Quartier
Le mot était souvent péjoratif. Il est devenu la marque d'une ambition. Quartier, hier sensible, est devenu durable. Une progression qui ne devrait pas n'être que sémantique.
Rassurons d’emblée les végétariens, il ne s’agit pas ici de quartiers de viande. Nous ne parlerons pas non plus, malgré l’appel à la poésie qu’elle porte naturellement, de la lune et de ses quartiers.
Nos amis agriculteurs biodynamiques nous le pardonneront. Ce sont les quartiers des Villes qui nous intéressent aujourd’hui, pas les quartiers dégradés comme le mot nous y renvoie fréquemment, mais les quartiers qui voudraient bien être durables.
A Défaut de parvenir rapidement à rendre les villes toutes entières durables, il doit être possible de créer les extensions urbaines selon les règles du développement durable. Telle est l’hypothèse qui a provoqué la naissance en Europe tout d’abord, et en France plus récemment, de plusieurs quartiers regroupant toutes les qualités environnementales et sociales imaginables. On les trouve à Londres (Bedzed), Copenhague (Vesterbro), Stockholm (Hammerby), Malmö (BO01), à Fribourg (Vauban), à Hanovre (Kronsberg), à Helsinki (Vikki), et bien d’autres villes, essentiellement du Nord de l’Europe (1). Il s’agit le plus souvent d’anciennes friches industrielles ou portuaires, sur lesquelles ont été édifiées des quartiers neufs. Quelques traits communs méritent d’être soulignés : l’importance accordée aux transports en commun (avec réduction de la place de l’automobile), dont les infrastructures précèdent les constructions, une maîtrise foncière bien établie, une préparation assez longue, qui s’apparente à une véritable maturation, faisant largement appel au public et aux habitants potentiels, une valorisation internationale. Le développement durable, c’est aussi une Image. Au plan technique, le mot durable se traduit essentiellement par une performance environnementale : réduction des mouvements de terrain dans la construction, recherche d’Economies d’énergie et recours massif aux énergies renouvelables (constructions passives notamment), techniques sophistiquées de collectes et de valorisation des déchets ménagers, etc. Le côté sociétal est également présent dans la recherche de mixité sociale et fonctionnelle, voire générationnelle, une sollicitation des habitants vers une citoyenneté active, et dans certains cas une réflexion et une Offre sur l’alimentation. L’objectif est de réduire fortement l’empreinte écologique (2), par exemple de 50% par rapport à un quartier Ordinaire pour Bedzed. Ces expériences permettent de tester en vraie grandeur à la fois des techniques et des pratiques innovantes. Elles mettent en évidence des Points sensibles comme la place des nouveaux quartiers dans le reste de la ville, leur intégration, leur perception par les habitants des autres quartiers, et la question de leur généralisation vers un public moins motivé que les pionniers des premières opérations. La confusion, fréquente, entre « durable » et « environnemental » apparaît également. Mais ces vitrines montrent que des villes d’un autre type sont possibles, elles ouvrent des perspectives, et commencent à s’exporter, notamment en Chine où l’équipe qui a conçu Bedzed anime l’édification d’une ville nouvelle de 200 000 habitants dans la région de Shanghai.
En France, plusieurs grandes villes avaient lancé, à l'époque de la première publication de ce billet, en juillet 2007, des projets de ZAC destinées à accueillir des quartiers durables ou de haute qualité environnementale. Citons Poitiers, Grenoble, Rennes, Narbonne, Châlons-sur-Saône, Angers, et il y en bien d’autres auxquelles je demande de m’excuser de ne pas les citer. Le niveau des ambitions affichées est variable, et comme pour les opérations européennes, chaque expérience est un cas d’espèce. Il n’y a pas de règle commune, au-delà de recours à des techniques environnementales performantes pour les équipements et les infrastructures, comme pour les constructions (habitat, tertiaire). Une tentative de clarification des objectifs et d’élaboration d’une méthode est proposée aux aménageurs depuis mars 2010, à l’initiative de l’association HQE (3) et de plusieurs partenaires, pour des ZAC ou des lotissements, dans le prolongement de l’approche environnementale de l’urbanisme (AEU) de l’ADEME. Une démarche et des objectifs ont été définis, dans l’esprit de la démarche HQE des bâtiments, resitués à l’Echelle d’un aménagement urbain, et intégrant les thèmes de vie urbaine en général. Des appels à projet sont lancés par l'Etat ou des Régions, et des prix sont décernés, le premier d'entre eux à la ville de Grenoble pour la ZAC de Bonne. Malgré un réel Retard en France, de nombreuses villes de tailles très différentes ont pris la Mesure des enjeux, et tentent d’y faire face, et on observe un effort intéressant sur la méthode, ce qui est bien naturel au pays de Descartes. La Dynamique est réelle, il convient de l’entretenir !
1 - De nombreux travaux présentent ces quartiers durables. Citons notamment un dossier du PUCA pour son programme Quartiers durables, les études de l’ARENE Ile-de-France, et les dossiers documentaires de l’association 4D. On trouvera également en notes de lecture la présentation de deux ouvrages Ecoquartiers : secrets de fabrication (Taoufik Souami) et Les écoquartiers (Pierre Lefèvre et Michel Sabard) et quelques autres dédiés plus largement à la ville durable.
2 - Voir sur ce point le mot Hectare
3 - www.assohqe.org
Chronique publiée le 19 juillet 2007, revue le 22 février 2011
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