Aéroport
Les aéroports, et d’ailleurs d’autres grands projets d’infrastructures de transport, sont dans l’œil du cyclone. Modernité ou archaïsme, équipement d’avenir, ou reste du passé ? Est-ce l’aéroport lui-même qui fâche, ou la mobilité ?
Voilà un sujet qui fâche. Tantôt il s’agit du Bruit que les riverains ne supportent plus, tantôt il s’agit d’un nouvel Équipement, comme feu le 3e aéroport de Paris, ou celui de Notre Dame des Landes. Le thème de la Terre gaspillée est souvent évoqué, cette bonne terre agricole dont nous aurions bien besoin pour produire des denrées ou laisser se développer la vie Sauvage.
Curieusement, je ne vois pas dans la presse ou sur Internet, mais cela est peut-être dû à une maladresse dans la recherche, de Calcul de Surface de Sol rapportée aux Kilomètres parcourus. Si l’on additionne tous les kilomètres parcourus par chaque passager pendant toute la durée de vie de l’aéroport (il faudrait compléter par les tonnes de marchandises transportées par kilomètre), on obtient une Mesure du service rendu par l’équipement, que l’on peut mettre en face des Prélèvements qu’il a provoqués. Si un internaute dispose d’une estimation de ce genre, merci de me le faire parvenir en commentaire à ce billet. Elle n’a pas de sens en soi, mais on pourrait la comparer à des chiffres équivalents calculés pour la Route, le rail, et les différents modes de transport.
On a fait le calcul pour l’énergie. L’énergie consommée par passager- kilomètre en Avion est du même ordre de grandeur, et même plutôt inférieure, que celle d’un automobiliste seul à bord de sa voiture pour le même parcours. Peut-on faire des calculs équivalents sur la surface consommée, les dommages à la biodiversité, la dégradation de Paysages ? Même les trains ont un bilan de ce côté, et les Oppositions à de nouvelles Lignes en témoignent chaque Jour. En plus de l’assise qu’ils occupent, ces Ouvrages linéaires, routes et voies ferrées, et même voies d’eau, coupent le territoire, et le morcellement qui en résulte serait à inscrire au bilan. La biodiversité s’appauvrit rapidement quand on découpe un territoire.
Le problème n’est sans doute pas l’aéroport, mais le déplacement en lui-même. L’avion rend possible des voyages de longue Distance, que l’on éviterait sans Doute s’il fallait des semaines pour les faire. Le problème n’est pas l’avion, mais un Usage immodéré qui en est fait. Les commodités qu’il offre banalisent des déplacements lointains, de même que les Prix proposés. Quand on voit sur les Murs des Affiches vous invitant à aller dîner en Espagne grâce à des vols très peu Cher, il est permis d’être inquiet. Sans parler des vols en apesanteur, en préparation, juste pour donner des sensations à des personnes fortunées. Elles feraient mieux de chercher leurs émotions dans les arts, ça peut coûter très cher avec un excellent bilan Carbone !
La mobilité a un Coût environnemental, elle a aussi du bon. Les échanges qu’elle permet ont beaucoup d’avantages, sociétaux et économiques. Le Commerce, la rencontre entre Civilisations, la compréhension mutuelle et la Paix peuvent en être les fruits. Ils sont parfois destructeurs, et on pense aux dégâts de certaines formes de Tourisme, aux Déchets toxiques exportés loin des pays qui les ont produit ou utilisés.
Le débat sur les aéroports – mais aussi sur certains TGV, grands tunnels, et même canaux -, en cache un autre : celui de la mobilité. Les échanges de marchandises, les voyages, qui forment la jeunesse, font partie de notre fonds culturel. Depuis la Nuit des Temps, la découverte de routes commerciales, le contrôle des déplacements sont des enjeux Politiques majeurs, avec des dimensions économiques et culturelles évidentes. C’était du temps où l’on croyait que le monde était infini. Dans notre monde moderne, où nous savons que ce n’est pas le cas, il faut engager une réflexion sur le rôle de la mobilité. La mobilité, pourquoi faire, à quel prix, y a-t-il des Limites à ne pas dépasser ? Ces questions recoupent celles de la proximité, de l’autonomie en Ressources. Faut-il aller chercher notre énergie à l’autre bout du monde, ou bien faut-il développer les techniques qui permettent de bien vivre avec celles que la nature nous apporte, chez nous ?
Les transports sont victimes de leur succès. Ils sont devenus tellement performants que l’on a pu croire que les distances étaient abolies. Les Mentalités ont vite fait de s’y habituer, et de ne plus imaginer un Avenir sans cette facilité. La sous évaluation du prix de l’énergie, des dégâts à l’Environnement sous toutes ses formes, bruit pour les riverains, territoires découpés, paysages dégradés, faune et flore appauvries, littoral artificialisé, a conduit à une croissance des capacités de transports. L’activité économique dépend bien sûr des échanges, mais attention à la Dépendance qui en résulte. Il n’y a qu’à observer l’importance du Pétrole dans nos sociétés pour montrer la fragilité d’une économie par trop dépendante d’une ressource lointaine.
Comme la langue d’Esope, la mobilité peut être la meilleure comme la pire des choses. Le débat actuel sur les grandes infrastructures, comme les aéroports, devrait être élargi, car il s’agit d’un vrai débat de société, analogue à celui sur l’énergie. Il ne s’agit pas que d’un « comment », qui provoque les conflits actuels, mais d’un « pourquoi », qui engage notre avenir.
Chronique mise en ligne le 19 janvier 2013
- Vues : 3353
Ajouter un Commentaire