Ressources
Le 7 milliardième humain nous conduit à se poser la question de ressources. Pourrons-nous faire face aux besoins de toute cette population ? Où trouver les ressources nécessaires ?
L’eau est sans doute la ressource la plus sensible, celle dont nous ne pouvons pas nous passer et qui pourrait bien manquer pour une partie de la Population mondiale.
C’est qu’elle est très mal répartie. Tandis que l’Asie, qui accueille 60% de la population mondiale ne dispose que de 36% de la ressource en eau douce, les 42 millions d’habitants de la vallée du St Laurent et de la région des Grands Lacs américains, 0,6% de la population mondiale, ont accès à 5% de la ressource. Il n’y a pas de justice !
L’eau douce est un bien précieux, une toute petite partie de l’eau présente sur la Terre, l’essentiel étant salé. On peut bien sûr dessaler l’eau de mer, mais ça coûte cher, ça consomme de l’énergie, et il vaut mieux l’utiliser sur place, c'est-à-dire près des côtes. L’intérieur des terres n’en bénéficiera guère, car le transport de l’eau coûte aussi très cher. L’eau douce nous tombe du ciel, elle est ensuite stockée sous diverses formes, et s’écoule vers la mer. Ce sont les glaciers et les nappes souterraines qui constituent ces réserves, mais le réchauffement climatique met en péril les premiers. Il y a ceux des pôles, mais aussi ceux des hautes montagnes, en Asie, en Amérique, en Afrique, qui régularisent le régime des fleuves et distribuent l’eau toute l’année. Le déficit ressenti dans certaines régions risque de s’aggraver.
La consommation d’eau douce est souvent excessive, eu égard aux ressources : L’extrême nous est donné par la mer d’Aral, privée de son eau par une agriculture irresponsable. L’exemple devient célèbre, du fleuve Colorado, aux Etats-Unis, qui baigne 7 états qui y puisent tous allègrement leur eau, si bien qu’il ne parvient plus jusqu’à la mer plusieurs mois par an.
La réponse à cette situation de crise latente, et porteuse de risques, réside dans la bonne utilisation de la ressource. En France, des programmes d’économies d’eau dans les villes ont connu des succès appréciables, mais ce n’est pas tant l’eau des villes qui pose problème que l’eau des champs. La quantité d’eau consommée pour l’irrigation est le double de la consommation « des ménages ». Un « plan d'adaptation de la gestion de l'eau en agriculture » est en préparation, le projet vient d’être rendu public par les deux ministres, en charge de l’eau et de l’agriculture. On est surpris de voir que l’augmentation des réserves, par la création de retenues, soit une solution présentée sur le même pied que la diffusion de pratiques économes, comme le choix de végétaux plus sobres. Et avec des moyens bien plus importants, 90 millions d’euros sur 5 ans, contre 27 pour l’amélioration de l’efficacité. Le « toujours plus », dont chacun connait aujourd’hui les limites, domine encore largement le « toujours mieux », voie d'avenir durable économiquement et écologiquement. Il est difficile de changer d’état d’esprit. Le conservatisme est roi.
Il y a bien d’autres ressources que l’eau, et là encore la tentation de prolonger les pratiques anciennes est la plus forte. La course à l’exploitation de nouveaux gisements reste vive. On apprend ainsi que l’Afghanistan est un Eldorado(1), sur lequel beaucoup de monde tourne ses regards. La guerre, que l’on croyait menée pour le statut, l’éducation et la santé des femmes l’était peut-être pour des motifs moins avouables. Parmi les Richesses de l’Afghanistan figure le Lithium, minerai stratégique pour le stockage de l’électricité notamment, d’autres métaux comme le Cuivre, l’or et le cobalt, des Terres rares, des pierres précieuses et même du pétrole . Les conditions d’exploitation et d’exportation de ces trésors sont délicates, mais le Jeu semble en valoir la chandelle. Les candidats se pressent aux portes de cette terre pourtant si meurtrie.
Autre Eldorado, les pôles. Le continent blanc, l'Antarctique, semble à nouveau menacé. Protégé par le protocole de Madrid signé en 1991, il s'agit d'une pièce maîtresse de l'équilibre climatique et biologique de la planète. La recherche effrénée de nouvelles ressources pousse à l'exploitation des territoires les plus inhospitaliers, le pôle Nord qui se dégèle tout d'abord, et ensuite le pôle Sud. L'accès à des ressources supplémentaires reste l'objectif n°1, au lieu de la valorisation maximale des ressources à notre portée. Les technologies du futur au service d'une économie du passé. Le changement d'époque a du mal à passer.
Il n’est pas question dans mon propos d’exclure ces ressources de toute exploitation humaine, mais d’inverser les priorités. La tentation d’aller « plus loin » pour trouver des solutions à ses problèmes est une facilité. Une facilité qui compromet l’accès des générations futures à ces ressources. Il vaut mille fois mieux économiser les ressources par une bonne analyse des besoins, des choix judicieux de productions (évitons le maïs quand l’eau est rare, par exemple), et une utilisation intensive de chaque unité de ressource prélevée. La non valorisation dans les comptes des matières premières, au-delà du coût de leur mise à disposition (extraction, transport, conditionnement, etc.) conduit à un comportement « minier » au sens péjoratif, après moi le déluge et terre brûlée. De trop nombreux exemples d’exploitation de ce type existent pour qu’une vigilance sourcilleuse ne se mette pas en place pour éviter ces excès. Ne rejetons pas toutes recherches de ressources nouvelles, mais assortissons les de conditions sur le bon usage desdites ressources et du respect de leur environnement humain et naturel.
Heureusement, il reste des réserves inconnues, des barrières à l’exploitation demeurent infranchissables. Cela fait autant de ressources préservées pour nos descendants qui sauront les utiliser, peut-on espérer, avec clairvoyance et précaution.
1 - Selon le Cahier du journal Le Monde daté des 30 et 31 octobre 2011.
Chronique mise en ligne le 12 décembre 2012, 100 ans après la "conquête" du pôle Sud (14 décembre 1911)
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