
Population
L’équilibre population/ressource est un sujet d’inquiétude popularisé par Thomas Malthus à la charnière du 18e et du 19e siècle, en pleine révolution industrielle. Une question qui se pose aujourd’hui dans des termes bien différents.
7 Milliards d’humains. C’est une petite fille née début novembre aux Philippines qui serait la 7 milliardième, et nous lui souhaitons tout le bonheur du monde.
Nous étions 3 milliards il y a 50 ans, en 1960, 4 milliards en 1974, 5 en 1987, 6 en 1999, à la veille du changement de millénaire. Nous devrions être à peu près 9 milliards en 2050.
Une population mondiale qui vieillit, régulièrement et inexorablement. Les progrès de la médecine, de l’hygiène et de l’alimentation, associés à la réduction du nombre d’enfants par femme, en sont la cause, et on espère que la tendance se prolongera. Bien sûr, nous ne sommes pas à l’abri d’une catastrophe qui remettrait en cause ces prévisions, une catastrophe qui peut prendre des formes multiples, sanitaire notamment, avec en fond de décor un risque de conflit pour l’accès aux ressources.
Une population mal répartie sur le globe, avec des régions surpeuplées, notamment des grands deltas, et d’immenses territoires vides ou presque, de véritables déserts, chauds ou froids. Un accès aux ressources inégalitaire, et une contribution au réchauffement climatique également très mal répartie.
Un tableau contrasté, qui interdit toute conclusion hâtive et absolue sur le phénomène. le grand écart guette. Il est fréquent que l’on s’inquiète de cette croissance démographique, tout en se félicitant de la bonne santé de notre fécondité en France. Comment imaginer que notre pays pourrait échapper à la stabilisation ? Celle-ci est attendue et souhaitée pour réduire la pression qu’exerce l’humanité sur la planète, avec la crainte de manquer de ressources. Elle se manifeste, sous des formes spécifiques, dans chaque région du monde, dans chaque pays.
L’augmentation des prélèvements de ressources naturelles au cours des 13 dernières années est évaluée à 40%. Chiffre à rapprocher de la croissance démographique sur la même période, 17%, un milliard d’êtres humains en plus. En Chine, pays dont le PIB augmente à peu près de 10% par an, la population n’augmente que de 1% par an. Un rapport de 1 à 10. La pression sur l’environnement et les ressources ne dépend pas que du nombre d’humains, mais aussi et bien plus de leur consommation « par tête ». Celle-ci évolue rapidement, dans les pays développés et surtout dans les pays émergents.
La croissance démographique est marquée par une forte inertie. Les changements d’attitude face à la composition des familles sont lents, mais partout dans le monde on observe qu’ils accompagnent la « modernisation » des sociétés, l’augmentation du niveau de vie, l’amélioration du statut des femmes, les progrès de la scolarisation, le « développement humain » pour résumer. Ce sont les pays les plus pauvres, essentiellement d’Afrique subsaharienne, qui ont le plus de mal à stabiliser leur situation démographique. On peut malgré tout espérer que leur développement prendra son essor dans les prochaines années, avec les effets attendus sur leur population. L’action politique peut accélérer la stabilisation démographique mondiale, et les perspectives pour ce siècle sont établies par les experts de l’ONU et des institutions spécialisées. Prenons-les comme une donnée, pour rechercher le nécessaire équilibre entre les ressources disponibles et les besoins humains.
La question de la population mondiale reste un facteur important, les nouveaux venus étant destinés à consommer plus que leurs parents dans la plupart des pays. Mais l'avenir repose essentiellement sur les modes de vie, et par suite des modes de production et de consommation. L’efficacité dans l’usage des ressources primaires, nos modalités de prélèvement de ces ressources, notre capacité à faciliter leur usage renouvellement, sont des paramètres au moins aussi importants que le nombre d’humains.
Le développement durable est la recherche de ces modes de vie plus performants dans l’utilisation des ressources, mais aussi moins exigeant de biens matériels. Des vies où l’émotion viendra plus de la qualité des relations humaines, de la créativité des sociétés, d’une intensité d’ordre culturel, que de l’accumulation de produits à la vie souvent éphémères. Un pari sur l’Homme.
Chronique mise en ligne le 4 décembre 2011
Photo Clay Banks / Unsplash
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