Connaissance
Les besoins pressants d'une partie de l'humanité incite parfois à exploiter la moindre ressource sans précaution. Il peut en résulter de véritables appauvrissements de la planète et de l'humanité. La connaissance des ressources et de leurs lois est un préalable à leur bonne exploitation.
Tirer le meilleur parti des Ressources de la planète, ainsi se formule une des exigences incontournable du développement durable. On ne le rappellera jamais assez, il va falloir faire vivre convenablement 9 milliards d’êtres humains d’ici 40 ans, soit la moitié en plus de la Population actuelle dans à peu près la moitié d’une durée de vie humaine. Un beau défi, qui ne sera pas relevé sans une recherche de la meilleure façon de susciter et d’utiliser la production que la planète fournit chaque année, à partir de l’énergie que lui apporte le Soleil.
Pendant des siècles, les prélèvements de l’humanité sont restés modestes, et nous avons pu nous multiplier au fur et à mesure que nous découvrions de nouvelles techniques, de nouvelles manières de collecter et de transformer les Richesses que la nature nous fournissait, bon an mal an. L’empreinte actuelle de l’humanité sur son milieu de vie est devenue bien lourde aujourd’hui, certains affirment qu’elle a dépassé ce que la Terre peut nous apporter et que nous avons attaqué notre Capital au lieu de nous contenter de vivre de ses intérêts. Une prospérité apparente qui cacherait un appauvrissement et une perte de capacités de production au moment même où il va falloir relever le défi de la deuxième transition démographique, celle de la stabilisation de la population mondiale à son maximum historique.
Une erreur fréquemment commise est de se précipiter. Evidemment, il y a Urgence, mais il faut commencer par le commencement : connaître les ressources avant de les exploiter. Connaître leur fonctionnement, leur modes de renouvellement, comment en tirer le maximum de services, comment réduire les inconvénients qui pourraient naître d’une exploitation maladroite ou abusive, etc. Connaître les interrelations entre les différentes ressources, celles-ci pouvant être minérales, biologiques, mais aussi Physiques comme le climat, ou humaines comme le savoir et la Santé.
Il y a bien longtemps, un ami océanographe, rentrant d’études aux Etats-Unis, m’avait dit sa surprise de voir que l’organisme scientifique en charge des océans, le CNEXO (Centre national pour l’exploitation des océans, ancêtre d’IFREMER) faisait référence à l’exploitation des océans et non à leur exploration. Et pourtant on ne connaissait que peu de choses sur les fonds marins. A peine une ressource était-elle découverte, comme les nodules métalliques dans les grands fonds, qu’il fallait l’exploiter. Mieux en comprendre l’origine, la répartition, l’évolution, les relations avec d’autres ressources, les conséquences probables des prélèvements envisagés selon les modalités et le rythme, en un mot la question de la connaissance de la ressource, était de second ordre.
La connaissance de la planète et de son fonctionnement reste un enjeu majeur de développement durable, même si des Progrès importants ont été réalisés. Bien sur, il faut agir tout de suite, il y a des besoins immédiats et les besoins de demain demandent des investissements dès aujourd’hui. Mais l’action doit être éclairée par la connaissance. L’ouverture des frontières et la mondialisation demande une recherche à cette échelle. L’exploitation massive de gisements de toutes natures affecte les équilibres planétaires, comme les grandes pêches avec bateaux-usines, avec les conséquences en chaine sur le milieu biologique et Physique.
Il convient donc d’approfondir et compléter nos connaissances sur la planète, notamment sur les interférences entre des phénomènes très lointains en apparence comme la chasse à la baleine et le réchauffement climatique. Les satellites sont des instruments merveilleux pour cela, ils donnent du Recul et permettent de voir et d’analyser de nombreux phénomènes invisibles quand on a le nez dessus. Ils ouvrent des perspectives, mais leurs apports doivent souvent être complétés par des observations de terrain, sur des sujets ou des lieux sensibles. Les océans constituent les 2 /3 de la planète. Ils contiennent une quantité de ressources considérables, et de natures très différentes, comme de l’énergie et la biomasse, la vie marine dont dépend la vie sur terre d’une bonne partie de l’humanité.
Les océans sont en échanges constants avec l’atmosphère, avec le Soleil, avec les fonds et l’écorce terrestre dont ils remontent des éléments à la Surface. Ils constituent un élément stratégique pour la survie et le développement de l’humanité. Nous avons vu dans le billet Relief que le Gulf Stream charrie 100 fois plus d’énergie que l’humanité entière n’en consomme, et ce n’est pas le courant le plus important. Ça vaut sans doute le coup d’investir pour connaître le fonctionnement de ces Systèmes d’une puissance extraordinaire. L’hémisphère sud est plus maritime que le Nord, avec des latitudes entièrement dévolues à la Mer, ou presque. Les courants les plus puissants y prennent naissance, ses eaux froides et riches en plancton remontent vers les tropiques. Entre antarctique et tropiques, l’univers austral constitue un sous ensemble du monde mal connu du fait de la faible présence humaine et de l’éloignement, mais dont l’influence s’exerce à des milliers de kilomètres et sur toute la planète. Un système complexe où les vents et les masses d’air, les courants et les masses d’eau, la vie animale et végétale interagissent en permanence. Un lieu privilégié pour observer le fonctionnement de la Terre, améliorer notre connaissance de phénomènes d’une formidable intensité dans l’Espoir
Chronique rédigée à bord du Marion-Dufresnes, publiée le 20 septembre 2009 sur le Moniblog
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