Apprendre à résister
Pour l’école, contre la terreur
Olivier Houdé
© Le Pommier/Humensis, 2019
Olivier Houdé
© Le Pommier/Humensis, 2019
Un livre destiné en priorité aux enseignants et pédagogues, mais riche en enseignements pour tous ceux soucieux des transitions que notre monde doit engager. Il s’agit du cerveau humain, de ses rouages et de son mode de fonctionnement, du « paysage cérébral ». Objectif : « Rendre le cerveau plus robuste ». Il faut souligner l’importance de cette approche à l’heure où les médias sont de plus en plus rapides, sollicitent des réactions immédiates, favorisent la diffusion de « fake news » et de visions simplistes. Nous savons que le développement durable nous invite à « penser autrement » et à apprivoiser le complexe pour répondre aux défis auxquels nous sommes confrontés.
Olivier Houdé nous présente les résultats de ses recherches, inscrites dans un ensemble initié par Jean Piaget au siècle dernier, et en rapide progression grâce notamment aux neurosciences (1). Les automatismes de pensée, voilà l’ennemi.
Nos cerveaux ont recours à deux systèmes pour réagir aux sollicitations extérieures. L’un rapide, automatique, intuitif, un autre plus lent, logique et réfléchi. Un troisième système se développe progressivement dans nos cerveaux, plus précisément dans le cortex préfrontal, et reste fragile toute la vie, qui permet d’arbitrer entre les deux premiers. Une tâche difficile, qui conduit à rejeter les réponses faciles et faussement « évidentes », c’est à dire à lutter contre ses propres inclinaisons. C’est l’apprentissage de la résistance, de la résistance à soi-même. Si une proposition est crédible, notre propension à l’accepter sans examen est forte. Les illustrations en sont nombreuses, comme la croyance que le soleil tourne autour de la terre à laquelle Copernic et Galilée ont été durement confrontés. Lutter contre les croyances, les connaissances habituelles, « la ressemblance immédiate avec des stéréotypes sociaux », demande un réel effort, auquel beaucoup d’entre nous renoncent, alors que « la résistance sous-tend le progrès cognitif et la conscience ».
Une large partie de l’ouvrage reprend la théorie des sciences cognitives, et ses concepts fondamentaux sur l’objet, le nombre, la catégorisation et le mode de raisonnement. Olivier Houdé développe sa théorie de l’inhibition positive, celle qui va lutter contre les automatismes et va favoriser la recherche de réponses originales. « Il nous arrive à tous, par automatisme, d’aller irrépressiblement rechercher des objets là où on sait qu’ils ne sont pas (2) ». Des automatismes qui nous conduisent dans des impasses : « Si le monde est (ou parait) fou, c’est parce que dans le cerveau des hommes, même éduqués, les règles logiques et morales qu’ils ont apprises en famille ou à l’école peuvent toujours, très rapidement parfois, être court-circuitées par des automatismes de pensée ». La radicalisation donne une illustration frappante de ce phénomène.
Comment rendre le cerveau plus robuste, comment « apprendre à résister » ? C’est possible dès l’enfance, et de nombreux jeux (jeux de rôles, Jacques a dit…, ni oui ni non, etc.) peuvent être mis à profit dans les écoles et en famille pour résister à une impulsion immédiate. « Il s’agit de construire une « théorie de l’esprit » (pensées, émotions, croyances) du cerveau de l’autre, et, surtout, de l’exercer en permanence ». Une « neuroéducation », pour reprendre un terme d’Henri Laborit. Dans son laboratoire de l’Université Paris-Descartes, Olivier Houdé expérimente des méthodes d’apprentissage de la résistance et l’esprit critique. Un nouveau « pilier » pour le développement durable.
Olivier Houdé nous présente les résultats de ses recherches, inscrites dans un ensemble initié par Jean Piaget au siècle dernier, et en rapide progression grâce notamment aux neurosciences (1). Les automatismes de pensée, voilà l’ennemi.
Nos cerveaux ont recours à deux systèmes pour réagir aux sollicitations extérieures. L’un rapide, automatique, intuitif, un autre plus lent, logique et réfléchi. Un troisième système se développe progressivement dans nos cerveaux, plus précisément dans le cortex préfrontal, et reste fragile toute la vie, qui permet d’arbitrer entre les deux premiers. Une tâche difficile, qui conduit à rejeter les réponses faciles et faussement « évidentes », c’est à dire à lutter contre ses propres inclinaisons. C’est l’apprentissage de la résistance, de la résistance à soi-même. Si une proposition est crédible, notre propension à l’accepter sans examen est forte. Les illustrations en sont nombreuses, comme la croyance que le soleil tourne autour de la terre à laquelle Copernic et Galilée ont été durement confrontés. Lutter contre les croyances, les connaissances habituelles, « la ressemblance immédiate avec des stéréotypes sociaux », demande un réel effort, auquel beaucoup d’entre nous renoncent, alors que « la résistance sous-tend le progrès cognitif et la conscience ».
Une large partie de l’ouvrage reprend la théorie des sciences cognitives, et ses concepts fondamentaux sur l’objet, le nombre, la catégorisation et le mode de raisonnement. Olivier Houdé développe sa théorie de l’inhibition positive, celle qui va lutter contre les automatismes et va favoriser la recherche de réponses originales. « Il nous arrive à tous, par automatisme, d’aller irrépressiblement rechercher des objets là où on sait qu’ils ne sont pas (2) ». Des automatismes qui nous conduisent dans des impasses : « Si le monde est (ou parait) fou, c’est parce que dans le cerveau des hommes, même éduqués, les règles logiques et morales qu’ils ont apprises en famille ou à l’école peuvent toujours, très rapidement parfois, être court-circuitées par des automatismes de pensée ». La radicalisation donne une illustration frappante de ce phénomène.
Comment rendre le cerveau plus robuste, comment « apprendre à résister » ? C’est possible dès l’enfance, et de nombreux jeux (jeux de rôles, Jacques a dit…, ni oui ni non, etc.) peuvent être mis à profit dans les écoles et en famille pour résister à une impulsion immédiate. « Il s’agit de construire une « théorie de l’esprit » (pensées, émotions, croyances) du cerveau de l’autre, et, surtout, de l’exercer en permanence ». Une « neuroéducation », pour reprendre un terme d’Henri Laborit. Dans son laboratoire de l’Université Paris-Descartes, Olivier Houdé expérimente des méthodes d’apprentissage de la résistance et l’esprit critique. Un nouveau « pilier » pour le développement durable.
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2 - Voir à ce sujet la note Réverbère
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