Mobilité
La question de la mobilité reste un enjeu majeur au titre de l'effet de serre dans notre pays. Chacun reconnaît les efforts et les résultats obtenus pour le bâtiment, que faire pour le transport ?
Face à un problème aussi général, et aux impasses que l’on observe souvent dans ce domaine, une seule solution : l'innovation. Innovation qui, dans ce cas précis, semble venir plus de la multitude des acteurs, et de ce qu'on appelle souvent le « terrain », que des grandes institutions.
Les réticences à changer ses habitudes sont bien connues, et pourtant on sait bien qu'on ne pourra rien faire sans s'attaquer à des principes que beaucoup considèrent comme intangibles. En définitive, seuls les acteurs eux-mêmes peuvent prendre l'initiative de transgresser ces postulats, qui se révèlent souvent n’être que des idées préconçues. Parmi elles, la prédominance des systèmes lourds, massifs. Bien sûr, il faut s'intéresser aux transports en commun dans les grandes concentrations urbaines. Mais les kilomètres parcourus en auto dans les villes ne représentent qu'un quart des kilomètres parcourus en France chaque année. Un autre quart correspond aux grandes migrations annuelles, en période de vacances. Le reste, c'est-à-dire la moitié, est parcouru dans des zones peu denses, rurales ou périurbaines. C'est là que se situe l'enjeu majeur pour l'usage de l'automobile. Dans des territoires où l'usage de la voiture est devenu quasiment un impératif.
On peut imaginer des réponses structurantes, fondées sur un urbanisme plus rationnel. Mais pour satisfaisante qu'elle soit, cette solution n'offre de petrspectives qu’à long terme, et n'apporte pas de réponse immédiate. C'est donc dans l'organisation des transports, et dans la manière d'utiliser les moyens dont chacun dispose, qu'il va falloir trouver des voies originales, qui permettent de réduire sensiblement l'usage de l'automobile, sans pour autant attenter à la qualité de vie des habitants de ces territoires périurbains ou ruraux. Et même en leur faisant faire des économies.
Il s'agit là principalement une évolution des mentalités. Contrairement à ce que l'on pense souvent, celle-ci peut être rapide, pour peu que l'on sache s'y prendre. Le développement de la voiture partagée est une illustration de cette transformation des comportements. Les initiatives sont nombreuses et sont pour la plupart issues de créativité spontanée de citoyens ou de petites entreprises. Les sites de covoiturage sont une des expressions de cette créativité, et on peut même y ajouter aujourd'hui le covoiturage de marchandises : plusieurs sites proposent de prendre en charge vos colis, en remplissant les coffres et camionettes qui roulent à vide.
Les pouvoirs publics, et notamment des collectivités territoriales, ne sont pas en reste. De nombreuses autorités organisatrices de transport ont pris des initiatives pour mettre à disposition des habitants des solutions originales, allant du « transport à la demande », ou des parkings où les « covoitureurs » peuvent se regrouper, à la mise à disposition en temps réel de l'information sur tous les modes de transport. Il s'agit alors de permettre à chacun de s'organiser en combinant des moyens personnels et des moyens collectifs. Les collectivités ont aussi un rôle à jouer pour accompagner les initiatives privées. Celles-ci soulagent les services publics, et permettent d'irriguer des territoires éloignés des centres. Outre l'information, que peuvent dispenser par exemple des centrales de mobilité, les collectivités peuvent soutenir les initiatives privées en leur apportant une crédibilité, et en permettant l'instauration d'une confiance entre les différents acteurs. Elles peuvent inscrire ces éléments de solution dans des systèmes plus vastes de mobilité combinant tous les modes envisageables.
Les territoires périurbains et ruraux sont ainsi le siège de « nouvelle mobilité ». Ils font preuve d'une créativité qui doit être soutenue. Isolées, les initiatives ne font pas de petits, si performantes puissent-elles être. Des tâtonnements et les erreurs, inévitables dans tout processus d'innovation, sont vite oubliés et ne profitent à personne. Accompagner la créativité pourrait l'aider fortement à diffuser dans tous les territoires concernés. Il ne s'agit pas de l'encadrer, ce qui risquerait de l’enfermer. Il s'agit de mettre à disposition des opérateurs de bonnes informations, notamment issues de l'expérience accumulée ici et là, il s'agit d'identifier des problèmes lourds, par exemple la question des assurances, de manière à rechercher des réponses au niveau approprié.
Un rapport du Centre d'analyse stratégique rassemble les informations sur cette nouvelle mobilité. Il formule une série de propositions dans ce sens. Des réponses pragmatiques, le plus souvent peu coûteuses, fondées sur l’information en temps réel et la combinaison de moyens publics et privés. Small is beautifull trouverait-il une application pour résoudre le casse-tête de la mobilité durable ?
Chronique mise en ligne le 18 janvier 2012
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