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Production et consommation

Responsabilité

La présentation récente par l'AFNOR de la norme ISO 26000 offre l'occasion de clarifier le lien entre développement durable et RSE, responsabilité sociétale des entreprises.

C’est un défi d’un genre particulier. Il ne s’énonce pas en résultat, en chiffres, en conquêtes.

Il concerne sa propre manière d’analyser et de comprendre, de se fixer des objectifs, de travailler, d’évaluer son action. Il s’agit de se donner soi-même une discipline de pensée et d’action, et de la respecter. Si cette discipline intègre, au-delà de son propre intérêt immédiat, des valeurs partagées, si elle amène à prendre en charge des enjeux d’ordre général, on fait alors mention d’une responsabilité élargie, que l’on appelle sociétale. La responsabilité sociétale est donc tout simplement une exigence vis-à-vis de soi-même, d’abandonner ses œillères sectorielles pour consolider ses bénéfices à une échelle plus vaste, celle de sa sphère d’influence.
Lesdits bénéfices sont d’ordre multiple, et on retrouve le caractère transversal du développement durable : ils sont économiques, mais en veillant à ce que la recherche de profit tende aussi à optimiser les bénéfices pour la collectivité. C’est un jeu à somme positive, et on sait bien que les meilleures affaires sont celles où tout le monde s’y retrouve. Toujours gagnant-gagnant. Ils sont sociaux, avec une bonne répartition des bénéfices, mais aussi le respect de la santé et des cultures de l’ensemble des acteurs, personnels, clients, fournisseurs, sous-traitants, petits actionnaires, etc. Ils sont écologiques, attentifs à la richesse biologique, économes en matières premières et en ressources naturelles, et en maîtrisant les rejets dans l’environnement, produits toxiques et gaz à effet de serre notamment. 
La responsabilité sociétale est la contribution des organisations (collectivités, entreprises, associations, syndicats) au développement durable.
Ce n’est pas toujours une affaire simple. Le nombre d’acteurs, la diversité des intérêts, la prise en compte de la durée, les incertitudes de tous genres, autant de difficultés à surmonter pour les organisations désireuses de participer à l’aventure collective du développement durable. Il faut donc proposer aux volontaires des méthodes, des manières de faire, des bonnes pratiques. Certains n’en auront pas besoin. Ici, l’engagement des responsables, leur attention et leurs connaissances sur le développement durable leur permet de se doter d’une politique solide, et de la faire partager par les parties prenantes. Ailleurs, ce pourra être la formule dite Agenda 21 qui sera le cadre de la démarche développement durable. Un dispositif souple, décliné pour les collectivités territoriales, les entreprises, les écoles, qui aide à s’organiser, à se fixer des objectifs pertinents, à retenir un programme d'actions et à évaluer sa progression. 
Certains ont, au contraire, besoin de s’insérer dans un cadre structuré, reconnu au-delà de nos frontières, qui leur permette de se constituer leur politique. C’est ce cadre qui vient d’être adopté par l’ISO, l’organisation internationale de normalisation, sous le nom d’ISO 26000. Une norme qui n’impose pas d’exigences, mais un changement dans le comportement. Elle est construite autour de 7 questions centrales : la gouvernance de l’organisation, les droits de l’Homme, les relations et conditions de travail, l’environnement, les bonnes pratiques des affaires, les questions relatives aux consommateurs, l’engagement sociétal. Elle intègre les principes des grands textes internationaux, comme la déclaration universelle des droits de l’Homme et les conventions de l’organisation internationale du travail. La lutte contre la corruption et l’insertion dans l’économie locale y figurent donc au même titre que les économies de matières premières et les accidents sur les trajets domicile-travail. 
Voilà donc un nouvel instrument au service des organisations, pour les aider à se renforcer et à entrer dans le futur. Il est le fruit d’un travail lancé en 2005 à la demande d’organisations de consommateurs, et qui a mobilisé les représentants de 92 pays et 40 organisations internationales.
Deux dimensions dans cette norme, qui ne surprendront pas les habitués de la démarche HQE : une méthode d’appropriation et de mise en œuvre d’un côté, et la présentation des principes et des thèmes que recouvre la responsabilité sociétale de l'autre. Plus précisément, une démarche en trois étapes, le diagnostic, le déploiement et l’évaluation pour rendre compte. Une bibliothèque de thèmes à aborder répartis en 40 rubriques.
Au total un instrument de clarification, qui aide au choix des instruments habituels comme le management environnemental (ISO 14001), les écolabels et autres bilans carbone, ou encore le management de la santé et de la sécurité au travail (OHSAS 18001) et à leur bon usage. Un nouveau né, sur le berceau duquel de nombreuses bonnes fées se sont penchées, et auquel nous souhaitons, avec tout l’ail et le Jurançon qu’il faudra, vigueur et longue vie !


Chronique publiée sur le moniblog le 4 avril 2010, et sur ce site le 20 avril 2010

 

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