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Ville et Campagne

Lotissement



Souvent, le mot fait frémir. On imagine des suites de maisons semblables, au milieu d’un jardin, le tout d’une affligeante uniformité. Si on ajoute que ces nouveaux ensembles sont loin de tout, mal desservis, et repliés sur eux-mêmes, on a un tableau apocalyptique. Pour l’environnement, ce mode d’habitat suppose en outre le recours systématique à la voiture pour le moindre déplacement, avec le cortège de conséquences que l’on connaît, pollutions de proximité, effet de serre, accidents de la route, etc.


Le lotissement serait donc à proscrire, définitivement. A la place, que verrait-on ? Des maisons individuelles réparties dans les campagnes, au gré des possibilités de construire. Un habitat diffus, éclaté, dont la qualité ne serait pas plus garantie qu’avec les lotissements, puisque dans ce dernier cas, le lotisseur prépare les lots, mais ne les construit pas. C’est l’acquéreur qui cherche un constructeur, et l’uniformité est plutôt du à la prédominance de certains modèles de maisons, et à la recherche d’économies immédiates, qu’aux modalités d’accès au foncier.

Ces dernières années, les maisons individuelles ont abandonné les lotissements, et ont préféré le secteur diffus. Pour le développement durable, ce n’est pas un progrès, ni pour les communes d’accueil. La qualité du bâti étant à peu près la même, on se retrouve avec de nouvelles constructions réparties aux quatre coins du territoire d’une commune, au lieu d’être groupées. Un impact visuel moins agressif, certes, mais aucun gain sur l’usage de la voiture, et souvent des problèmes difficiles et coûteux à résoudre pour assurer tous les branchements des nouvelles maisons aux réseaux, électricité, eau, assainissement, téléphone. On aura juste évité l’effet de masse que donne un lotissement, avec ses alignements insupportables. Un peu juste comme avantage, et au prix fort. Comment résoudre cette difficile équation, d’offrir à la fois de nouveaux terrains pour construire des maisons individuelles, et de la qualité pour leurs habitants comme pour l’environnement et la collectivité. Comment choisir entre le lotissement uniforme et la multiplication sans réelle cohérence de maisons individuelles ?

La solution est simple à énoncer : réaliser des lotissements de qualité. Au lieu de rejeter le principe du lotissement, qui n’est qu’une procédure juridique pour diviser et équiper une parcelle, on va lui associer des exigences de qualité. Une méthode a été mise au point par le syndicat des professionnels de l’aménagement et du lotissement, le SNAL, avec l’aide des pouvoirs publics et d’autres organismes professionnels, sur la base de la démarche HQE®, conçue quant à elle pour les bâtiments. Cette méthode est en cours d’expérimentation sur une dizaine d’opérations, lotissements et petites zones d’aménagement concerté (ZAC).

Cette histoire est intéressante à plus d’un titre. Outre la tentative de résoudre l’équation évoquée ci-dessus, et de donner un exemple de sortie d’un contradiction « par le haut », qui est souvent, elle illustre les vertus de la qualité.

La question essentielle pour les lotisseurs n’était pas la qualité, mais la quantité. Leurs chiffres d’affaire étaient en péril, car la mauvaise presse du lotissement avait pour première conséquence que de moins en moins de communes ne leur confiaient de terrain à lotir. La pénurie de terrains disponibles est ainsi devenu le problème majeur des lotisseurs. Un problème de quantité, donc. Il fallait réagir, et pour cela casser l’image du lotissement traditionnel. La qualité est apparue comme une issue pour surmonter la difficulté. Pour débloquer de nouvelles quantités de terrains, il faut garantir de la qualité pour les projets qui y seront implantés. Quantité et qualité ne s’opposent pas, elles se conjuguent. Dans ce cas d’espèce, les maintenir en opposition, comme on a souvent tendance à le faire, n’aurait pas permis de trouver cette issue, qui semble prometteuse. La qualité élargit le champ du possible, et ouvre ainsi des pistes pour un développement quantitatif impensable autrement.

Nos sociétés modernes sont marquées par les systèmes binaires, ou l’on aime opposer des principes qui ne sont pas des contraires, mais des compléments. C’est peut-être une dérive de l’informatique, fondée sur le principe binaire, ou l’influence de la télévision, dont les sociologues nous disent qu’elle simplifie exagérément les débats. Cet état d’esprit doit être dépassé, et le développement durable est une invitation à chercher des complémentarités à valoriser, plutôt que des conflits à exacerber.

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