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Production et consommation

Immatériel

Le « découplage » entre la production et les prélèvements de ressources n’est possible que par la montée en puissance de l’immatériel.

Le développement durable ? Je ne le vois pas dans le bilan !
Une phrase que bien des responsables DD ont entendue, de la part de dirigeants à courte vue, ou qui faisaient semblant de ne rien voir.

Le problème, c’est qu’il y a plein de choses qui n’apparaissent pas dans les bilans, et qui comptent quand même. Ce sont les actifs immatériels, qui contribuent pour une grande part à la production d’une entreprise. L’Observatoire de l’immatériel (1) nous le rappelle : l’économie française est immatérielle à 86%, selon  une étude de la Banque mondiale. Sur les grandes places financières, l’évolution est de même nature. Ainsi, la Valeur immatérielle des entreprises cotées est devenue nettement supérieure à leur valeur comptable. Il devient donc primordial de l’évaluer, l’immatériel prend toute son importance dans la production et la bonne santé des entreprises.
Ça tombe bien, le développement durable nous conduit par ailleurs à privilégier les productions immatérielles, celles qui nous donnent du plaisir et nous rendent service sans prélever d’autres ressources que du talent et du savoir faire. Au royaume de l’immatériel, il y a donc les facteurs de production et les produits. Voilà une bonne  nouvelle, il va falloir l’exploiter.

Les actifs immatériels sont nombreux, et ils ne sont pas toujours faciles à valoriser. Traditionnellement, les comptables calculent la valeur des actifs à partir des flux d’argent prévisibles sur une période donnée, mais comment traduire la qualité de la relation avec vos clients, ou les qualités accumulées de votre personnel et la bonne ambiance qui règne dans votre entreprise ? L’observatoire de l’immatériel proposait une méthode d’évaluation, basée sur 10 capitaux élémentaires, Capital client, Capital marques, Capital organisationnel, Capital humain, Capital technologique, Capital actionnaires, Capital fournisseur/partenaire, Capital Systèmes d'information, Capital sociétal, Capital naturel. Il les a aujourd'hui regroupé en trois grandes familles, Humain, Structurel et Relationnel, et proppose aujourd'hui une gamme d'outils d'évaluation.

Cette simple liste d’actifs illustre bien l’importance de l’immatériel. Le futur d’une entreprise est largement déterminé par ces facteurs qui n’apparaissent pas dans le bilan. Et pour qu’il soit radieux, il va falloir piloter ces paramètres, de manière à ce qu’ils conservent leur valeur, et même l’accroissent si possible. Des instruments de diagnostic et d’évaluation sont donc nécessaires, comme celui disponible sur le site de l’Observatoire. Chaque « capital » est passé au crible, et se subdivise en volets particuliers à évaluer séparément. Prenons le capital « actionnaire », par exemple. On s’intéressera au type d’actionnaires, à leurs réserves financières, à leur compétence et à leur notoriété. Autre exemple, le capital humain, essentiel à de multiples points de vue. Sont passés à la loupe le climat qui règne dans l’entreprise, la qualité de l’encadrement, du double point de vue de son expertise et de son leadership, la fidélité des salariés, leur compétence et leur motivation, dont dépendent leurs performances.

La valorisation de ces actifs, leur intégration dans les comptes, serait une étape importante pour sortir de la dictature du quantitatif. La quantité se mesure aisément, la qualité dépend de nombreux paramètres, dont une partie n’est pas maîtrisée par l’entreprise, comme l’environnement économique et social, à des échelles multiples. C’est la bonne compréhension de cet environnement, la capacité d’anticipation, d’adaptation en cas d’imprévu, qui sont alors des vertus cardinales, à apprécier comme un actif majeur d’une société.

Entrer dans le champ de l’immatériel ouvre de nombreuses perspectives. Des perspectives immédiates, pour le management des entreprises, mais aussi  pour  la manière de mesurer le bien être. C’est l’équivalent du recul nécessaire par rapport au PIB, qui ne représente qu’une partie de nos activités, et de manière bien déformée.
La prise en compte de l’immatériel suppose qu’on puisse l’évaluer. Mission impossible mais obligatoire. Il va falloir trouver de nouvelles méthodes d’évaluation, dont le diagnostic de l’observatoire de l’immatériel est un prototype, de manière à sortir de la contradiction « par le haut », comme le développement durable nous y invite. Des méthodes ouvertes et évolutives, qui intégreront la diversité de l’immatériel, sa fluidité, sa contingence. Un beau chantier à mettre en route au plus vite.

 

1 http://observatoire-immateriel.com


 Chronique mise en ligne le 28 octobre 2011, mise à jour el 1er mars 2022

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