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Voyages mobilité

Volte-face

Persévérer dans l’erreur est diabolique, c’est bien connu. Il faut savoir faire volte-face, et changer d’orientation. La civilisation de l’automobile est en crise aujourd’hui, comme en témoigne la manifestation des « gilets jaunes ». Il faut savoir en sortir.

Les temps changent, du fait des connaissances et expériences accumulées, ou bien des contraintes extérieures et de la demande sociale. Il n’y a pas de mal à faire volte-face quand les évènements l’exigent. Prolonger le passé est, à l’inverse, une faute lourde. Ne rien changer revient à exacerber des contradictions, telles que la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre et l’usage croissant de la voiture. Pour sortir de la contradiction « par le haut », il faut accepter de prendre du recul et d’explorer des solutions inédites. Le mouvement des « gilets jaunes » nous invite à adopter cette démarche.


Pendant des décennies, l’automobile a dicté sa loi, tant pour le développement industriel que pour l’aménagement du territoire. Un choix politique largement partagé mais bien imprudent, qui nous a rendu dépendant d’une ressource extérieure, le pétrole. Il en résulte, au-delà des crises aigues telles que les chocs pétroliers des années 1970, un déséquilibre persistant de notre balance commerciale, de plusieurs dizaines de milliards d’euros année après année. A cette faiblesse connue depuis longtemps, s’ajoute depuis quelques années la question de l’effet de serre. Le pétrole est surabondant à la surface de la planète, mais son usage contribue fortement au dérèglement climatique, et il faudra accepter de laisser l’essentiel des réserves identifiées dans les couches sédimentaires où il dort depuis des millions d’années. Deux raisons incontournables qui nous imposent de se libérer du pétrole, à l’encontre de politiques menées pendant des décennies. Un retournement douloureux, qui n’épargnera ni les équilibres économiques traditionnels, ni les modes de vie. C’est ce que l’on appelle la transition, qui relève largement du sevrage, le sevrage de pétrole, avec les souffrances qui accompagnent les sevrages s’ils ne sont pas assistés avec soin.
Chacun sait d’expérience que les baisses de taxes ne résolvent rien dans la durée. Pourquoi changer ses habitudes si les prix restent modérés ? Il s’agit de sortir du pétrole, pour des raisons environnementales et de commerce extérieur, et la hausse du prix en est un des instruments, comme pour le tabac. Le problème est l’association qui en résulte entre la protection de l’environnement et la hausse des prix. Comment faire pour que l’environnement soit associé à des économies, et non à des dépenses supplémentaires ? Dans le cas présent, que faire pour alléger tout de suite la facture « et en même temps » se libérer de la dépendance au pétrole ?
Des réponses existent, qui relèvent du changement de comportement et d’organisation. « On est prêt » disent les youtubeurs. Des mesures « soft », qui peuvent être adoptée rapidement, et qui peuvent être soutenue par les pouvoirs publics. Il faut pour cela que chacun accepte l’idée qu’il va changer son organisation et son comportement. La réponse ne vient pas uniquement de l’Etat, mais de chacun d’entre nous. Il s’agit de mieux utiliser les voitures.
La conduite douce, ou écoconduite, adoptée depuis longtemps par les transporteurs routiers, permet de gagner 15% de consommation. Bien plus que la hausse du prix des carburants. L’Etat peut-il en faire la promotion, avec des campagnes analogues à celles pour la sécurité routière, et avec des « chèques formation » par exemple. Les constructeurs d’automobiles, avec leur extraordinaire puissance de communication peuvent-ils contribuer à cette nouvelle culture de l’automobile ?
Il y a le covoiturage de proximité, de vie quotidienne. Blablacar expérimente actuellement Blablalines à cet effet. De nombreuses communes ou départements ont créé des aires de rencontre pour que les covoitureurs puissent se retrouver. Les entreprises pourraient contribuer au développement de cette pratique en donnant à leurs employés des facilités d'horaires pour donner la souplesse que le covoiturage demande. Les réseaux sociaux, si efficaces pour faire monter le mouvement des « gilets jaunes » pourraient apporter aussi leur puissance pour aider au remplissage des voitures, au profit des conducteurs et des passagers. Sans parler du télétravail, source immédiate d’économies de transport et de temps.
De nombreuses collectivités font preuve de créativité. Beaucoup de conseils généraux ou d'intercommunalités ont mis en place des aires de covoiturage et des systèmes de voitures à la demande, ou encore d’auto stop new look, comme le Rézo pouce dans plusieurs régions de France. La volte-face est en route.
C’est un changement d’attitude qui peut réduire le coût de la mobilité, en allant résolument vers la sortie du carbone. Un changement d’attitude immédiat et à cultiver dans la durée, qui renforcera l’effet de structure du parc automobile et d’autres mesures comme la lutte contre l’étalement urbain. Et puis, si cela permet à de nombreux ménages de se passer de la deuxième voiture, quelle économie !

 

Photo Jon Tyson / Unsplash
 
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