Conception
Le développement durable nous invite à rechercher l’efficacité, en termes de services rendus. Une attitude qui conduit à s’intéresser à l’usage autant qu’à la production. Une nouvelle approche de la conception.
L’Ingénierie s’est intéressée en premier lieu à la production. Il faut bien commencer par produire, dans les meilleures Conditions possibles, avec les Moyens dont nous disposons. Depuis quelque Temps, on la voit aussi se pencher sur la Consommation. Comment consommer aussi efficacement que l’on produit ? Un rééquilibrage attendu de la conception des produits, car la recherche de l’efficacité se fait bien sur le « cycle de vie » d’un produit, et non sur une phase particulière. On le sait bien pour les bâtiments, dont les performances et même la durée de vie dépendent de la manière dont il est exploité autant que de la manière dont il a été conçu.
Le développement durable est un appel à l’efficacité. Facteur 4, 2 fois plus de bien-être en prélevant deux fois Moins de Ressources. Il va falloir économiser les moyens tout en rendant un meilleur service. Beau défi qui nécessite une approche nouvelle, associant une diversité de Compétences. L’efficacité est fille de performances techniques, mais aussi de la manière dont on les utilise, ce que l’on en fait. L’ingénierie technique et l’ingénierie sociale se retrouvent pour concevoir les réponses les mieux adaptées. Dans de nombreux cas, les utilisateurs ne sont pas des Professionnels, ils ont leurs tempéraments et leurs Culture s, qu’il faut intégrer dans l’équation. Deux exemples permettent d’illustrer cette évolution.
LaLocation ou le Partage de voitures ou de Différents Équipements répond à la préoccupation d’efficacité, que l’on appelle parfois économie de fonctionnalité. Accès au service par l’Usage, plutôt que par la propriété. L'Auto en libre service, conçue spécifiquement pour cet usage, en est une illustration éclairante.
La diffusion de ces pratiques se fait progressivement, avec des transferts des milieux professionnels aux affaires personnelles, ou réciproquement. L’auto partage a été imaginé pour les particuliers, et voilà qu’on le reproduit dans les Entreprises. Un loueur longue durée, Alphabet, filiale d’un constructeur automobile allemand, vient de lancer(1) un nouveau service d’auto partage en entreprises, sous le nom d’AlphaCity. Les voitures sont conçues et équipées pour un usage partagé, avec des instruments télématiques et d’autres outils nécessaires directement dans le Cerveau du véhicule. Chacun peut réserver un véhicule en quelques clics sur l’intranet de son entreprise. Le badge de l’entreprise fait office de clé. L’état des lieux du véhicule est réalisé par le conducteur, rapidement également, avec l’ordinateur de bord qui permet au conducteur de le faire rapidement. Un Centre d’appel est disponible en cas de problèmes. Dans beaucoup d’entreprises, les voitures sont déjà partagées, mais la technique offre aujourd’hui des facilités pour organiser au mieux ce partage et assurer la meilleure gestion du parc. Imaginée pour les parcs d’entreprises, on peut penser que ces innovations technologiques seront rapidement étendues aux particuliers, dans le cadre d’associations d’auto-partage notamment.
Après la voiture objet personnel de positionnement social, voilà des voitures conçues pour le partage, un vrai changement d’attitude, pour ne pas dire de culture. L’automobile provoque aussi d’autres hybridations entre secteurs professionnels et domaines privés : le site Internet mavoiturealouer.com permet aux particuliers de louer leurs voitures quand ils n’en ont pas l’usage. Une autre manière de « partager » les voitures, qui deviennent ainsi de simples instruments de mobilité. Il était temps !
Autre illustration de conception pour de nouveaux usages, pour un habitat partagé cette fois-ci. C’est le concept Bihome®, testé actuellement à Lyon par Icade(2). Des appartements à géométrie variable, pourrait-on dire, mais sans qu’il soit nécessaire de pousser les Murs. Des espaces de vie indépendants qui peuvent être rajoutés aux appartements principaux en fonction des besoins. ! On parle de « co-logement », dont le besoin est provoqué de multiples manières : maintien tardif d’un jeune, accueil d’une fille au pair ou d’un auxiliaire de vie, rapprochement d’un parent âgé ou handicapé, besoin d’un espace de Travail indépendant, etc.
Après le co-voiturage et ses déclinaisons, voici donc venir le co-logement. Une nouvelle culture, qui adapte à notre époque d’anciennes pratiques de prêt et de mutualisation. Il ya aussi les co-machines à laver et autres équipements. L’efficacité est en marche, avec des produits conçus dès leur fabrication pour de tels usages.
1 - Le 12 juin 2012
2 - Source : LE MONITEUR.FR, 31 mai 2012
Chronique mise en ligne le 16 juillet 2012
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