il n’est pas le seul à pouvoir agir, et que nous tous, en retour, comprenions que nous avons un rôle actif à jouer. Deux acteurs qui doivent trouver leur complémentarité, condition du succès de la transition à laquelle nous sommes invités à participer.
A défaut, les pouvoirs publics seront les seuls à porter l’effort à bout de bras, avec ses instruments traditionnels, taxes, subventions et réglementation, tandis que les citoyens resteront des acteurs de second rôle, pour ne pas dire des assistés auxquels il faudra imposer le nécessaire changement. Echec assuré.
Edito du 22 septembre 2021
- Vues : 693
Ajouter un Commentaire