Poche
Small is beautifull. Formule un peu oubliée dans une époque où XXL est la régle. Pour exister, il faut fusionner, agréger, regrouper. Les jardins de poche illustrent, au contraire, tout l'intérêt des initiatives de proximité.
A la veille du 21e siècle, la rue Papillon (Paris 9e) avait montré la voie en se transformant quelques jours par an en un jardin, au mois de mai. Un petit morceau de rue, sans autre fonction que la desserte de quelques immeubles.
Laisser en dur la largeur nécessaire aux passages de véhicules de livraison, de poubelles, de pompier et autre service, et couvrir le reste de gazon ou de sable. Sous les pavés, la plage prenait corps. Les habitants de la rue Papillon réagissaient alors à un Accident qui les avait durement affectés : l’effondrement d’un immeuble provoqué par les travaux du RER E, en décembre 1995. Malgré sa nature précaire et éphémère, un micro jardin, créé et animé par les riverains, venait de voir le jour.
Il n’y a pas besoin de grands espaces pour ouvrir de nouveaux jardins en Centre ville. Bien sûr, profitons des opportunités, quand de grandes emprises se libèrent. Mais nous savons bien que ce n’est pas fréquent, et ces grands parcs sont souvent trop éloignés pour une fréquentation quotidienne, en sortant de l’Ecole ou sur le chemin du marché. Au-delà des grands espaces de prestige, des lieux de rencontre et de détente, à côté de chez soi, tout près, sont indispensables pour la Qualité de vie en ville.
Une association genevoise, Equiterre(1), a mis au point en 2005 le concept de jardins de poche, en s’appuyant sur des Démarches participatives et différents exemples déjà existant, notamment à New-York. En voilà les grandes Lignes selon, Equiterre : Un petit espace public vert de qualité réalisé dans un espace résiduel urbain (espace sans usage défini et inutilisé) ; Une réalisation redonnant vie aux espaces délaissés ; La reconquête du végétal sur le minéral urbain ; Un lieu de rencontres favorisant le lien social ; Un espace adapté à la mobilité de tous ; Un projet améliorant la qualité de vie en ville, essentielle à la réduction de l’Étalement urbain ; Si les habitants du Quartier le souhaitent, le jardin de poche peut même devenir un lieu de jardinage, un jardin partagé.
Dès 2006, Equiterre passait aux actes avec le Service des espaces verts de la Ville de Genève, en partenariat avec la Loterie Romande et le Fonds suisse pour le paysage. Deux jardins de poche étaient réalisés dans le quartier de Saint-Jean et en vieille ville. Aujourd’hui, Paris reprend ce concept dans le 20e arrondissement. 50 sites ont été retenus, des délaissés urbains qui ont été confiés à des associations. 15 opérations ont été engagées. Le nom du programme : Nature +. Une orientation bien affichée par ce titre : jardinage, éducation à l’environnement, protection des oiseaux. Par exemple, un ancien passage, rue St Blaise, de 30 mètres de long sur 6,5 de large a été découpé en 30 parcelles attribuées à des familles.
La ville est pleine d’interstices, pourrait-on dire. Des espaces qui ne demandent qu’à vivre, à trouver une utilité pour les habitants les plus proches. Certains sont appropriés par quelques gamins, qui ont font un terrain d’aventures, d’autres restent inaccessibles, et deviennent de véritables réserves naturelles. Ceux-là ont trouvé leur utilité, et n’ont pas besoin d’intervention. Mais combien sont véritablement délaissés, oubliés, laissés pour compte dans une ville où chaque Mètre carré devrait être valorisé. Sans parler des rues Papillon, qui pourraient être partiellement transformées en jardin.
Il y a aussi des cours d’immeuble, des espaces oubliés dans les entreprises, des toits qui ne demandent qu’à accueillir du monde ou de la nature. En 2005, une exposition du pavillon de l’Arsenal à Paris, avait présenté la « ville du possible », sous le titre « Nouveaux Paris ». « Valoriser un espace résiduel, investir un toit inoccupé, démolir un mur pignon, verdir un cœur d’îlot, réunir des cours d’immeubles, …, l’exposition révèle des transformations possibles qui viennent s’inscrire en douceur dans le Paysage parisien. »
L’Intensité de la ville, la valorisation de chaque petit bout de ville, le plus modeste soit-il, est une des clés de la ville durable. Une valorisation qui revêt bien des formes : On a vu ces nouveaux jardins à Paris, pour la nature, il y a aussi des « salons de poche », lieux de rencontre pour les personnes âgées, si précieux pour lutter contre une forme sournoise d’exclusion. La peur de ne pas trouver de Banc pour s’asseoir est redoutable pour les vieux, et finit par les enfermer chez eux.
Le développement durable progresse de mille manières. Il lui faut de grandes perspectives, des projets phares qui entraînent le plus grand nombre. Il lui faut aussi la multitude de petites initiatives, réunies par quelques règles simples.
1 - www.equiterre.ch
Chronique mise en ligne le 20 septembre 2010
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