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Risques et sécurité

Incendie



Les incendies de forêt sont un phénomène hélas récurrent de l’été. Un dispositif de surveillance et de lutte contre ces catastrophes est mis en place, et malgré tout, ce sont des hectares qui partent en fumée chaque année, avec des victimes, parmi les pompiers le plus souvent.


Ce qui brûle, c’est la végétation qui s’est accumulée depuis le précédent incendie, et qui n’a pas été exploitée.

L’efficacité de la lutte se trouve ainsi remise en question régulièrement. Les périodes d’accalmie permettent à une « biomasse » importante de se développer, et c’est cette accumulation qui fournit ensuite son combustible au feu. Celui-ci guette toujours, et si la garde baisse, ce qui est normal après plusieurs années de bons résultats, et dès que la conjoncture est mauvaise, sécheresse, fortes températures, vent violent, il trouve toujours un facteur déclencheur, humain ou naturel, volontaire ou accidentel.


La lutte « durable » prend bien sûr la forme de cette surveillance, et de l’intervention sur le moindre départ de feu, mais c’est aussi et surtout la maîtrise de la biomasse accumulée chaque année. A l’époque de la lutte contre l’effet de serre et de la recherche de sources d’énergie renouvelables, il semble que l’on devrait parvenir au prélèvement régulier de la biomasse, faisant ainsi une ressource d’un facteur de risque.


La tradition répondait à cette exigence. Le pâturage des sous-bois, et la récolte du petit bois pour le feu (domestique, celui-ci), la culture de la vigne, qui constitue un excellent coupe-feu, et d’autres usages du sol, y compris des plantations de chênes verts et de chênes liège qui laissent passer le feu au prix d’un tribut superficiel, toutes ces pratiques étaient bien une gestion de la biomasse, correspondant aux besoins de l’époque et empêchant toute accumulation incontrôlée d’une végétation ainsi offerte aux flammes.


Il fallait pour cela une occupation de l’espace rural plus équilibrée que de nos jours, et une pratique extensive de l’agriculture qu’il serait plus difficile à équilibrer aujourd'hui, dans une époque privilégiant de fait les concentrations. Ce que nous appelons aujourd’hui « l’occupation des sols » irait plutôt dans le mauvais sens : les maisons sont souvent construites dans des zones à risques d’incendie, ce qui focalise les efforts des pompiers, et les empêche de mener la lutte dans de bonnes conditions. La présence humaine est devenu un facteur supplémentaire de risque, au lieu d’être un atout pour la prévention.


Au-delà de la question des incendies, on peut s’interroger sur la politique menée pour bénéficier de cette formidable aubaine qui est la croissance naturelle des plantes. Il n’y a rien à faire, et ça pousse. C’est plus compliqué si on veut sélectionner une plante particulière, et on en voit bien l’utilité quand il s’agit de produits alimentaires ou industriels, comme les céréales ou le coton. Il faut alors planter ou semer une variété, et éliminer tous les autres végétaux pour la privilégier. Pour l’énergie, c’est différent. C’est la forêt qui présente le meilleur rendement en fournissant du « bois-énergie » dans des conditions bien meilleures que les biocarburants. C’est peut-être notre habitude à privilégier les cultures spécialisées, à haut rendement et excluant toute autre forme de végétation, qui conduit à privilégier des formules sophistiquées, comme le bio carburant à base de céréales, d’oléagineux ou de betterave, dont les performances énergétiques restent modestes, compte tenu de l’énergie à incorporer dans la pratique culturale. Les formules digérant de la biomasse tout venant, qui commencent à voir le jour avec des rendements intéressants pour ce que l’on appelle de la « co-génération » (production complémentaire de chaleur et d’électricité), ou bien du « bio gaz », pourraient être avantageusement développées, avec de nouvelles formes d’exploitation. Les jachères sont autant de réserves d’énergie à mettre en valeur. Les modalités d’exploitation sont à rechercher pour un prélèvement rudimentaire mais économique de cette biomasse, avec des aspects techniques et organisationnels adaptés à ces nouvelles exigences. La même démarche est à étudier pour les territoires susceptibles de devenir la proie des flammes, et qui sont souvent totalement inexploités.


La meilleure manière de lutter contre le risque, c’est bien d’en éliminer durablement la cause. Avec un baril de pétrole à plus de 70 dollars, bien des opportunités s’ouvrent, qui étaient impensables auparavant. L’énergie chère, et la lutte contre le changement climatique pourraient-ils faciliter la tâche de ceux qui luttent contre les incendies de forêt ? Pourraient-ils aussi transformer la jachère en opportunités pour les agriculteurs ? Sans doute, mais à condition d’abandonner les anciens modes de production au profit de nouvelles filières. Du gagnant-gagnant en perspective.

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