Ménage
Agir sur la consommation des ménages est un des leviers pour aller vers le développement durable. Rétrospective de ladite consommation, pas toujours au rendez-vous du DD.
Ménage. Tel est le nom qui nous est donné, à nous la population ordinaire, dans les statistiques officielles. Des ménages qui consommons, voilà ce qui compte, avec notre « composition », le nombre de personnes, de parents, etc. et notre comportement, notre moral.
Les ménages sont des acteurs importants du développement durable. Rappelons-le, ce ne sont pas les ministères qui font le développement durable, mais les acteurs de la société, entreprises, collectivités, et bien sûr, les ménages. Par nos choix quotidiens, nous marquons notre influence sur notre environnement, nos prélevons des ressources, nous en rejetons. Vous objecterez que les ménages ne consomment que ce qu’ils trouvent en magasin, qu’ils sont influencés par la publicité et les modes, qu’ils sont en somme tributaires de l’offre et des politiques menées par les entreprises. L’offre structure la demande. Ce serait oublier que le client est roi, que ses préoccupations évoluent, et que son comportement influence aussi l’offre. La responsabilité est partagée, même si la confrontation entre l’offre et la demande n’est pas équilibrée.
Pendant que la publicité et le discours ambiant sur la croissance, les emplois et le pouvoir d’achat poussent à la consommation, les idées de modération, de lenteur, et de maîtrise se fraient un chemin. Quelques résultats en témoignent.
Nous consommons moins d’eau. L’eau est un bien sensible, et notre consommation individuelle est passée de 165 litres par jour en 2004 à 143 litres, dix ans plus tard. Moins 13%, peut sans doute mieux faire, mais c’est un premier résultat. Côté déchets, des progrès également. Moins 3% entre 2009 et 2013. Nous mangeons aussi moins de viande. Celle-ci pesait un tiers du budget alimentaire des ménages en 1965, il n’en pèse plus que 20%. La tendance va dans le bon sens. Nos consommations de produits bio ont été multipliées par 3 en 10 ans, mais nous partions de bien bas, et la multiplication dans ces conditions est facile. Enregistrons quand même cette évolution, qui s’affirme de plus en plus et touche toutes les catégories sociales. Nos émissions de C02 dans nos logements sont en baisse de 20%, de 1990 à 2014, malgré une hausse du nombre de logements et une augmentation de leur surface. Il n’y a pas de doute, les ménages font des progrès.
Gardons-nous cependant de tout triomphalisme.
Il y a des points moins favorables. Nous étions en moyenne 1,78 personnes par voiture dans nos déplacements et 1990. Nous ne sommes plus que 1,58 en 2014. En pratique, il y a plus de voitures sans passager aujourd’hui qu’hier, malgré les efforts pour remplir les voitures, comme le co-voiturage. Le nombre de ménages à deux voitures a augmenté sérieusement, et c’est sans doute l’explication de la baisse du nombre de passagers par voiture. Le phénomène est d’autant plus préoccupant que nous nous déplaçons beaucoup plus qu’avant. En 15 ans, de 1990 à 2015, nos déplacements en train ont augmenté de 41%, le transport routier de 36%, et l’aérien de 25%. Peut-être un peu de transfert de la route et de l’avion vers le rail, mais au total une forte hausse de nos déplacements, avec l’empreinte environnementale qui va avec. Pour le plaisir, ce qui serait un « plus » pour la qualité de vie, ou par nécessité ? Une nécessité qui, pourraient peut-être être évitée avec une autre organisation ou des circuits courts…
Les émissions de CO2 dans l’habitat baissent, mais pas la consommation d’énergie. Elle s’est fortement accrue jusqu’en 2001, et sa baisse depuis n’a pas permis de redescendre au niveau de 1985 : nous consommons encore 10% d’énergie en plus. La cause au « usages spécifiques » de l’électricité, notamment tous les appareils électriques, dont la consommation a plus que doublé en 30 ans, malgré les ampoules basse consommation et les LED… Ordinateurs, télévisions, électro-ménager, des postes en forte hausse, bien que leur consommation par appareil ait pu être maîtrisée.
Nous produisons moins de déchets, nous fréquentons davantage les déchetteries, mais nous réparons moins. Les dépenses de réparation, qui avaient augmenté de 1990 à 2000 de 5%, ont baissé depuis de 10%. Les progrès sont donc encore bien fragiles. Ils ne dépendent pas que des ménages, la part de responsabilité des fabricants de nos appareils habituels est grande, mais les réflexes à l’achat et à la première panne venue ne sont pas encore stabilisés. Peut mieux faire !
Produire et consommer autrement. Tel est le chemin du développement durable. Deux approches totalement dépendantes l’une de l’autre. Deux moteurs du changement, qui peuvent être activés séparément, par les entreprises et par les ménages. Consommons différemment, et la production suivra. Il y a encore beaucoup à faire.
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