Exploit
Le spectacle qu'offre certains sports est constriut sur la compétition, au point que les autres sports, comme l'alpinisme sont exclus des jeux olympiques. On en vient à croire qu'exploit et compétition vont de pair. Il y a des exploits sans compétition.
Les jeux olympiques offrent une occasion de mettre en avant l’exploit, la performance, le dépassement de soi. Et c’est très bien de valoriser le goût de cet effort permanent, nécessaire pour relever les défis du développement durable.
C’est aussi la mise au pinacle de la compétition. La compétition comme moteur de l’exploit. Une compétition entre hommes, ou entre femmes, pourquoi pas, ça peut être un échauffement. Mais la vraie compétition est ailleurs, l’exploit que nous devons réaliser sera collectif, il n’y aura pas de vainqueur et de vaincus, il n’y aura que des vainqueurs ou que des vaincus. Il est d’ailleurs frappant que certains sports ne soient pas représentés aux JO, comme l’escalade ou la spéléo, ou encore la randonnée. La découverte et l’exploit collectif, en cordée, ne figurent pas parmi les sports olympiques, qui ont pour but de désigner un champion.
Exacerber l’esprit de compétition est-il une bonne chose aujourd’hui ? Entre les peuples qui plus est, car contrairement aux Jeux de la Grèce antique, ou les athlètes concourraient individuellement, en abandonnant toute référence à leur cité, les jeux modernes sont organisés autour des nations, avec les drapeaux dont s’enveloppent les vainqueurs sitôt franchie la ligne d’arrivée !
Nous avons assurément des exploits à accomplir, mais ils ne relèvent pas de la compétition. Il ne faudrait pas que celle-ci, stimulante par elle-même, ne masque le besoin de dépassement collectif, mais y prépare. Est-ce possible, compte-tenu de l’esprit qui règne le plus souvent dans ces grandes manifestations, avec les intérêts Politiques et financiers en jeu ? N’est-ce pas l’esprit de domination qui gagne, et non celui de coopération ? Il existe d’autres formes de confrontation bien plus enrichissantes et constructives. Les grandes réunions scientifiques, congrès médicaux et autres symposiums, sont moins populaires que les JO, mais ce sont bien des athlètes de la science qui s’y expriment, et on connaît leurs rivalités. Mais ils concourent à une accumulation de connaissances, et non à l’exclusion, à l’élimination des moins forts. Les grandes manifestations de type téléthon sont aussi propices aux exploits, parfois très médiatiques, inscrits dans une démarche collective de solidarité.
La compétition a du bon, quand il s’agit de souder un groupe, et elle devient ainsi un facteur d’intégration. Ce n’est pas la seule manière de procéder, mais il faut convenir que ça marche, et alors pourquoi pas ? Elle permet aussi à des nations d’apparaître fièrement sur des podiums mondiaux, et de revendiquer un Statut de grande puissance sportive. Elle permet aussi de se mesurer, de voir comment progresser, de se donner des Défis personnels, toujours enrichissants, si on n’en abuse pas et qu’on n’en devienne pas malade : Il y a des phénomènes de dépendance, et les difficultés de reconversion des grands sportifs en témoignent régulièrement. Et ne parlons pas du dopage sous toutes ses formes, organisé par les équipes ou individuel.
Mais la compétition, c’est aussi et surtout un spectacle. Des gladiateurs sans armes, mais des gladiateurs quand même, qui doivent vaincre ou mourir. Le public vient assister à ces spectacles, pour voir des combats, et le souvenir des jeux de la Rome antique n’est pas loin. Elargis au monde entier grâce à la télévision, les JO ont sans doute un caractère fédérateur à cette Echelle, mais est-ce bien cette mondialisation que nous souhaitons, celle de la compétition et des exploits individuels, réalisés par construction au détriment des autres. Il est bien dommage d’associer exploit et compétition. Peut-on réaliser l’exploit de faire des JO non plus une démonstration de force et de puissance, mais une opportunité de connaissance mutuelle, de solidarité et d’action collective pour la planète ? L’exploit sans la compétition, c’est ça le développement durable.
Chronique mise en ligne le 7 août 2008, revue le 14 février 2010
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