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Progrès et Innovation

Mélange

Parfois détonnant, le mélange est une caractéristique de la vie, où la diversité fait loi. Mais le mélange n’est pas exempt de risques, et demande une discipline pour en tirer pleinement profit.

Mélange et développement durable, les rapports sont ambigus. D’un côté, le mélange est une calamité. Regardez le recyclage, comment faire quand vous avez plusieurs matériaux associés, que ce soit dans le bâtiment ou dans les emballages, par exemple. Séparés, ils peuvent se recycler, mais selon des procédés différents, souvent incompatibles entre eux. Résultat : plus rien n'est recyclable. Quel gâchis ! Et ne parlons pas du mélange 2 temps, pour les mobylettes par exemple, polluant et bruyant à la fois.


En matière de gouvernance, le mélange des genres n'est pas mieux. Quand le prescripteur d'une commande est dans les faits le même que le responsable de la prestation, il faut s'inquiéter. Une situation fréquente dans notre vie courante, où le commerçant, ou l'artisan, vous conseille sur le choix des produits qu'il vous vend. Idem pour le conseiller agricole payé par les fabricants de matériel et de produits que l’agriculteur doit acheter. Une situation également fréquente dans le secteur public, où l’intervention et son contrôle sont souvent assurés par les mêmes autorités. La recherche d’économie conduit souvent à cumuler plusieurs fonctions, au détriment de la sécurité et de fiabilité de l’action publique. Bref le mélange, à éviter.
D’un autre côté, hors du mélange point de salut.
Ses vertus sont bien connues en agriculture. Assolements, associations de culture, polyculture-élevage, ce sont des complémentarités qui fonctionnent bien. La monoculture exige des apports continuels, elle épuise vite les sols et favorise les attaques de parasites divers. L’agroécologie représente aujourd’hui une des voies de progrès les plus en vue.
De l’agriculture à la culture, il n’y a qu’un pas. Le mélange des cultures est une source d’inspiration permanente, source d’innovations dans tous les domaines, musique, arts plastiques, cinéma, etc. La créativité artistique provient de confrontations, d’étincelles qui jaillissent de ces frottements. La pensée unique est stérile. Le mélange est parfois détonnant, il faut l’encadrer, parfois l’organiser, orchestrer la rencontre, ne serait-ce que pour éviter les malentendus. Il y a toujours des risques, mais le risque absolu est le repli sur soi, l’enfermement sur sa propre culture.
L’innovation fille de la confrontation de cultures, le phénomène se retrouve dans la recherche. Les exemples sont multiples, où les chercheurs déplacés de leur milieu d’origine font, eux aussi, des étincelles. Les exemples de Marie Curie et d’Albert Einstein sont bien connus, et les échanges entre chercheurs d’origines diverses sont souvent féconds. Des mélanges aussi à animer entre disciplines, entre spécialistes de domaines différents, pour ouvrir le champ du possible, pour permettre des transpositions, des analogies révélatrices.
Mélanges d’objectifs, aussi, courir plusieurs lièvres à la fois, pour réunir plus de moyens et rechercher des synergies. Revenons à l’agriculture. Production alimentaire se combine bien avec maitrise du cycle de l’eau, lutte contre l’érosion des sols, biodiversité florissante. Des fonctions dont certaines sont financées par le marché et peuvent ainsi en « embarquer » d’autres, réputées « gratuites ». Dans les villes, la végétalisation permet à la fois de lutter contre l’effet de serre, d’en réduire les dégâts, et de contribuer à la qualité de vie, à l’attractivité, au paysage, de capter une partie de la pollution de proximité. Aucun de ces objectifs n’aurait suffi à déclencher ce genre d’opération, mais l’ensemble l’a permis.
Voici maintenant le mélange d'activités industrielles, quand les déchets des uns sont les matières premières des autres. Le concept d’écologie industrielle tend à reproduire pour les activités humaines des mécanismes de la nature, où rien ne se perd, et tout se transforme.
Comme la langue d’Esope, le mélange est donc, du point de vue du développement durable, le meilleure et la pire des choses. Il doit être possible de maitriser le mauvais côté. Eco-conception pour les produits, en intégrant leur fin de vie dès leur conception. Ou plutôt la nouvelle vie de ses composants, et la manière de les distinguer et les isoler ensuite. Rigueur dans les procédures et les organisations, à partir de quelques principes simples de non-mélange de certaines fonctions.
La contradiction entre les bons et les mauvais aspects du mélange n’est pas insurmontable. Le mélange reste un activateur de dynamisme et de dépassement de soi, indispensables pour explorer les mondes de demain, des mondes durables

Photo : Miker Petrucci / Unsplash.

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