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Progrès et Innovation

Ethique

Construire notre avenir en explorant le champ du possible sans a priori est une chance extraordinaire, une source de bonheur. Encore faut-il faire un bon usage de cette liberté. Le développement durable a besoin d’éthique.

Le développement durable n’existe pas dans l’Absolu. Ce n’est pas un état stable et universel, c’est une Dynamique.

Il se trouve en marchant. Nous avons tous à y contribuer, en marchant dans la même direction, mais chacun avec sa sensibilité, ses Envies, ses Compétences et ses Talents. Il faut donc s’interroger sur la manière de marcher, plutôt que d’imaginer la « Terre promise », qui sera, tout compte fait, ce que nous en ferons.
Cette marche est balisée. Il y a des repères techniques, que nous connaissons bien. Au-delà des fameux « trois piliers », économique, social et environnemental, rappelons-en quelques unes : situer le développement des activités humaines dans un monde « fini » ; cultiver notre Jardin, pour préserver le Capital et vivre sur ses revenus ; nécessité de faire adhérer tout le monde ; aller plus loin que le simple respect de la diversité, chercher à la valoriser, à en tirer Profit, et bien d’autres règles du Jeu qui, loin d’enfermer le développement durable dans un modèle rigide, ouvrent l’étendue du champ à explorer par l’humanité.
C’est avec ces repères que la société avance. Les pouvoirs publics, les grandes organisations telles que les syndicats (de patrons et de salariés), les animateurs des grands courants de pensée et les faiseurs d’opinion, les associations de toutes natures, ont pour mission de stimuler la Créativité collective, d’organiser une confrontation constructive des idées et des pratiques, de favoriser l’émergence de nouveaux modes de vie. Ce serait une erreur de confisquer le concept de développement durable, de décrire un modèle « clé en main ».
Cette liberté, à faire vivre à travers toute la société,  impose une discipline, une éthique. Il ne faut  pas de censure dans la recherche d’un monde Différent, il faut un sens des Responsabilités, personnelle et collective, pour engager cette recherche.
L’innovation est incontournable pour trouver les voies du développement durable. Elle porte aussi bien sur les aspects techniques, que sur la vie sociale, les formes de relation entre communautés, et au sein des communautés humaines. L’innovation comporte inévitablement une prise de Risque. Quand ces risques ont lourds de conséquences, « graves et irréversibles », pour reprendre les termes de la déclaration de Rio (1992), un garde-fou a été institué. Le principe de Précaution est là pour éviter que la société dans son ensemble ne devienne l’otage d’un « savant fou ». L’expression est bien sûr exagérée, mais on comprend aisément qu’il n’est pas possible de laisser un chercheur développer des produits potentiellement très dangereux, sans que l’on s’entoure de garanties. Il n’est pas étonnant qu’un spécialiste, forcément le meilleur dans son domaine, qui pousse un projet à ses extrémités, perde de vue le sens de sa recherche. Il se concentre sur l’objet de ses travaux, il veut aller toujours plus loin. Il est persuadé de maîtriser tous les risques, mais qui peut le confirmer ?
Le principe de précaution a pour but d’encadrer la prise de risque, d’en donner la responsabilité non pas aux chercheurs et aux développeurs, qui seraient juges et parties, mais à la collectivité, organisée pour cela. Défini pour l’environnement, il devrait d’ailleurs être étendu à tous les domaines qui touchent au futur, y compris les champs « sociétaux ».
La plupart des innovations échappent à ce contrôle, et il est heureux qu’il soit réservé à des cas Extrêmes , en petit nombre. Quel est donc le garde-fou pour tous Les autres risques, petits, pas très graves, souvent réversibles (mais à quel Prix ? et qui paie ?) mais qui sont innombrables, et qui s’ajoutent les uns aux autres, dans des processus cumulatifs dont personne n’a de vue d’ensemble ?
L’éthique, personnelle et celle des collectivités, notamment des entreprises, joue alors un rôle déterminant. Aux 3 « piliers » du développement durable répond le triangle de l’éthique, je peux, je veux, je dois. Il faudrait peut-être ajouter la curiosité, l’envie de construire un monde différent, qui bouscule évidemment les idées reçues, mais qui permet d’imaginer des réponses originales.
Aller jusqu’au bout du possible, mais sans faire de mal ni aux hommes ni à la planète, dépasser le bon sens, toujours conservateur, sans entraîner de Catastrophe, voilà de nouvelles balises, où l’éthique des acteurs sera le guide principal. Car il ne faut pas que ce « nouveau monde » ne laisse une partie de la société sur le bord du chemin, ni que les craintes, toujours légitimes des uns, viennent empêcher toute forme d’expérience et de découvertes.
L’éthique touche aussi bien ce que l’on a le Droit de faire, et même le devoir, que ce pour quoi on a le droit de dire non, et même le devoir, sur la piste du développement durable.

 

 

Chronique mise en ligne le 6 janvier 2013

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