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Voyages mobilité

Bébé



« Bébé à bord », voit-on parfois à l’arrière des voitures. Est-ce pour demander l’indulgence des autres conducteurs, la présence d’un bébé (rare au demeurant dans les voitures, mais le macaron est là en permanence) pouvant affecter la conduite, ou pour demander aux autres de faire attention ? Pourrait-on imaginer de voir un jour « vieillard à bord », pour demander le respect dû aux anciens ?


Cet accent mis sur les bébés m’a toujours étonné, car le vrai macaron ne serait-il pas « être humain à bord » ? Une voiture transporte des bébés ou des vieillards, ou des adultes, des jeunes, des enfants, il s’agit toujours d’une cause majeur de respect, ce sont des êtres humains. Quand une voiture est tamponnée par une autre, il y a des innocents qui trinquent, et leur âge n’y est pour rien. « Bébé à bord » pourrait faire croire qu’il y a des degrés dans l’attention que le conducteur doit porter à sa conduite, alors qu’il n’y en a pas : sa responsabilité est permanente.

On peut toutefois adopter un raisonnement moins moral et plus mathématique. Une vie humaine est une vie humaine, c’est d’accord, et elle se valent toutes, mais elles n’ont pas toutes la même durée devant elles. Un mort à 18 ans, c’est 60 années de vie qui sont perdues, un mort à 70 ans, ce ne sont que quelques années, et un bébé, un mort à 6 mois, c’est toute une vie qui est perdue. La douleur des parents, des proches, ne se mesure pas, on ne peut la comparer, et il vaut mieux ne pas y penser. Mais le nombre d’années perdues, volées par un accident, est une vraie donnée à intégrer dans une politique. Les accidents de la route fauchent très majoritairement les jeunes, alors que la pollution des voitures affecte surtout les vieux. Nous sommes tous condamnés à mort, et l’important est le nombre d’années vécues, et si possible en bonne santé. Comme la pollution, le tabac ne tue pas brutalement, il diminue l’espérance de vie, il vole des années de vie.

Mais revenons aux bébés dans les voitures : ils sont dans une enceinte polluée, car la pollution des voitures est en premier lieu perceptible dans les habitacles desdites voitures. Et bien sûr, si on fume dans la voiture, on a la totale. Si le macaron a pour objectif de responsabiliser les autres automobilistes, ce qui est toujours une bonne chose, il ne doit pas exonérer les parents de leur propre responsabilité. On voit trop, en matière de circulation, d’attitudes incohérentes, qui tendent à reporter la faute potentielle sur les autres. Par exemple, un cycliste, la nuit, tout de noir vêtu, sans lumière, brûlant les feux rouges tout en remontant un sens interdit, bref un maximum de risques pris délibérément, mais avec un masque pour manifester sa crainte de la pollution, celle produite par les autres, bien sûr. L’enfer, c’est les autres, mais le développement durable, ça doit commencer par soi.

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