Téléphérique
La transposition d’une technique d’un univers à un autre est une des formes classiques de progrès. C’est juste un pas à franchir pour capitaliser des savoirs et des expériences, et leur donner une deuxième vie. Le téléphérique en donne une bonne illustration.
On pense tout d’abord à la montagne, où le premier téléphérique a été inauguré en 1908, sur le Wetterhorn, en Suisse.
En fait, il reprenait déjà des idées développées dans d’autres sphères, notamment pour le franchissement de cours d’eau, ou le transport de marchandises sur des sites industriels. Le célèbre téléphérique de l’aiguille du Midi, à Chamonix, démarre peu après, en 1909, mais il n’a été terminé que bien plus tard, en 1927. Outre les nombreuses réalisations en montagne, il faut aussi citer quelques ouvrages à vocation touristique, comme celui qui permet d’accéder au Pain de Sucre, à Rio de » Janeiro, ou d’autres construits à l’occasion d’expositions universelles.
La technique du téléphérique a évolué au fil de ces opérations, et a atteint aujourd’hui un haut niveau de performance. Il s’agit notamment de la sécurité, de la capacité, et de la consommation d’énergie. Ces progrès ouvrent considérablement le champ d’application du téléphérique, et lui permettent de faire une entrée significative en ville.
La montagne reste toutefois présente dans les premiers grands projets, puisqu’il s’agit de villes au relief chahuté, en Amérique latine, à Medellin (Colombie) et Caracas (Venezuela). C’est que le téléphérique offre une grande capacité d’adaptation aux contraintes du terrain. Il franchit aisément les obstacles, et se joue de la topographie. Des qualités essentielles pour créer de nouvelles Lignes de transport en commun dans les territoires déjà bien aménagés. L’insertion d’ouvrages dans des maillages urbains denses, pour des transports en commun à grand débit, est un problème délicat. L’idée d’un mode de transport « Hors sol » vient à l’esprit. Le viaduc, qui a donné le métro aérien, est une première réponse, mais il lui faut malgré tout une assise au sol assez importante, même si on trouve des espaces libres entre les piles. Le téléphérique s’est affranchi de ces contraintes, ou les a fortement réduites. Le câble plutôt que le rail, un « site propre » dans l’espace, au-dessus des vicissitudes des rues, des encombrements, indifférent aux coupures et autres obstacles que constituent des rivières, des grands axes routiers, des reliefs tourmentés. Comme le métro, il permet de traverser des quartiers compacts et des zones d’activités qui ne supporteraient pas d’être divisées.
Voici donc une nouvelle manière de répondre au besoin de mobilité en ville. Une corde de plus à l’arc des « autorités responsables des transports ». Un coût d’Investissement bien inférieur à celui d’un tramway, avec une capacité équivalente en passagers transportés par heure et par direction, de 3000 à 7000 environ. Une emprise au sol réduite, et une grande facilité d’adaptation aux conditions du trafic. Pas de bruit, pas de pollution de l’air, et une émission minimum de gaz à effet de serre. Les Paysages urbains en seront évidemment modifiés, avec les débats qui en résulteront inévitablement. Voici de nouveaux objets qui vont animer la ville, qui permettront aussi d’en avoir une vue originale, de la découvrir d’un autre angle. Des « Tours Eiffel » du 21e siècle, qui ne manqueront pas de susciter des polémiques.
Les projets commencent à voir le jour en France. L’écoquartier du plateau des Capucins, à Brest, sera desservi par un téléphérique, qui le reliera au Centre ville. Ce sera la première réalisation urbaine, dont l’inauguration est prévue pour 2015. D’autres projets sont « sur les rails », si on ose dire, notamment à Toulouse,entre l'ancien site AZF et l'Université Paul Sabatier, et dans le Val de Marne, entre Villeneuve-St-Georges et Créteil. De nombreuses villes ont lancé des études de faisabilité, comme Nantes et Grenoble. Le Mouvement se propage en Europe, notamment à Coblence et à Londres, où les Jeux olympiques ont fait naître une première opération, pour franchir la Tamise au-dessus de Greenwich.
Plusieurs impératifs sont à prendre en compte, comme une conception intégrant l’accessibilité aux handicapés et aux cyclistes avec leur machines, et la connexion avec les autres modes de transport urbain ou interurbains. Il serait intéressant d’étudier dès le départ d’un projet la manière de mobiliser l’infrastructure pour le transport de marchandises. Ce dernier n’obéit pas aux mêmes lois que le transport de personnes, et la compatibilité, voire la complémentarité, ne s’improvise pas.
Le câble s’est développé en montagne, et descend aujourd’hui en ville. Une transposition fondée sur la souplesse de la technique face aux fortes contraintes au sol, qui constituent le point commun à ces deux Univers. Une sorte de « bilan de Compétence » d’une technique, qui permet d’élargir son domaine d’application. Cette formule, imaginée pour les humains, pour les amener à valoriser toutes leurs capacités, peut être utilement élargie aux technologies. Nul Doute qu’il en résulterait de nombreuses découvertes, au niveau des Usage s. Une bonne piste à suivre pour l’innovation dont a besoin le développement durable.
Chronique mise en ligne le 2 mars 2013
Photo : Thomas Q, Unsplash
Et en plus, les téléphériques se mettent aux énergies renouvelables ! Voici un textrait d'un communiqué des Carroz, daté du 25 mars 2013.
La station des Carroz inaugure son premier télésiège alimenté à 100% en énergies renouvelables
La station des Carroz, au cœur du domaine skiable relié du Grand Massif (Haute-Savoie) a choisi de se tourner vers les énergies renouvelables pour alimenter ses remontées mécaniques. Elle inaugurera le 28 mars prochain son premier télésiège alimenté exclusivement par des énergies renouvelables : hydroélectricité, éolien et photovoltaïque. Pour sensibiliser les skieurs à cette démarche environnementale, un grand panneau a été installé au départ du télésiège des Molliets. Cet investissement est un premier pas pour la SOREMAC, la société des remontées mécaniques des Carroz qui souhaite progressivement étendre cette initiative à l’ensemble de ses remontées mécaniques.
A compter du 1er octobre 2013, ce sont 100% des domaines skiables qui seront tenus d’informer leur clientèle sur le coût carbone de leurs remontées mécaniques. Ceci relève en effet d’un décret du Ministère de l’écologie, du développement durable et de l’énergie qui oblige désormais tous les prestataires de transports à délivrer l’information sur la quantité de CO2 émis : une manière de permettre aux usagers de faire un choix éco-responsable, même aux sports d’hiver ! A ce jour et dans cette perspective, toutes les stations du Grand Massif se sont déjà engagés à réduire les émissions de CO2 en s'approvisionnant en énergies renouvelables.
- Vues : 2817
Ajouter un Commentaire