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Ressources, Nature et mer

Sillon



Voilà un mot qui fleure bon la vieille France, celle des comices agricoles et des concours de labour, sans parler de la Marseillaise et de nos livres de géographie. A en croire le journal Le Monde, il semblerait qu’on puisse de passer du labour, et charger les vers de terre, les insectes et les bactéries, tout ce petit peuple de nos sols si bien mis en scène par Microcomos, de remuer et d’oxygéner la terre.

Ce sont les services que la nature nous rend gratuitement, et que le génie de l’Homme doit juste savoir accompagner, et favoriser pour mieux les exploiter. La tentation est tellement forte de se substituer à la nature, de faire à sa place plutôt que de surfer habilement sur ces capacités, que l’on y a succombé depuis longtemps, avec à l’extrême des cultures « hors sol ». Il est bon de se sentir un peu Dieu quelque part, mais c’est un peu bête de ne pas profiter des apports gratuits, et vraiment idiot de détériorer la capacité du milieu à les fournir. Exploiter les mécanismes naturels demande à la fois une connaissance approfondie des lois de la nature, de la biologie et de l’écologie, et aussi une organisation qui permette de faire face aux irrégularités qui caractérisent les climats, pluies ou sècheresse, grêle, coups de froid précoces ou tardifs. De l’intelligence et de la modestie, pour être riche de ce que la nature nous offre, au lieu d’une intervention massive et arrogante, pour une victoire à la Pyrrhus sur la nature.

Le mot Sillon a pris du large. Il a quitté l’agriculture et se sont fait tout petits pour aller vers la musique où il ont permis des développements fantastiques. Les microsillons sont devenus aujourd’hui des pièces de collection, et on en parle dans un univers d’une toute autre nature, celle des chemins de fer. Il s’agit alors du tracé horaire d’un train sur une ligne, pour reprendre la définition de Wikipédia. Et là, on est à nouveau en plein développement durable. Le Grenelle de l’environnement l’a d’ailleurs reconnu, qui a décidé de la mise en place d’une autorité de régulation de ces sillons. Il s’agit en l’occurrence de préserver le transport ferroviaire de marchandises.

Une ligne de chemin de fer coûte cher. Il faut l’entretenir, la moderniser, veiller au bon fonctionnement de la signalisation, des équipements nombreux qui assurent la sécurité des transports. Les voies qui ne servent pas assez sont menacées, car toutes ces charges ne sont pas amorties par un trafic suffisant. A l’inverse, les lignes à succès sont saturées, et le challenge est de pouvoir y faire passer le maximum de trains. La concurrence est alors vive entre les trains grandes lignes, les trains de banlieue, rebaptisés trains express régionaux, et les trains de marchandises. Cette dernière catégorie est toujours sacrifiée. Il est bien normal de ne pas faire attendre des passagers pour faire passer des marchandises ! Les humains d’abord ! La conséquence d’une application systématique de ce principe est paradoxale. Les humains sont victimes de cette situation, autant que les marchandises. L’acheminement de celles-ci est irrégulier, les délais souvent allongés et imprévisibles. Alors que le camion, ça marche bien, du porte à porte et des délais maîtrisés. La priorité absolue donnée sur le rail aux passagers a reporté sur la route une partie du fret, avec des conséquences dramatiques sur la circulation : embouteillages, dégradations des routes, bruit, effet de serre, etc. Et là, ce sont bien les humains qui sont touchés. Il faut donc protéger le fret sur le rail, et organiser la gestion du trafic pour atteindre cet objectif. Les intérêts des personnes et ceux des marchandises ne s’opposent pas, comme on l’a cru : ils sont complémentaires, et l’attribution des sillons ne doit pas se faire dans un esprit de concurrence, mais d’optimisation d’un système. C’est à nouveau du recours à l’intelligence que viendra le salut, comme pour l’agriculture !

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