Design
Design et développement durable : un beau couple qui pemet d'entrer dans commplexité des sociétés, et d'introduire de la perspective sociale. Avec le concours d'un expert, John Thackara.
Pour aborder la question du design à l’heure du développement durable, permettez-moi de vous livrer une note de lecture. Il s’agit du livre de John Thackara, In the bubble, de la complexité du design durable (Cité du design édition, 2008).
Ce n’est pas la première fois que le design est confronté à la question de la nature. En 1969, Ian McHarg avait fait œuvre de pionnier en publiant Design with nature, suivi quelques années plus tard par le livre de Victor Papanek, d’approche résolument sociétale, Design pour un monde réel, Ecologie humaine et changement social. Depuis, les enjeux liés à nos modes de production et de Consommation sont devenus encore plus pressants. Au début des années 2000, Thierry Kazazian reprend la réflexion en misant sur les « choses légères»(1).
In the bubble, dans la bulle, est une expression des aiguilleurs du ciel, pour décrire le niveau de concentration nécessaire pour traiter « les flux incessants d’information qui leur parviennent ». Dans cette bulle, ils arrivent à contrôler les Mouvements des Avions, alors que nous avons le sentiment de ne rien maîtriser des systèmes complexes que nous inventons. Comment reprendre la main sur ces Choix qui sont faits chaque Jour, qui s’enchainent, et nous entraîne vers une situation des plus alarmantes ? Autour de nous, quatre-vingts pour cent de l’impact environnemental des produits, services et infrastructures provient de décisions prises durant le processus d’élaboration en design. Au-delà des produits que nous utilisons, ces décisions ont une incidence sur les matériaux et sur l’énergie nécessaires à leur fabrication, sur la manière dont nous les utilisons quotidiennement et sur ce qu’il advient d’eux lorsque nous devons nous en séparer. John Thackara propose une Transition, déjà amorcée grâce à de nombreuses initiatives, certaine technologiques mais pour l’essentiel de l’ordre des pratiques sociales. Ce livre parle de transition, de celle qui s’opère en passant d’une innovation fondée sur la seule prospective scientifique à une innovation qui s’inspire de la prospective sociale. Plusieurs Lignes directrices, comme la place des êtres humains et des organisations sociales, ou encore le respect de la complexité, la capacité à « penser les Systèmes en termes de globalité ». John Thackara dénonce la foi aveugle en la technique, le plan A de la société Marks & Spencer, et les modes de vie déterminés par des objets. Il accorde une place prépondérante à la Qualité et à la gestion du Temps, avec une tendresse affichée pour les concepts de slow food, slow trams, slow cities.
Tout comme ce site, l’ouvrage est construit autour de mots, quatorze en l’occurrence, autant d’occasions de faire un tour rapide mais percutant d’un domaine ou d’un concept : durabilité, légèreté, Vitesse, mobilité, présence, Local, situation, nourriture, soins, enseignement, compréhension, Intelligence, développement et flux. On y trouve de nombreuses illustrations de ce que peut être un design durable, un design qui s’intéresse aux besoins et à la manière la plus « légère » d’y répondre, un design qui favorise une perception directe des conséquences des Choix effectués, un design qui s’inspire des performances extraordinaires que la nature nous montre tous les jours. Et retenons bien la loi de Thackara, qui opère ainsi un rapprochement entre intelligence et développement durable : « Si vous introduisez une technologie intelligente dans un produit sans intérêt, le produit restera sans intérêt ».
1 - Il y aura l’âge des choses légères, Victoires Editions, 2003
Chronique mise en ligne le 12 novembre 2009, revue le 28 mai 2010
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