Sédentaire
La recherche d'économies est à la mode, à juste titre, et notamment la réduction des dépenses de santé. Plus de 5 milliards d'euros pourraient être gagnés, selon l'OMS, par une pratique accrue du vélo. Une piste qu'il convient d'explorer.
Le Vélo, c’est un sport et un moyen de déplacement. Pendant longtemps, le deuxième aspect a été oublié. Il a régressé en ville comme à la campagne, au profit de la voiture essentiellement. Et pourtant le gros de nos déplacements se fait dans un mouchoir de poche, quelques Kilomètres, parfois moins de 500 Mètres pour acheter du pain. Même pas 10 minutes à pied. Nous sommes devenus des êtres à la fois hyper mobiles et sédentaires, mais avec la particularité que la mobilité se fait en bonne partie assis, ce qui n’empêche pas le stress ni une certaine forme de fatigue Physique. Tout faux, une usure physique là où il serait possible de faire fonctionner son corps, ce dont nous avons tous besoin pour notre Santé et notre bonne forme.
En France, nous parcourons en moyenne 87 km par an en vélo, loin derrière nos amis Néerlandais, ce qui ne surprendra personne, champions avec près d’un millier de km, mais aussi derrière nos voisins plus proches, Belges, Suisses et Allemands qui roulent 250 à 500 km par an. Le climat et le Relief comme explication de ces écarts, ça ne tient pas longtemps. Le problème est ailleurs, en partie culturel, en partie lié à l’aménagement de nos Villes, à l’organisation de nos transports en commun.
La mobilité quotidienne, domicile-travail ou pour l’accès aux services de proximité, c’est une chose sérieuse, le vélo c’est bon pour le week end et les vacances. Résultat, on s’empâte dans la semaine, et on se défonce le dimanche pour compenser : là encore, tout faux, l’exercice physique doit être Quotidien et modéré. Ce n’est pas un Exploit que l’on doit réaliser, mais un bon Usage de ses capacités physiques, pour les tenir en bon état de marche. Et en plus, ça peut être Utile pour se déplacer ! Un double Dividende à notre portée. Les recommandations des spécialistes sont simples : une demi-heure d’exercice par jour pour un adulte, et une heure pour un enfant. Pas compliqué, mais encore faut-il que les espaces publics, les Programmes scolaires, et surtout le regard des autres (la mode, parfois tant décriée, peut y aider) le permettent et nous y encouragent.
L’absence d’exercice physique provoque des maladies que l’on commence à connaître, notamment certains diabètes et l’obésité. C’est ennuyeux pour les intéressés, et ça coûte très cher à l’économie, dépenses de santé et perturbations liés à l’absentéisme qui en résulte. L’OMS a fait des calculs, on arrive à 5,6 Milliards d’euros par an pour un pays comme la France. Autant d’Argent que l’on pourrait économiser si notre pratique du vélo s’alignait sur celle de nos voisins. Ce ne doit pas être inaccessible. Les Economies que l’on cherche pour retrouver un équilibre budgétaire ne sont pas seulement dans des serrages de ceinture, mais dans une évolution de nos modes de vie. Mobilité et alimentation devraient ainsi être au cœur des politiques financières, au même titre que les taux d’intérêts et les capacités d’emprunt. Les militants de la petite Reine affirment qu’un euro dépensé en aménagements pour le vélo provoque 150 euros d’économies. Un Calcul peut-être optimiste, mais qui a le mérite de poser le problème du retour d’investissement en coût global, pour ne pas dire sociétal, c'est-à-dire consolidé au niveau de la société dans son ensemble.
Depuis quelques années, ça change. Le vélo est à nouveau reconnu comme mode de déplacement, et pas uniquement un loisir. L’arrivée dans les grandes villes du vélo en libre service, Vélov, Vélib, etc. a changé l’image du vélo dans tous ses états. La pratique du vélo a augmenté de 300% à Lyon entre 1995 et 2006. Les vieux vélos sont sortis des greniers, aux côtés de ceux mis à disposition dans les stations. La ville championne de France pour l’usage du vélo est Strasbourg, où il représente 8% de mouvements. Strasbourg entend bien, d’ailleurs, conforter son Avance en généralisant les zones 30, et en développant un réseau de vélos en libre service d’un nouveau type, avec présence humaine aux stations et coordination avec les plans de déplacements d’entreprise.
En voulant nous dégager des efforts physiques et de leur pénibilité, nous sommes devenus sédentaires, assis devant un ordinateur, la télévision ou dans une voiture. Le balancier a été trop loin, il faut rétablir l’équilibre. Il faut réinventer une forme le nomadisme moderne, avec le vélo et la marche à pied, intégrée dans nos modes de vie, nos déplacements, nos espaces quotidiens. Le corps humain est ainsi fait, il a besoin de s’exprimer, de se bouger, avec des spécificités différentes selon les âges et les Cultures. Nos villes sont elles conçues pour la marche, permettent-elles à un enfant de courir tout son saoul, en hurlant son Plaisir à le faire ? L’Ergonomie doit investir les villes, au même titre que la sociologie. Il y a beaucoup d’argent à y gagner, et aussi du Bonheur. Encore un double dividende, comme le développement durable les aime.
Chronique publiée sur le moniblog le 30 mai 2010, reprise sur ce site le 14 juin
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